L’ancien arrière gauche de l’ES Sétif a fait parler de lui cet été. Aïssa Boudechicha (19 ans) jeune pépite algérienne récemment transféré aux Girondins de Bordeaux s’est livré en exclusivité pour La Gazette du Fennec. Avec beaucoup de sympathie, l’international espoir algérien s’est exprimé sur son arrivée en France, ses objectifs cette saison, ainsi que son rêve d’intégrer la sélection A de Djamel Belmadi.
En quelques mots qui est Aïssa Boudechicha ?
Je suis né à Medjana dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj. J’ai commencé ma carrière dans le club de ma commune OBM Medjana avant d’intégrer le Chabab Bordj Bou Arreridj où j’ai passé 7 ans. J’ai souvent été sélectionné en équipe nationale ”jeunes” durant ces 7 années au CABBA avant d’être transféré à l’Entente de Sétif.
Vous venez d’arriver au Girondins de Bordeaux. Quelles sont vos premières impressions ?
Je suis très content d’avoir rejoint les Girondins de Bordeaux, c’est un grand un club français qui donne beaucoup de chance aux jeunes joueurs. Je me suis très vite intégré grâce au staff, aux joueurs étrangers et algériens à l’instar de Hamoudi, Tafi, Zerkine, et je suis très attaché à Walid Gharnout qui s’exprime très bien en arabe.
“J’ai commencé à jouer au football depuis mon jeune âge … le football c’est tout pour moi”
On va un peu revenir à vos débuts Aissa, à quel âge avez-vous débuté votre carrière ? Est-ce un choix personnel ?
J’ai commencé très jeune, puis quand je suis arrivé senior j’ai décidé d’arrêter les études pour me consacrer entièrement à ma carrière. Le football c’est tout pour moi !
Vous êtes-vous dit que vous seriez professionnel un jour ?
Non, je ne me suis jamais dis que j’arriverais où je suis aujourd’hui. J’ai travaillé, c’était un objectif pour moi. C’est grâce à mes parents et au bon Dieu, je vais encore travailler dur pour atteindre mes objectifs fixés.
Comment avez-vous vécu votre première titularisation avec l’Entente de Sétif ?
C’était en match amical face à El-Eulma, j’ai ressenti beaucoup de pression. Quand l’entraîneur te dit que demain tu vas jouer, le soir tu ne dors pas tu penses uniquement à ce match. Mon premier match officiel était face au DRB Tadjenanet en championnat.
Quels souvenirs gardez-vous de votre ancien club ? Avez-vous un message à transmettre aux supporteurs l’Entente ?
Je remercie beaucoup les supporteurs de l’ES Sétif qui aiment et qui encouragent toujours les jeunes joueurs. Les supporters sétifiens sont particuliers en ce sens qu’il aiment voir des jeunes sortir et évoluer en équipe première.
Vous avez rejoint les Girondins de Bordeaux cet été en prévenance de l’ESS. Comment se sont passés pour vous les dernières 24h avant la signature ?
J’étais très content, j’allais signer dans un grand club en France qui sait donner la chance aux jeunes joueurs. Mon manager Salah Bengougam m’a beaucoup conseillé.
” J’allais partir à Amiens en janvier, je n’ai pas eu mon visa … j’ai reçu deux offres une du CRB et l’autre de Bordeaux, je n’ai pas hésité à choisir les Girondins.’‘
Comment se sont passés les premiers pourparlers avec le club ?
Les premiers pourparlers ont commencé cet été. En fait je devais partir à Amiens en janvier dernier pour passer les tests avec ce club mais je n’ai pas eu mon visa par deux fois. Dès que j’ai reçu l’offre de Bordeaux je n’ai pas hésité et j’ai essayé de rejoindre absolument ce club. Je n’ai même pas regardé ce que le club me proposait, seul l’aspect sportif m’a intéressé. L’argent ne m’importe pas plus que la réussite dans ma carrière.
