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Al Fayha FC: Walid Charchari nous raconte sa succes story

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Charchari

Il fait partie des soldats de l’ombre dans un club de football. Il n’est pas entraîneur en chef ni joueur pour attirer les lumières. Mais son rôle reste important dans le foot moderne. Walid Charchari (38 ans) est un analyste de performances. C’est lui qui dissèque les adversaires pour trouver leurs points forts et faibles. Et si Al-Fayha FC a pu réussi un sacre historique en décrochant la Coupe du Roi en Arabie saoudite face au géant Al-Hilal, c’est parce qu’il a su décrypter le jeu du double-champion d’Asie en titre. Le natif de Salembier (El-Madania/Alger) nous raconte comment il a vu sa carrière décoller. Après des débuts au CR Belouizdad, il transite par l’ES Sétif, où il a connu Noureddine Zekri. Avec ce dernier, il part à l’aventure en Arabie saoudite pour finir par y triompher. Et son ambition ne s’arrête pas là.

LGDF: Tout d’abord félicitations pour le sacre inédit avec El Fayha FC en Coupe du Roi d’Arabie saoudite. Quel est votre sentiment ? Surtout que la victoire était face à Al-Hilal qui n’est autre que le double champion d’Asie en titre…

Charchari: Merci pour les félicitations. Je ne peux pas vous décrire mon feeling. Mais je peux vous dire que j’ai ressenti de la satisfaction en voyant nos supporteurs défiler avec nous lors de la parade vendredi. A ce moment-là, on comprend qu’on a réalisé quelque chose d’hors du commun et qu’on a écrit l’histoire d’une région. C’est une joie immense et sans limites.

En plus, et vous l’avez bien souligné, ce sacre c’était face à Al-Hilal. Avant cela, on avait éliminé L’Ittihad FC qui est leader du championnat et meilleure équipe au pays actuellement. Quand tu es sacré devant le champion d’Asie et un club qui a disputé la Coupe du Monde des clubs FIFA 2021 et qui compte 64 titres dans son palmarès, c’est une grosse performance. Ils ont 6 fois notre budget. C’est un grand d’Asie. Notre parcours aura été remarquable.

Charchari célébration

«  Au CRB, certains m’ont dit qu’ils ne voulaient plus de moi »

Avez-vous imaginé voir votre carrière de “performance analysis” décoller aussi rapidement ?

Ma carrière avait déjà décollé en Algérie. J’ai gagné la Coupe d’Algérie avec le CR Belouizdad du temps de Badou Zaki. J’étais déjà lancé. Mais, en venant ici en Arabie saoudite, je ne m’attendais pas à ce que je gagne aussi rapidement la Coupe du Roi avec une équipe de milieu de tableau. Ce n’était vraiment pas imaginable pour moi. C’est allé très vite. Mais j’ai débarqué ici avec beaucoup d’ambition car j’avais travaillé à l’Entente de Sétif et le CR Belouizdad en Algérie qui ne sont pas à présenter.

En débarquant ici, j’ai trouvé un club qui jouait pour le maintien. Il fallait mettre en place une mentalité de « winner ». Et c’est ce qu’on a fait avec l’ensemble du staff et des joueurs. On est devenu une équipe qui vise les trophées et on ne compte pas s’arrêter-là. On a connu la relégation en raison du Coronavirus. Mais on est remonté dans la foulée. Et pour notre retour parmi l’élite, on a gagné ce titre et on est 6e du championnat. Que demandez de plus ?

Charchari CRB Zekri

Pouvez-vous rappeler votre parcours à ceux qui ne vous connaissent pas ?

J’ai commencé avec le CR Belouizdad comme performance analyser avec Alain Michel. Après, le sacre en 2017 en Coupe d’Algérie. J’ai travaillé un peu avec Taoussi. Il était content de mon boulot. Mais il est parti à l’ES Sétif. Il a demandé après moi et il m’a dit qu’il lui fallait quelqu’un comme moi sans son staff. Après le rachat du CRB, on m’a informé qu’ils ne voulaient plus de moi dans l’équipe. Là, j’ai décidé de contacter Hassan Hammar et lui dire que j’étais OK pour rejoindre l’Entente. On a pu atteindre la demi-finale de la Ligue des Champions CAF avant de se faire sortir par Al-Ahly SC.

Zekri lui a donné l’opportunité d’exercer en Arabie saoudite

Dans la foulée, Taoussi est remercié. Zekri débarque. Moi, je ne le connaissais qu’à travers ce qu’on disait sur lui. Je ne m’attendais donc pas trop à ce qu’il me garde mais je lui ai fait l’analyse de l’USM Alger avant le déplacement à Bologhine. On est partis les battre là-bas. C’était leur première défaite à domicile. Il me dit ”je veux que tu restes”. Deux mois après, il reçoit une offre d’Arabie saoudite. C’était Al-Fayha FC. Et il me demande si je veux l’accompagner. Je n’ai pas hésité par deux fois et je n’ai même pas demandé de détails sur l’aspect financier. Tout s’est fait très vite.

Charchari Zekri

El Fayha FC était 15e et il restait 12 matchs à jouer. On a réussi à se maintenir. L’année après, Zekri est remercié. Du coup, je pars moi aussi. Mais deux mois après, le club me rappelle pour me dire qu’ils ont besoin de mes services. Je demande la permission de Zekri qui me dit d’y aller. Depuis, je suis là-bas. Je suis l’assistant de l’entraîneur Rasovic qui m’a permis de continuer après sa venue et je suis responsable du “scouting” en plus d’être conseiller du président Abdullah Abanmy que je remercie pour sa confiance.

