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Quand Nasredrine Kraouche a rendu complètement fou Raymond Domenech !

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Kraouche Domenech

L’histoire se passe en 1999, jeune attaquant du FC Metz, Nasredine Kraouche fait ses débuts en Ligue 1 à seulement 19 ans. Sollicité conjointement par l’Équipe de France Espoirs dirigée par Raymond Domenech et par l’Algérie, le grand espoir du club messin fait un choix qui a alors défrayé la chronique et provoqué un séisme à la DTN française. Zoom et hommage aux joueurs binationaux qui ont effectué un véritable “choix du coeur” !

Il faut rendre à César ce qui appartient à César”. Contrairement à ce qu’a déclaré Djamel Belmadi, les nouveaux renforts de l’Algérie qui ont opté pour les Fennecs en laissant tomber une carrière en cours avec l’Equipe de France (Bouanani, Hadjam et Chaïbi) ne sont pas les premiers joueurs binationaux à avoir effectué ce choix très fort.

Dahleb, le précurseur

Sans parler des légendes de l’Équipe du FLN qui ont boycotté la Coupe du Monde 1958 en Suède pour rejoindre l’Algérie (Zitouni, Mekhloufi, Bentifour), dès les années 70′ un certain Mustapha Dahleb, qui avait joué avec les Juniors de l’Équipe de France, s’est naturellement tourné vers l’Algérie en décidant d’effectuer son service militaire au pays en septembre 1971. “C’était inconcevable qu’on joue pour l’Équipe de France à l’époque. C’était comme ça, c’était dans les règles de la famille, des amis. Jamais quelqu’un ne nous aurait vu porter le maillot de la France…C’était un choix naturel de jouer pour l’Algérie. Aucun copain de ma génération n’a choisi de jouer pour l’Équipe de France, on est tous parti pour l’Algérie…” nous expliquait Fethi Chebel, pré-sélectionné dans une liste de 40 joueurs français pour la Coupe du Monde 1978, et qui disputera une Coupe du Monde (en 1986) avec l’Algérie. Tout comme Nordine Kourichi, Karim Maroc ou Abdallah Medjadi-Liégeon. Durant cette époque, seuls deux joueurs porteront le maillot de l’Equipe de France A sans  pouvoir jouer avec l’Algérie: Farès Bousdira (1 sélection en 1976) et Omar Sahnoun (6 sélections en 1977-78). Le premier a reçu une convocation française d’ordre politique, étant le neveu de l’Historique Ferhat Abbas, alors que le second était un fils de harki.

Kraouche, l’onde de choc

Dans les années 90 quelques bi-nationaux porteront avec succès le maillot tricolore sans qu’il n’y ait de concurrence avec la FAF qui snobait à l’époque ce vivier. Patron de l’Équipe de France Espoirs de 1993 à 2004, Raymond Domenech dirigera des joueurs comme Zinédine Zidane, qui a débuté avec la France en U16 dès 1987 à l’AS Cannes, et le crack cannois Adel Boutobba de la génération Henry et Anelka (1997), mais aussi Brahim Hemdani (1998), Samir Beloufa et Camel Meriem (1999) et plus tard Mourad Meghni (2004). Lors de cette année 1999, un jeune attaquant très prometteur fait parler de lui du coté du FC Metz qui vient tout juste de terminer vice-Champion de France.

