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Mostafa Jelti : “Le rugby algérien remplit presque tous les critères”

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En visite en Algérie la semaine dernière pour faire un état des lieux de l’avancement du rugby sur le territoire algérien l’officier marocain du développement régional de Rugby Afrique a livré un premier constat très favorable sur les travaux entrepris pas la jeune Fédération algérienne de rugby. Un entretien riche en enseignement accordé à nos confrères d’El Watan.

Après une longue carrière en tant que joueur et aussi en tant que technicien, le Marocain Mostafa Jelti est actuellement officier du développement régional (zone nord) de Rugby Afrique. Il a passé quelques jours en Algérie à l’invitation de la Fédération algérienne de rugby. Il est explique, dans cet entretien, les raisons de son séjour.

– Peut-on savoir dans quel cadre s’inscrit votre séjour en Algérie ?

L’objet de ma visite est de faire un rapport sur le rugby algérien tel qu’il a été décrit par la nouvelle Fédération algérienne de rugby. Vous n’êtes pas sans savoir que cette dernière a demandé son adhésion à Rugby Afrique et il y a certains critères à remplir pour cela. C’est ce qui explique ma visite en Algérie.

J’ai assisté samedi dernier à un tournoi national à Aïn Defla, qui m’a beaucoup plu, où j’ai pu voir des jeunes et des moins jeunes jouer, et aussi des filles. Il avait beaucoup d’engouement. J’ai également tenu une réunion avec le bureau fédéral de la Fédération algérienne de rugby. J’ai essayé, à cette occasion, d’expliquer un peu ce qui était attendu d’elle, mais j’ai aussi voulu connaître les attentes de cette structure vis-à-vis de la tutelle internationale.

rugby jelti mjs

Lundi, j’ai eu également une entrevue avec le secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des Sports. Nous avons eu une discussion à bâtons rompus sur le rugby. Je me suis également rendu au Comité olympique algérien où j’ai eu une entrevue avec le secrétaire général du COA avant de rencontrer Mme Gueddouche. Ce je peux dire c’est que j’ai senti, à travers toutes les discussions que j’ai eues, une réelle volonté et un investissement total des autorités afin de donner au rugby algérien l’aide qu’il faut afin de pouvoir décoller.

– Quels sont les critères essentiels pour qu’un pays puisse intégrer la structure de Rugby Afrique ?

Il faut savoir que le rugby algérien remplit presque tous les critères : la création d’une fédération, c’est déjà fait ; la validation de la Fédération par le COA et les instances nationales, il n’y a aucun problème, puisque j’ai eu tous les papiers qu’il faut. Il y a juste un petit problème. Généralement quand une Fédération est créée, il faut attendre deux ans pour rejoindre le gotha africain. Par ailleurs, les instances internationales obligent toutes les Fédérations à avoir un championnat local.

Pour l’Algérie, ce n’est pas un problème du moment que celui-ci a démarré. Maintenant, pour ce qui est de l’adhésion, en décembre prochain, la Fédération algérienne aura une année. Je pense — et je le mettrai dans mon rapport — qu’on pourrait faire une exception et donner à l’Algérie la possibilité de rejoindre Rugby Afrique rapidement afin de commencer à disputer des compétitions internationales. Mais, je précise que je reste un technicien. Ce sont les élus africains qui prendront une telle décision.

rugby fille msila

– De par votre riche expérience, quels sont les conseils que vous pourriez prodiguer aux responsables du rugby algérien afin que cette discipline aille de l’avant ?

Demain, si l’Algérie est introduite dans le contexte africain, elle fera partie des dix meilleures nations du continent. Car, aujourd’hui, il est clair qu’il y a un vivier à l’étranger, notamment en France. Cela pourrait permettre à l’Algérie d’avoir une équipe performante. Maintenant, il y le volet du championnat national.

Je dis que c’est bien de ramener des joueurs comme le font la Tunisie, le Maroc et même l’Afrique du Sud, toutefois, pour une bonne promotion de cette discipline au niveau national d’abord, il faut miser sur le championnat local. Je sais que l’Algérie compte 40 millions d’habitants dont 8 à 9 millions d’enfants scolarisés. C’est un vivier extraordinaire. La population est très jeune aussi. Ce qui fait que si le rugby est bien lancé ici, il fera très mal dans le sens positif du terme. Mais il faudra obligatoirement passer par cette structure nationale.

– Pouvez-nous parler de l’expérience marocaine en la matière ?

Le rugby marocain a maintenant presque un siècle d’existence. Les premiers clubs ont été crées au début du XXe siècle. A l’indépendance du Maroc, en 1956, il y a eu le départ des Français et t c’est là que l’on a «marocanisé», comme on dit, le rugby en prenant les rênes de la gestion. La Fédération a été créée en 1956. Et je peux dire que le Maroc a été performant jusqu’au début des années 2000, car il avait intégré le championnat européen.

Comme il n’y avait du championnat africain, le Maroc a été accepté dans la compétition européenne. Le Maroc se positionnait souvent entre la sixième la septième place avec des joueurs qui évoluaient régulièrement en France. En 2006, avec la création de Rugby Afrique —qui s’appelait la Confédération africaine de rugby — le Maroc et la Tunisie ont été un peu pénalisés. Il faut savoir qu’à l’époque, il n’y avait pas de pays comme le Mali, le Sénégal, le Nigeria ou la Côte d’Ivoire.

rugby sahraoui stade oranais

Donc pour jouer face à la Namibie ou au Zimbabwe, il fallait faire tout un périple onéreux. Mais cela s’est structuré, par la suite, avec l’apparition de différentes zones. Aujourd’hui, des nations ont réussi à émerger, à l’instar du Kenya. C’est vous dire que cette discipline progresse vite en Afrique. Dans le rugby à sept, le Kenya est aujourd’hui dans le top 6 et top 8 mondial. Moi, je dis que ce pays peut même décrocher une médaille à Rio, l’été prochain.

Pour revenir à votre question, aujourd’hui on entend pas parler beaucoup du Maroc. L’équipe traverse un passage à vide comme c’est le cas d’ailleurs de la Tunisie. Néanmoins, j’estime que ces deux nations vont se reprendre très vite, cette année, voire l’année prochaine. Par ailleurs, il faut savoir que ces deux pays sont qualifiés dans le rugby à sept à la dernière étape de repêchage pour la qualification aux Jeux olympiques, qui aura lieu à Monaco, le 19 juin.

– Les Algériens rêvent du Japon 2019. Comment se dérouleront les qualifications pour la zone Afrique ?

Je pense que le programme n’a pas été mis en place, mais les qualifications vont certainement commencer à partir de 2017. Elles devraient se dérouler selon le principe de zones. On passera ensuite à des interzones et intersecteurs, puis il y aura une finale. L’Afrique du Sud est déjà qualifiée, elle a été classé troisième lors de la dernière Coupe du monde.

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Maintenant, les autres pays ont droit à une deuxième place directe. Le premier pays africain passe directement et le deuxième, celui qui jouera la finale, va livrer un match de repêchage lors d’un tournoi qui devrait avoir lieu contre des équipes de la zone Amérique latine ou de la zone européenne. C’est le principe qui avait été retenu lors de la Coupe du monde 2015. Je pense qu’on va reconduire la même formule pour le prochain Mondial.

– Autre chose à ajouter…

Je souhaite beaucoup de succès au rugby algérien, qui doit monter dans le wagon africain. Et pourquoi pas une finale africaine entre les deux pays frères, l’Algérie et le Maroc, en aller et retour ?

Entretien réalisé par Farouk Bouamama

pour le quotidien El Watan

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