Cette fois, l’accusation ne vient pas d’une tierce personne ni de ce qu’ils pourraient qualifier de plume zélée. Elle vient d’un haut responsable qui a côtoyé le président de la CAF, et qui est au fait des arcanes de l’instance africaine, lui qui avait l’accès aux coulisses de ce pouvoir. Le président de la Fédération sénégalaise de football, Augustin Senghor, tire à boulets rouges sur la Confédération africaine de football, son président, Patrice Motsepe, et le Maroc, qu’il accuse de dicter sa loi à l’ensemble du continent.
En effet, l’ancien premier vice-président de la CAF et acteur central de ses rouages durant plusieurs années, Augustin Senghor a vivement critiqué le Maroc et ses agissements douteux au sein de la CAF lors de sa sortie médiatique ce mardi au micro de la chaine locale 2STV. Évincé du Conseil de la FIFA, suite aux élections du 12 mars dernier — avec à peine 13 voix sur 53 — le patron du football sénégalais pointe du doigt un système douteux et verrouillé, dans lequel le Royaume chérifien, avec la complicité et le laisser-faire de la CAF, impose désormais sa volonté sans partage.
Le Président de la Fédération Sénégalaise Football , Augustin Senghor se livre et accuse !
🎥 #2STV pic.twitter.com/mwVFp5gaDz— Lassana Camara (@mauritaniefoot) April 14, 2025
« Lekjaa n’est pas un dirigeant fort, c’est la CAF qui a jeté le continent dans les bras du Maroc »
Plus qu’un simple règlement de comptes après des élections perdues, la prise de parole d’Augustin Senghor révèle un malaise profond au sein des instances du football africain. Dans un entretien télévisé sur la chaîne sénégalaise, Senghor a directement accusé la CAF d’avoir permis une instauration d’une domination écrasante par le Maroc, et sa Fédération de football (FRMF), pilotée par Fouzi Lekjaa, sur les instances africaines. Un président qu’il estime ne pas être fort, hormis d’autres considérations.
« Le Maroc a su imposer une position incontournable au sein de la Confédération », affirme Senghor, mettant en avant une question de principes tout en déballant, sans détours, son sac. « Fouzi Lekjaa n’est pas un dirigeant fort, c’est la CAF qui a jeté les fédérations africaines dans les bras du Maroc. Et je refuse de m’y soumettre », tranche-t-il. Le président de la FSF dénonce des pratiques douteuses du Maroc qui entachent la crédibilité des compétitions africaines. Il cite notamment le cas du Niger, contraint d’accueillir le Maroc… au Maroc, faute de stade homologué. Une situation que Senghor juge profondément inéquitable.
« Le Niger qui reçoit le Maroc… au Maroc, et en étant pris en charge sur place ? Ça pose un vrai problème d’éthique ». Une remarque de la part d’un haut responsable qui réanime les débats : À quand remonte le dernier déplacement de la sélection marocaine ? La réponse nécessitera une recherche avancée pour qu’elle soit trouvée…
CAF / Senghor : la fracture est consommée
Derrière ses critiques, c’est toute une politique de gestion du football africain que Senghor remet en cause. Ainsi, l’ancien bras droit de Motsepe, qui assure qu’il ne parle pas par opportunisme, s’est interrogé sur la direction prise par la CAF, aujourd’hui accusée de privilégier une logique d’alliances politiques au détriment de l’équité et de la diversité continentale, outre « l’hégémonie régionale » qui se ferait au détriment de l’équilibre géographique et linguistique du continent.
Il déplore donc une représentativité déséquilibrée au sein de la FIFA, où la majorité des sièges africains seraient aujourd’hui monopolisés par des fédérations issues du monde arabe, au détriment des régions francophones et anglophones. « Est-ce normal que 10 % du continent représentent la totalité de l’Afrique ? Il n’y a qu’un seul membre francophone, un seul anglophone, et tout le reste vient d’Afrique du Nord », s’indigne-t-il, dans une pique à peine voilée, à l’adresse de Fouzi Lekjaa et Patrice Motsepe.
Il conclut en élargissant le débat : « Si certains veulent chasser la France ou l’Occident de l’Afrique, ils devraient commencer par faire le ménage à la CAF ».
Ce gars-là, tout le monde sait qu’il est contre le Maroc. Il montre clairement qu’il roule pour l’Algérie dans tous ses discours et ses moves. Depuis qu’il est à la tête de la fédé sénégalaise, il est collé à l’Algérie. … pic.twitter.com/5okzcEC9BA
— SMOQL سموقل المغرب (@smoqlmaghrib) April 15, 2025
LIRE AUSSI : Après un an d’absence, Moslim Anatouf est enfin de retour