Vous avez également trouvé quelques difficultés pour l’octroi du visa. Comment avez-vous vécu cela ? Quelle était la réaction de Aissa Boudechicha au moment où ils lui ont annoncé qu’il avait eu son visa d’entrée en France ?
Je n’étais pas chaud, surtout après les deux refus essuyés en janvier mais finalement j’ai décidé de refaire un nouveau dossier avec le motif du contrat de Bordeaux. Il n s’agissait pas d’un simple essai mais directement d’un contrat de travail. Malgré cela, dans un premier temps la réponse n’avait pas changé avec un nouveau refus. J’étais dépité et complètement démoralisé. Je savais qu’en continuant en Algérie cette année après cette opportunité de contrat en France je n’allais pas réussir.
Comment s’est passé votre intégration avec les Girondins de Bordeaux ?
Le staff et les joueurs m’ont beaucoup aidé et l’entraîneur de la réserve Manu Giudicelli m’a mis en confiance.
Il y a 3 joueurs algériens à Bordeaux (Adli, Rahou en pro et Medioub en réserve), avez-vous échangé avec l’un d’entre eux ?
Avec Medioub on partage la même chambre, nous sommes toujours ensemble. Pour Rahou je l’ai déjà croisé une fois c’est tout.
Vous allez évoluer dans un premier temps avec la réserve, avant d’espérer rejoindre l’équipe première. Quels sont vos objectifs pour cette saison ?
Dans un premier temps je dois m’affirmer et devenir titulaire en réserve, tout en progressant et en me donnant à 200% pour peut être jouer en pro dès cette année.
Avez-vous un joueur dont vous voudrez vous inspirer pour réussir en France ?
Je dirais Atal et Bensebaini. C’est deux joueurs issus du championnat algérien et qui ont réussis en France, je dois avoir moi aussi cette grinta, je veux réussir.
Quel est votre joueur modèle dans le monde du football ?
J’adore Marcelo.
Si vous n’étiez pas footballeur, quel métier vous aurait le plus inspiré ?
Je dirais professeur de français (rires), parce que j’aimais bien mon ancien maître de français.
Quel est la phrase que vous vous dites avant le début de chaque match ? Avez-vous une phrase qui vous fait avancer ?
Je prie le bon Dieu.
Avec qui vit Boudechicha à Bordeaux. Ne se sent-il pas dépaysé ?
Non, mais des fois ça m’arrive de penser à mes parents, mais je me suis préparé à ça avant de venir. Je me suis fixé des objectifs qui sont de réussir et de représenter ma ville natale et mon pays. Je suis à la recherche en ce moment d’un appartement proche du centre j’espère en trouver.
A 19 ans vous avez rejoint un très bon club comme les Girondins de Bordeaux, avez-vous un message à adresser aux jeunes pépites comme vous en Algérie ?
Travailler dur, croire en ses rêves, ne rien lâcher, écouter ses parents et avec l’aide du bon Dieu on peut réussir.
“Je veux croiser Boudaoui en Ligue 1, j’ai déjà évolué avec lui en sélection U19 et U23”
Les Algériens sont nombreux cette saison en Ligue 1, vous affronterez peut-être l’un d’entre eux, avez-vous un joueur spécial que vous voudriez affronter ?
Hichem Boudaoui, Youcef Atal et Adam Ounas. Boudaoui je le connais car j’ai évolué avec lui en équipe nationale U19 et U23. Ounas et Atal je ne les ai jamais croisés.
Votre poste préférentiel est arrière gauche, hormis ce poste, avez-vous un second placement où vous aimeriez évoluer ?
Oui, milieu récupérateur et milieu axial.
On a vu un autre joueur pétri de talent signer cette saison en Ligue 1 en faveur de Nice, il s’agit justement de Hichem Boudaoui. Votre avis sur ce joueur ?