Le championnat saoudien dans le  Top 10 mondial

Pour avoir exercé en Algérie avant de partir en Arabie saoudite, quelle évaluation faites-vous en comparant les deux football ? Même si on peut préalablement se douter qu’il y a un monde d’écart entre les deux niveaux…

Il y a un océan qui sépare les deux. Ici, les Autorités investissent dans le sport en général et le football en particulier. Ils ont une vision futuriste et c’est ce qui a fait que leur championnat soit devenu le meilleur en Asie. Et je peux vous dire sans avoir peur de me méprendre qu’on peut le classer parmi les 10 meilleurs championnats au monde. Et cela a un impact sur tous les clubs. Vingt ans en arrière, une équipe comme El-Fayha rêvait de jouer ne serait-ce qu’un quart de finale de la coupe.

Aujourd’hui, il est exigé que les joueurs étrangers (au nombre de 7) autorisés pour chaque club soit de qualité. Les résultats des Saoudiens en Ligue des Champions asiatique le prouvent. Excepté Al-Taawoun, les autres ont tous terminé leaders de leurs groupes. Même Al-Faisaly qui lutte pour le maintien. C’est pour situer le niveau. En Algérie, le foot se détériore de jour en jour. Mais peut-être que l’Etat a d’autres priorités. Les échos que j’ai ne sont pas rassurants avec un niveau en constante baisse. Pourtant, on a énormément de qualité technique. Les jeunes ont besoin d’être encadrés pour progresser.

Charchari

En Asie, le championnat saoudien a la cote. D’ailleurs, Al Hilal a pu décrocher les deux dernières Ligue des Champions AFC. Estimez-vous que l’Arabie saoudite soit un bon tremplin pour nos footballeurs ?

Clairement. Il y a les meilleurs entraîneurs, les meilleurs encadreurs. Que ce soit sur le plan administratif, technique ou celui médical, les moyens qu’il y a sont impressionnants. Il y a tout pour évoluer. Les Maghrébins viennent ici en masse. En deuxième division, il y a énormément de Tunisiens. Et en D1, il y a les Bendebka, Soudani, Zeghba et les autres sans oublier les Marocains comme Hamdellah et les autres.

La différence entre le championnat saoudien et qatari

On dit qu’en Arabie saoudite on travaille beaucoup plus l’aspect athlétique par rapport au Qatar. Confirmez-vous cela ?

La difficulté en Arabie saoudite c’est d’être au point sur le plan athlétique. Le pays est très grand avec des variations climatiques impressionnantes. En plein été, il peut faire frais à Abha, à Riyad, il fera chaud et sec alors que Djeddah il fait humide. A Demmam, on peut enregistre 80% de taux d’humidité. Il faut une capacité d’adaptation optimale. C’est pour cela qu’on travaille énormément cet aspect.

Le Qatar c’est plus petit. Ces dernières années, ils sont plus préoccupés par la sélection et la préparation de la Coupe du Monde. Toutefois, je dois souligner que le côté technico-tactique aussi bénéficie d’un grand intérêt ici. Nous par exemple, on compte un total de 200 heures d’analyse vidéo au minimum.

« En Arabie saoudite on investit sur toi et on te suit »

Charchari Trophée

Qu’est-ce que votre expérience en Arabie saoudite vous a-t-elle apporté et à quel moment vous aviez décidé d’y aller ?

Mon expérience saoudienne m’a appris beaucoup de choses. Il y des gens qui viennent de tous les pays, on y trouve de toutes les mentalités et cela fait que tu sois riche. On a des cycles de formation fréquents à l’AFC. J’ai l’AFC B à passer prochainement. Je devais la passer mais avec mes engagements, je n’ai pas eu le temps de le faire tellement je travaille sans arrêt.

Ici, on te forme, on investit sur toi et on te suit. Parce qu’ils savent que quand tu progresses, tu vas faire progresser leurs joueurs. C’est pour cela que si c’était à refaire, je referais cela un million de fois s’il le faut.

Ses ambitions pour le futur

C’est quoi vos prochains objectifs personnels ?

Bien évidemment. L’ambition ne manque pas. J’irais là où le destin m’emmènera parce que je crois à cela. Mais, sur le court terme, je compte terminer toutes mes licences et décrocher la A Pro Licence. Je veux aussi gagner plus de titre avec Al-Fayha ou un autre club. Cela dépendra du destin.

Comme pour les footballeurs, l’équipe nationale reste l’aboutissement suprême, espérez-vous intégrer le staff de l’équipe nationale dans les années à venir ?

Je mentirais si je dis que l’EN n’est pas mon rêve. C’est comme pour tous les sportifs. J’en rêve. Mon père Allah yerahmou en serait fier. Je travaille dur. Corps et âme pour progresser et y parvenir. Et tout est question destin. Je le laisse me guider comme je l’ai toujours fait.

Charchari

Un dernier mot pour nos lecteurs et ceux qui connaissent Charchari…

J’aimerais dédier ce succès à toute ma famille. Spécialement pour ma chère mère qui était présente dans les gradins et qui m’a toujours encouragé à aller de l’avant. Mon père n’est malheureusement plus là pour partager ces moments avec moi. Mais je lui dédie cet accomplissement. Vous remarquerez qu’il n’y a pas mes initiales sur mon maillot personnel. Je préfère mettre celles de mon père et de ma mère. Comme ça, ils sont toujours avec moi. J’espère que mon parcours inspirera d’autres, que cette consécration en appellera d’autres et que j’honorerai toujours mon pays.

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