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Bendjemil : « la diplomatie algérienne a pris en charge le dossier de la prochaine CAN au Maroc »

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Après avoir opté dans un premier temps (le 11 septembre 2021) pour un président intérimaire (Amrane Stambouli), le ministère de la jeunesse et des sports (MJS), Abderrezak Sebgag, a décidé d’installer un directoire à la tête de la Fédération algérienne de handball (FAHB). Et ce, en attendant que le dossier de l’ancien président élu, Habib Labane, suspendu à titre conservatoire, soit réglé. On lui reproche des irrégularités lors de son mandat précédent.

Ainsi, le ministre Sebgag a annoncé l’installation d’un directoire à la tête de la FAHB. Ce comité est composé de trois personnes: Abdelkrim Bendjemil, l’ancien maître à jouer du sept algérien champion d’Afrique cinq fois d’affilée (1981, 83, 85, 87 et 89), en est le président. Il est assisté par deux anciens présidents de l’instance à savoir Saïd Bouamra et Rachid Meskouri.

D’ailleurs, Bendjemil a donné une interview à la chaine d’informations algérienne AL24. Il y explique sa mission, donne ses points de vue sur la gestion du handball algérien, les prochaines échéances pour les équipes nationales et donne un aperçu du règlement des litiges financiers entre la fédération et les joueurs internationaux. En voici les extraits.

1/Présentation de Abdelkarim Bendjemil

Ancien joueur de l’équipe nationale des années 80, Mais aussi du MCO. J’ai arrêté ma carrière en 1997. En équipe nationale, j’ai joué lors de l’époque d’Aziz Derouaz. On a gagné 5 fois de suite la coupe d’Afrique des nations. J’ai aussi participé à deux coupes du monde, età deux olympiades. Ma grande fierté est d’avoir été le porte-drapeau de la délégation algérienne lors Jeux olympiques 84, de Los Angeles. Avec le MCO j’ai remporté plusieurs championnats ou coupes  l’Algérie, coupe arabe et une coupe africaine. J’ai aussi été élu meilleur handballeur  africain et arabe en 1987.

2/ Pourquoi Bendjemil n’a pas joué dans un autre club algérien que le MCO ?

‏Déjà à l’époque il y avait très peu de transfert d’un club à l’autre. De plus, pour moi il était impensable de jouer pour un autre club. C’était le MCO, c’est tout. J’étais un enfant du club, un porte-drapeau du club, il y avait certain amour du club, des couleurs d’Oran. Il était impensable pour moi de jouer ailleurs. Quand j’ai pensé à changer de club, c’était pour jouer à l’étranger.

3/ Vous avez joué pendant 10 ans en équipe nationale avec les mêmes envies et le même niveau, quel est le secret de cela ?

J’ai aussi joué pendant 10 ans en club à l’étranger, soit au Qatar soit en France, avec la même envie et le même niveau qu’en équipe nationale. Il n’y a pas vraiment de secret seul le travail compte. J’ai toujours été sérieux, j’ai toujours été travailleur, j’ai toujours fait attention à mon hygiène de vie. De plus j’ai eu l’honneur d’avoir été entraîné par des entraîneurs de renommée mondiale : Aziz Derouaz en équipe nationale, cheikh Boukhobza à Oran ou Claude Onesta en France. Tous ces ingrédients ont fait que j’ai eu une longue carrière, jusqu’à l’âge de 36 ans, et tout s’est bien passé.

4/ Aujourd’hui vous êtes le responsable du directoire qui gère le handball algérien. Comment se passe cette gestion ?

Cela fait un mois que je suis à ce poste. Cela fait un mois que j’analyse avec mes collègues ce qui s’est passé dans cette fédération. Il y a beaucoup de choses à revoir, qui se sont mal passés. Je ne suis pas là pour régler mes comptes avec qui que ce soit. Mais il y a des choses à régler. Il y a donc la préparation des prochaines élections qui auront lieu dans 2 mois, et avant de préparer ses élections, On doit revoir les statuts de la fédération car ils ont été changés illégalement. Nous avons donc assaini ses statuts.