Tout le monde le connait, c’est un très bon joueur qui joue intelligemment et qui est très rapide sur le terrain.
Il a le même style que Kanté, n’êtes-vous pas d’accord ?
Oui, il ne s’arrête pas de courir, il occupe très bien le terrain, il est partout ! Je lui souhaite tout le meilleur avec son nouveau club, j’espère le voir en tant que titulaire avec son nouveau club de l’OGC Nice en compagnie d’Atal et d’Ounas.
Votre club préféré ? Real, Barca ?
Barça !
Un joueur que vous aimeriez évoluer à ses côtés ?
Riyad Mahrez !
Un entraîneur que vous aimeriez évoluer sous ses ordres ?
Pep Guardiola.
Une ville préférentiel en Algérie ? Pourquoi cette ville ?
Je dirais mon village (Medjana NDLR), c’est une petite commune paisible et calme où personne ne te dérange pour moi c’est un ressourcement, j’y vais chaque fin de saison pour me vider l’esprit.
”Les Verts m’ont fait vibrer en Égypte ! Jouer avec l’Équipe nationale est le rêve de ma mère et je travaillerais dur pour y arriver”
Vous avez été convoqué pour la première fois en équipe nationale U18 en juin 2018 par Boualem Charef, puis ce dernier a vu que vous aviez suffisamment de talent pour rejoindre les U23. Il a finalement décidé de vous convoquer face au Maroc en octobre 2018, comment avez-vous vécu cela ?
Monsieur Charef m’a beaucoup aidé en me mettant à l’aise, j’ai pu montrer mes qualités il m’a sélectionné moi et 7 autres joueurs des U19 pour participer aux Jeux Méditerranéens. Depuis, Boualem Charef a décidé de m’appeler en U23 j’ai joué presque tout les matches, j’ai pu exprimé toutes mes qualités et j’ai pu faire un bon match face au Maroc. Il m’a beaucoup aidé pour arriver là où je suis aujourd’hui.
L’équipe nationale dirigé par Ludovic Batelli a été éliminée de la CAN U23 par le Ghana. Le rêve de voir l’Algérie aux JO 2020 s’est évaporé, vos impressions ?
C’est le destin, après je pense que c’est dommage de rater la CAN et les JO en même temps.
Avez-vous attendu votre convocation ?
Non pas du tout, ça faisait quelques temps que je ne m’étais pas entraîné donc j’étais persuadé que je n’allais pas être convoqué.
Après votre signature à Bordeaux, on imagine que vous comptez vous affirmez pour faire partie un jour de l’équipe nationale A ?
Pourquoi pas, j’ai rejoint les Girondins de Bordeaux pour atteindre mes objectifs dont porter le maillot à deux étoiles, c’est le rêve de ma mère et je ferais pour y arriver.
L’Algérie est championne d’Afrique en titre. Comment avez-vous vécu ce triomphe ?
C’est très bien pour nous tous, pour le pays, le peuple et les joueurs. On a vu beaucoup de jeunes signer en Europe après ce sacre et pourquoi ne pas le réitérer en 2021 ?
Quel était votre ressenti après la victoire final ?
C’est un sentiment indescriptible de voir son pays sur le toit africain. Même étant joueur n’ayant jamais été convoqué chez les Verts j’étais autant content que les 23 héros ont ramené le trophée à la maison.
Avez-vous suivi le match en famille ou avec des amis ?
Je suis toujours les matches avec mes parents.
Êtes-vous sorti pour célébrer la victoire après le match ?
Bien-sur que oui, nous sommes sorti mon père et moi accompagnés de mes deux petits frères, nous avons fêté la victoire jusqu’à 2h du matin.
Dernière question Aissa, un pronostic pour la double confrontation des locaux face au Maroc ?
Qualification de l’Algérie.
>>L’entretien audio avec Aïssa Boudechicha en intégralité :
Yanni Abdelli, La Gazette du Fennec