Mercredi, pour donner la réplique au Burkina Faso pour le compte des éliminatoires de la Coupe du Monde Qatar 2022 dans leur deuxième journée, Djamel Belmadi a concocté ce qu’il pensait être le meilleur onze. Si la composante humaine a changé dans une seconde période compliquée, le schéma de jeu n’a jamais semblé flexible pour rééquilibrer un bloc défaillant. Pourtant, il y avait de quoi faire sur le banc afin de procéder à ce qui semblait être un crucial et possible réajustement.
Face aux Etalons, on a ressenti que le driver de l’EN était à court d’idées. Des changements poste pour poste au moment où les Verts basculaient dans le rouge footballistique. Il n’y a pas plus frustrant que de voir son système mis en place être déjoué. Après une première période dans laquelle ils ont dominé l’adversaire tout en ayant des opportunités pour aggraver la marque, les camarades d’Islam Slimani ont flanché après le retour des vestiaires.
La blessure de Bensebaïni et le souci aux adducteurs de Feghouli ont contraint le coach à les changer. La sortie de ces deux éléments n’a fait qu’accentuer le dérèglement tactique. On pensait alors que Belmadi allait replacer ses pions sur le jardin du Grand stade de Marrakech. Surtout qu’il avait échangé avec Mahrez sur le bord du terrain.
Des recours de qualité non-exploités
On a attendu qu’El-Khadra reprenne l’ascendant sur les Burkinabés. Désespérément. Avec un Bennacer qui accusait le coup dans le cœur du jeu, un Belkebla qui était sur le terrain sans rôle clair en plus d’être particulièrement coupable sur l’égalisation adverse et un Zerrouki, certes généreux et efficace dans certains registres, qui n’a pas donné de la profondeur au jeu, c’était compliqué.
Et quand l’entraîneur préfère garder un cadre comme Bennacer, bien qu’émoussé pour finir les 90 minutes, et ne même pas donner ne serait-ce qu’un quart d’heure pour un Boudaoui en confiance après ses prestations en club, on ne comprend pas trop. Et que le Niçois sache que le Milanais a joué l’intégralité de la rencontre alors qu’il était diminué, que devrait-il ressentir ? Que pensera-t-il de son utilité ? Frustrant.
Par ailleurs, Riyad Mahrez, passé à côté de ses pompes pour ce rendez-vous, a été laissé sur la pelouse alors qu’un Rachid Ghezzal aurait pu stimuler un couloir droit franchement moribond avec un Zeffane qui n’est pas réputé pour son apport offensif et un Mahrez très mal inspiré. Belmadi n’a pas fait de cadeau pour son capitaine qui n’était pas dans un grand soir. L’idéal était donc de le suppléer. Chose que l’ancien driver d’Al-Duhail SC (Qatar) n’a pas faite. Parallèlement, sur le flanc gauche, le remplacement de Bensebaïni et Belaïli par Khacef et Benrahma respectivement n’a pas franchement stimulé l’animation. Normal quand on sait que les suppléants n’ont jamais joué ensemble. Les automatismes n’étaient pas là. Et c’était normal et… visible.
Delort, même pas un plan « B »…
Quant à la substitution de Slimani par Bounedjah, elle n’a pas apporté ses fruits. Sachant que les Guerriers du Désert n’ont pas pu se procurer d’occasion franche en seconde période se montrant impuissants dans les 30 derniers mètres, on ne pouvait pas s’attendre à grand-chose. Surtout que l’attaquant d’Al-Sadd SC n’a pas paru inspiré dans ses déplacements. En témoigne son très mauvais appel à la 75e minute alors qu’il pouvait se présenter face à Koffi en démarrant de la ligne médiane.
Est-ce qu’un Delort aurait donné de l’impact physique et du peps à la ligne offensive ? On ne le saura jamais tant Belmadi à une hiérarchie à laquelle il semble s’en tenir en toutes circonstances. Une conviction qui frôle l’entêtement par moments. Pourtant, il a lui-même assuré vouloir maintenir le groupe mobilisé. Toutefois, quand on fait « tourner » dans un spectre relativement réduit, il sera difficile de ne garder l’attention des remplaçants qui peuvent se sentir devenir « coiffeurs » au fil du temps. Et ça, dans un vestiaire, ça peut être une bombe à retardement que les bons résultats désamorcent mais que les contretemps peuvent re-déclencher.
Quid de la flexibilité ?
Qu’on se le dise, il ne s’agit pas là de montrer son travail à l’artisan du sacre à la CAN-2019 mais de lui rappeler ses dires et le mettre devant la mise en pratique de ces derniers. Peut-être que même Belmadi s’est trop dispersé en marge de cette date FIFA de septembre en parlant de l’état de terrain de stade Mustapha Tchaker et autres sujets extra-techniques. Des sauts d’humeur qui ont, c’est une probabilité, affecté sa lucidité du coaching.
Il y de cela quelques jours, il avait déclaré que « La flexibilité et les différents systèmes, c’est une cartouche en plus, d’abord trouver un fond de jeu, un système, après quand on peut doubler, tripler, c’est clair que c’est une plus-value, et il faut avoir les joueurs pour ça. Je suis à ma 3e année ici, et il y a les moyens pour être plus fort et plus imprévisible, notamment avec les différents systèmes tactiques qu’on peut mettre en place.»
Mercredi soir, c’était monotone et rigide. On fait la fine bouche pour un point ramené de l’extérieur. Mais c’est Belmadi qui nous a habitués à la haute gastronomie. Le menu marocain était fade. Pourtant, il y avait de quoi bien l’assaisonner. En tout cas, ce n’est pas les ingrédients qui manquent pour retrouver de la succulence dès octobre.