De plus il y a tout le fonctionnement quotidien de la fédération qu’il faut continuer à assurer. Nous avons commencé par la Supercoupe d’Algérie qui s’est très bien déroulée à Oran où nous avons collaboré avec le comité d’organisation des jeux méditerranéens.

Aujourd’hui il y a d’autres points à régler avant les élections.

5/ Est-ce que le directoire a les pleins pouvoirs ?

Le Ministre de la jeunesse et des sports nous a donné tous les pouvoirs. Par contre il nous a donné seulement deux mois pour régler les problèmes. Ce qui est très, très peu. Les problèmes qui se sont accumulés en quatre ans, on ne peut pas les régler en deux mois. Par exemple dans la gestion de la fédération, j’aimerais bien reprendre les préparations, le plus tôt possible, des équipes nationales aussi bien masculines que féminines. Mais dans quelles conditions ? Il faut recruter des entraîneurs dans toutes les catégories, il faut un programme de préparation. Mais cela sont des envies personnelles, rien d’autre car toutes les décisions prises sont en discussion avec le ministère.  Il faut savoir que toutes les décisions prises par l’ancien bureau sont caducs parce que le plus souvent illégales. Beaucoup de décisions ont été prises sans passer par l’assemblée générale, comme le changement de formule et de la composante du championnat. Des décisions saugrenues ! Et aujourd’hui je ne peux pas démarrer le championnat dans ces conditions. il faut régler ces problèmes avant tout démarrage du championnat aussi bien en 1èrequ’en 2èmedivision.

6/ Pourquoi un sélectionneur n’a-t-il pas encore été nommé pour l’équipe nationale ?

Je ne peux pas aujourd’hui nommer un sélectionneur ou un staff technique alors que dans un mois il aura un président de fédération qui pourrait tout remettre en cause. C’est un point qu’on doit régler avec le ministre. Même si je comprends très bien le problème puisque cela fait deux ans que l’équipe nationale féminine n’a eu aucun stage. Les garçons n’ont pas été en préparation depuis le mois de mars. Même si c’est moins problématique pour les garçons car 80 % de la composante de l’équipe nationale masculine joue en Europe ou au Moyen-Orient. Ces joueurs-là continuent à jouer et à être compétitifs.

7/ La prolongation du délai du directoire pour plus de 60 jours est-elle possible ? servira-t-elle le handball algérien ?

C’est une solution aujourd’hui pour résoudre certains problèmes. Nous avons été nommés pour deux mois, un mois est déjà passé et il reste encore d’autres problèmes à régler. Il faut démarrer le championnat, et engager les équipes nationales. Il faut une discussion avec le ministère pour trouver des solutions. Effectivement la prolongation du délai du directoire est une des solutions.

8/ Beaucoup de personnes s’interrogent sur la participation au non de l’équipe nationale à la prochaine coupe d’Afrique qui se déroulera à Laâyoune l’occupée. Qu’en est-il ?

Ce n’est plus du ressort de la fédération. Je sais que la diplomatie algérienne, en collaboration avec le ministère des sports, a pris en charge ce dossier. De mon avis personnel, je ne pense pas que l’Algérie sera éliminée ou sanctionné. Je sais très bien que la diplomatie algérienne est très forte et qu’on n’arrivera pas à ce point-là. Elle est capable de trouver des solutions à ce problème. Pour elle, ce n’est pas un problème insoluble. Je suis très confiant du fait que ce problème va se résoudre très bientôt.

9/ L’Algérie a-t-elle encore le temps de trouver des solutions ?

Oui bien sûr il y a encore le temps. Au pire la coupe d’Afrique peut être décalée car nous sommes dans notre droit. La confédération africaine peut décaler ce championnat car elle a pris une décision qui ne convient pas. Elle a donné son accord à ce qu’un championnat d’Afrique se déroule au Sahara occidental, alors que ce n’est pas un territoire marocain. C’est impensable et impossible que le championnat d’Afrique se déroule dans ces villes. Des discussions sont entamées afin de trouver des solutions. Qu’ils fassent jouer cette coupe d’Afrique à Rabat, Casablanca, ou, où ils veulent,  mais pas dans les territoires occupés du Sahara occidental.

10/ N’est-il pas trop tard pour confirmer la participation ?