Natif de la région et issu du centre de formation lorrain, Nasredine Kraouche est lancé dans l’élite lors de la saison 1998-99 par Joël Muller alors qu’il n’a pas encore 19 ans. Au club depuis 1994 et international français U17 puis U18, Kraouche dispute 12 matchs de Ligue 1, participe à la Coupe de l’UEFA face à l’Etoile Rouge de Belgrade et termine finaliste de la Coupe de la Ligue. C’est tout naturellement que Raymond Domenech lui adresse une convocation pour rejoindre les Bleuets. Également appelé par l’Algérie pour les éliminatoires de la CAN 2000, le jeune Kraouche se retrouve alors face à son destin. «En fait, quasi au même moment, j’ai reçu une offre de l’équipe nationale algérienne et une convocation de l’équipe Espoirs de France, entraînée par Raymond Domenech! J’ai beaucoup réfléchi. D’un côté, l’équipe de France, c’est très prestigieux et ça peut vous ouvrir beaucoup de portes pour votre carrière. Mais j’étais réaliste: jamais je n’allais arriver en équipe A, alors qu’elle venait de gagner la Coupe du Monde 1998. Dès lors, j’ai laissé parler mon coeur en optant pour l’Algérie et je ne l’ai jamais regretté». A travers ce choix déroutant, Kraouche (38 sélections, 3 buts avec les Verts entre 1999 et 2005) a gagné le respect éternel de ses compatriotes en Algérie. Fou de rage, Raymond Domenech avait fustigé ce choix dans la presse française en exigeant des sanctions sévères contre le joueur qui sera finalement contraint de s’exiler en Belgique durant l’hiver 2000 sans jamais reporter le maillot grenat.

Boudebouz et Bentaleb, les jeunes Mondialistes 

En décembre 2001, le jeune Karim Ziani effectue ses premiers pas en Ligue 1 française sous les ordres d’Alain Perrin à l’ESTAC Troyes. Jamais passé par les sélections françaises et âgé de seulement 19 ans, il figure dans les radars de la FFF pour une convocation avec les U20 tricolores. Mais lors d’un petit reportage d’une chaine TV française sur son éclosion, il prend tout le monde à contre-pied en déclarant que son rêve était de jouer un jour pour… l’Algérie ! La DTN française tombe des nues et raye définitivement son nom. Le futur maestro des Verts (62 sélections, 5 buts) débutera sa belle aventure avec El Khadra en février 2003 face à la Belgique. Le public algérien ne l’aura jamais oublié.

Par la suite un autre joueur a également effectué un véritable “choix du coeur” en mettant volontairement fin à son aventure avec l’Equipe de France U19 pour rejoindre l’Algérie en 2010. Il s’agit de Ryad Boudebouz qui était considéré comme une véritable pépite du football français. L’envie de jouer une Coupe du Monde en 2010 a facilité ce choix que n’a pas osé faire Yacine Brahimi qui a accepté dans un premier temps puis décliné l’offre de Rabah Saadane de rejoindre les Verts en Afrique du Sud. L’ancien Rennais, sur pression de Gérard Houiller à la DTN et son club, a attendu la fin de son aventure avec les Bleuets pour rejoindre par défaut le navire algérien (comme Ghoulam, Taïder, Belfodil etc…).

Autre joueur qui a effectué un vrai choix, le grand espoir de Tottenham Nabil Bentaleb qui a abandonné l’Equipe de France U19 (1 sélection) et les avances de l’Angleterre pour rejoindre l’Algérie de Vahid Halilhodzic en 2014 avec là aussi un Mondial en ligne de mire. Petit prodige des Girondins de Bordeaux sollicité par des cadors européens, Adam Ounas a également très vite quitté la maison tricolore (2 sélections en U20) pour rejoindre très tôt l’Algérie par conviction.

Enfin, le dernier joueur qui a effectué un véritable choix de carrière internationale en faveur de l’Algérie n’est autre qu’Ismaël Bennacer. Membre régulier de la sélection française U18 puis U19 avec Théo Hernandez, Marcus Thuram ou Kylian M’Bappé, l’ancien joueur d’Arsenal aurait pu poursuivre tranquillement son cursus avec la FFF ou rejoindre le Maroc, mais il a décidé de répondre sans attendre à l’appel de l’Algérie dès 2016 à l’âge de 18 ans et quelques mois. Un choix sportif payant qui lui vaudra un amour inconditionnel du public algérien.

Ceci pour rappeler que les joueurs binationaux qui effectuent très tôt des choix de carrière courageux en faveur de l’Algérie subissent souvent des mésaventures durant leur carrière sportive tant le choix de l’Algérie n’est pas le plus simple. Belmadi et la FAF devront donc impérativement protéger ces jeunes pépites Bouanani, Hadjam ou encore Chaïbi qui ont écouté leur coeur sans poser aucune condition.

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