C’est un champion au sourire radieux que nous avons rencontré lors d’un évènement interne organisé par une marque d’agroalimentaire à Alger il y a une semaine. Invité par le Groupe Bel pour un team building avec ses employés sur le thème de la motivation, Athmani Skander-Djamil arborait ses deux médailles et posait fièrement avec les siens. Parallèlement à son interview qu’il nous a accordée, nous avions échangé sur son parcours. Et il nous a raconté des anecdotes qui témoignent de tous les obstacles qu’il a bravés pour devenir champion paralympique à 29 ans. La plus édifiante était celle qui concernait les chaussures avec lesquelles il a remporté l’or du 400m T13 aux Jeux Paralympiques Tokyo 2020 en battant le record du monde.
Au-delà de ses performances remarquables, Athmani Skander-Djamil savait tout le poids qu’était de représenter l’Algérie dignement. Et il n’a pas lésiné sur les efforts pour faire entonner Kassaman à Tokyo (Japon). Mais ce n’était pas tout. L’image du pays allait au-delà de l’or qu’il lui a offert. « J’avais des chaussures un peu abimées dans lesquelles je me sentais bien quand je courais. Mais je ne pouvais pas me permettre de me présenter avec sur la piste devant les caméras de télévisions du monde entier pour qu’elles soient associées au drapeau de l’Algérie sur ma tenue », a indiqué le Constantinois.
Le vice-champion paralympique sur 100m T13 a aussi raconté qu’il a « pu avoir de nouvelles pointes grâce à mon (son) frère. Elles coûtaient l’équivalent de 25.000 DA. Quand j’ai dit ça à la télé, ce n’était par pour susciter de l’empathie. C’était plus pour mettre la lumière sur le manque des équipements de base. Un athlète paralympique préfère dépenser cette somme pour vivre plutôt que de la mettre dans des pointes.»
« Un Russe m’a dit que j’étais fou de les mettre »
Par ailleurs, celui qui a été médaillé de bronze aux Championnats d’Afrique 2014 des « valides » dans le relais 4x100m a insisté sur le fait qu’il pouvait probablement « décrocher l’or sur 100m. Mais je n’ai pas fait un bon départ. En partie, c’est dû au fait de ne pas disposer de starting-blocks lors de mes entraînements ». Cependant, sur le tour de piste qui lui a permis de monter sur la plus haute marche du podium et faire retentir l’hymne national dans le ciel tokyoïte, Athmani a pu gérer sa course et gagner avec aisance. Le tout avec des pointes de… fond.
En effet, lorsqu’il a posé devant le tableau avec son chrono de 46.70, synonyme de nouvelle référence mondiale, on a pu remarquer qu’il portait des pointes à la semelle épaisse. « Effectivement, je n’ai pas mis des pointes de sprint. Elles ont une semelle plus fine faite avec de carbone et une couche en mousse. Elles sont plus légères. Mais je me sentais bien dans les miennes. Un Russe m’a vu les chausser et m’a dit ‘’t’es fou de courir avec ça’’(Rires) ». Au final, la leçon est que la technologie d’un équipement ne pas remplacer l’abnégation et la détermination. Mais le fait de disposer de chaussures adéquates ne pourra qu’aider le double-médaillé paralympique à repousser, encore plus, ses limites.
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