‏ Tant que je n’ai pas la réponse du ministère, je ne peux rien dire ou faire quelque chose. Tout ce que je sais, c’est que le dossier est très bien pris en charge par l’État algérien. Ce problème sera bientôt résolu et on aura toutes les réponses.

11/ Est-ce que l’équipe nationale gardera sa troisième place africaine si il y a participation ?

Je n’ai pas spécialement de crainte pour ça. La raison est, comme je l’ai dit plutôt, 80 % de la composante de l’équipe nationale joue à l’étranger.Ils sont compétitifs et capables de garder cette troisième place. Nous suivons aussi certains d’entre eux comme Abdi qui joue à Toulouse, un club que je connais bien car j’y ai joué dans le passé. J’ai de très bons rapports avec les dirigeants de ce club qui me disent que du bien sur ce joueur. D’autres joueurs s’entraînent et jouent des matchs importants et à très haut niveau. Je n’ai donc pas de crainte pour la troisième place.

12/ Vous vous attendez donc À la qualification de l’équipe nationale au prochain mondial ?

Oui je suis très confiant. Si on participe à cette CAN, je pense qu’il n’y aura aucun problème pour se qualifier au prochain mondial.

13/ Avez-vous réglé le problème de l’entraîneur français Alain Portes ?

Il y a eu une avancée dans le dossier d’Alain Portes. Normalement tout devrait se résoudre dans les prochains jours. Je l’ai eu au téléphone, on a discuté. On devait, se voir à Alger, y a de cela un mois, mais j’ai eu un imprévu et j’ai dû partir à Oran. À mon retour, il était déjà reparti en France. Là encore, le dossier est aux mains du ministère et tout devrait être résolu prochainement.

14/ Avez-vous résolu le litige financier avec les joueurs internationaux ?

La fédération vient de recevoir ses dotations financière, on est donc prêt à régulariser tous les joueurs qui étaient aux différents stages avec l’équipe nationale. La trésorerie pour ces joueurs existe maintenant.Ce que le ministère leurs a promis, ils vont le recevoir. Maintenant on doit juste voir qui était présent et qui ne l’était pas aux stages. Chaque joueur recevra son dû comme c’était prévu. Ce litige va être réglé.

15/ Que pensez-vous de la nomination de l’ancien ministre Aziz Derouaz à la présidence du comité d’organisation des jeux méditerranéen ?

Monsieur Aziz Derouaz a été ministre des sports. Il a toutes les compétences et l’expérience pour diriger ce comité. J’ai eu l’occasion de discuter avec lui à plusieurs reprises. Je n’ai aucun doute sur sa réussite et que les jeux se passent bien avec lui.

16/ Lors de ses jeux, les compétitions de handball ne se joueront pas au palais des sports. Qu’en pensez-vous ?

C’est quand même incroyable ! Quand on vient Oran, si on pense handball, on pense palais des sports. Ce lieu et ce sport sont très liés historiquement. Aujourd’hui les compétitions de handball féminines ou masculines sont prévues à Arzew. On va essayer de discuter avec le comité d’organisation pour les délocaliser au palais des sports qui a connu tant d’événements du handball algérien.

17/ Que pensez-vous de la participation des clubs algériens à la dernière coupe arabe des clubs ?

D’un point de vue voyage, la fédération leur a facilité tout ce qui est administratif afin qu’ils partent dans de bonnes conditions.

Pour les résultats, on ne peut pas leur demander d’avoir de grands résultats alors que cela fait 2 ans que les joueurs ne s’entraînent pas. Nous sommes un des seuls pays au monde où le sport c’est complètement arrêté à cause de la situation sanitaire. Mais c’est une bonne chose qu’elles ont repris à participer à des compétitions internationales.

18/ Quels conseils donneriez- vous aux handballeurs d’aujourd’hui ?

Les joueurs sont assez grands pour prendre leurs décisions seuls. Je n’ai pas vraiment de conseils à leur donner si ce n’est de recommencer à s’entraîner dur pour rattraper le retard, puisque maintenant tous les gymnases sont ouverts. Malgré tous les problèmes et les difficultés qu’il y a dans notre pays,  j’aimerais leur dire aussi, de  toujours mettre Algérie au-dessus de tout.

Fateh Le Coach, pour La Gazette Du Fennec

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