Dans la suite logique de son parcours de formation et sélections de jeunes, Houssem Aouar a opté pour l’équipe de France. Un choix qui a eu un certain impact et une résonance. On ne peut pas traiter une personne de tous les qualificatifs au rabais et se convaincre qu’il est casé dans le compartiment de l’indifférence. Tous ces mots de haine, frappés du sceau de la ségrégation et la véhémence, ne peuvent enlever le talent pour un milieu d’excellence.
Le Lyonnais a tranché et a suivi sa volonté. On ne pouvait le contraindre ou le forcer. Encore moins l’accabler ou le déposséder d’une part de lui qui est son « algérianité ». Lui, c’est un binational. Et le supporteur d’Algérie a, encore une fois, manqué une belle occasion pour montrer qu’il n’était pas bicéphale. Les épreuves tirent des portraits à deux visages. Le premier arbore un sourire quand il obtient ce qu’il veut. Le deuxième affiche des sourcils froncés quand un « mi-compatriote » décide de porter le maillot français.
Il est ainsi un « harki », un « traître » ou un « vendu » avec une tête mise à prix. Une persona non grata parce qu’avec lui, il n’y a plus rien à gratter. Jouer ailleurs qu’à El-Khadra alimente les folles hostilités. Cela sonne comme une trahison suprême avec un jugement des plus virulents et extrêmes. Choisir entre les origines et la terre où l’on a grandi reste un sacré dilemme.
La double-nationalité était un fardeau à assumer. C’est comme choisir entre une mère biologique et un père présumé. C’est une question de ressenti qu’on ne peut pas lui enlever. Ceci n’obéit pas aux rapports médiatiques qui l’annoncent proche de l’équipe nationale sur la base du pressenti. La collision et la contradiction de ces deux émotions provoquent une sorte de ressentiment. Attitude qui révèle, clairement et malheureusement, que le mal est profond.
Ce qu’il faut savoir, c’est que cela reste un jeu auquel on semble, en raison de tout ce vide social et le manque d’ouverture sur l’universalité de ce sport, donner beaucoup trop d’importance. Des considérations dénuées de sens. On est là à situer un nationalisme radical et distribuer des certificats d’appartenance. Au point de souhaiter que les carrières de ceux qui ont choisi une autre couleur que le vert soient d’un noir sombre. On leur trace déjà leur trajectoire croyant qu’on décide tout.
Mais, au fond, on ne décide de rien. Enfin, pour ceux qui en semblent persuadés, il y a ce karma de consolation comme les croisés de Nabil Fékir, le « un petit tour et puis s’en va » de Camel Meriem chez les Bleus ainsi que le Coronavirus et le risque accru de le choper. Concrètement, ni Aouar a perdu l’Algérie ni l’Algérie a perdu Aouar parce qu’on ne peut perdre ce qu’on n’a jamais possédé. Le milieu de terrain de 22 ans sait d’où il vient. Et sait surtout où il va. Il vit pleinement sa vie. Le reste, c’est des discours vides.