La loi des Bahamas a joué un rôle considérable pour permettre à l’équipe nationale, ainsi que d’autres sélections en Afrique, de connaître une poussé qualitative sur le plan footballistique. Cette dérogation, proposée par Mohamed Raouraoua, ancien président de la Fédération algérienne de football (FAF), est exploitée jusqu’à aujourd’hui. Des équipes comme la Tunisie, le Maroc ou encore le Sénégal en profitent pour se renforcer en vue de la Coupe du Monde 2022. Paradoxalement, l’Algérie peine à tirer profit de cette autorisation. Pourtant, il s’agit de venir jouer pour les champions d’Afrique désormais.
Pour la date FIFA de juin, les voisins Tunisiens ont pu attirer deux nouveaux internationaux qui jouent en Europe. Il s’agit d’Hannibal Mejbri (18 ans) et Amor Rekik (19 ans). Les deux évoluent pour des clubs de Premier League : Manchester United et Arsenal en l’occurrence. La Fédération tunisienne de football (FTF) a frappé un sérieux coup en s’assurant les services de deux jeunes qui ont du potentiel puisqu’ils sont pensionnaires chez des teams de renoms en PL. Vous devinez qu’on ne peut pas jouer dans ce genre d’écuries sans avoir un bagage footballistique considérable.
Bennacer, le dernier super coup de la FAF
Bien évidemment, cela n’est pas sans nous rappeler un certain Ismaël Bennacer qui est à ce jour la dernière bonne pioche de la FAF dans ce registre. Et ça date du temps de Mohamed Raouraoua qui l’avait chipé aux Marocains. A l’époque, il était réserviste chez les Gunners. Mais il a pu percer par la suite en passant par le Tours FC (D2 française) et Empoli (D2 italienne avec lequel il a été promu en Serie A) avant d’être transféré chez l’AC Milan.
Même en étant international algérien, cela ne l’a pas empêché de rejoindre un grand d’Europe pour 16 millions d’euros. Certes, le fait d’avoir brillé lors de la CAN-2019 avec le sacre continental et le titre de MVP du tournoi l’a aidé. Mais on peut clairement relever que la somme de son transfert n’est pas faramineuse par rapport aux prix du marché.
Aït Nouri, Gouiri, Cherki… des cibles inatteignables ?
On comprend donc que la nationalité sportive peut avoir un impact sur la cote et la carrière du footballeur. A moins de trouver un compromis financier avec les fédérations, les agents de joueurs peuvent insister auprès de leurs clients de patienter pour décider. Surtout quand il s’agit d’un joueur à fort potentiel.
On prend l’exemple avec Aït Nouri, Gouiri et Cherki qui font leurs classes dans les sélections jeunes de l’équipe de France. Le sélectionneur de l’Algérie, Djamel Belmadi, est intéressé par les profils des trois Bleuets. Toutefois, l’enthousiasme pour porter la tunique des Verts n’est, pour le moment, pas franchement palpable chez le trio. Aussi, la FAF ne semble pas présenter des arguments fiables pour convaincre Aït Nouri et ses semblables.
Surtout quand on sait que la structure footballistique du pays est caractérisée par une instabilité qui fait fuir. On y ajoutera l’image du foot national et le travail de fond pour la discipline qui ne répond pas vraiment aux normes. Si la Tunisie commence à prendre les devants pour détourner les internationaux à fort potentiel, c’est aussi parce que les clubs tunisiens laissent une bonne image sur le plan continental.
Vouloir n’est pas pouvoir pour Belmadi…
Sous l’ère Kheireddine Zetchi, boss sortant de la FAF, il y a eu le cas Houssem Aouar. Ce dernier a fini par opter pour l’EDF alors que le sélectionneur Djamel Belmadi a fait le pas pour lui montrer son intérêt. « Sur le dossier Aouar j’étais clair, j’ai expliqué, le travail a été fait. Les gens ne comprennent pas que nous avons tout fait mais je ne veux pas rentrer dans les détails. Quand un joueur intéresse le sélectionneur, c’est lui qui le sélectionne, il n’y a pas de nouvelle stratégie. Il y’a deux étapes, aller voir le joueur, puis sélectionner. On n’envoie pas une convocation sans changement de nationalité sportive », avait indiqué le driver de l’EN.
Le coach d’El-khadra avait aussi noté que « pour ramener Gouiri, Ait Nouri ou Cherki, il faut qu’ils prennent une feuille et aillent changer de nationalité sportive. Personne ne l’a fait. Si Aouar avait décidé de changer de nationalité sportive, je l’aurai mis sur ma tête. Ces jeunes comme Aouar adorent les réseaux sociaux, ce qu’on dit sur eux. Je sais qu’il va venir voir ce que je dis sur lui. J’ai travaillé en silence sur le dossier, pour ne pas le mettre en difficulté. Aouar avait tranché depuis très longtemps mais je n’allais pas le crier sur tous les toits, parce que ces joueurs ont des familles, on ne va pas les mettre en difficulté.»
Le sélectionneur ne peut pas tout faire
C’est clair, il n’est pas évident de “détourner” des internationaux à fort potentiel d’une sélection plus « huppée » qui assure une participation constante aux grands tournois. De surcroit, elle augmente l’attractivité sur le marché des transferts qui reste un terrain de jeu privilégié par les agents pour avoir des commissions. Les grosses sommes en jeu impliquent que les fédé se prennent à un jeu de « recrutement » avec des bonus financiers assez conséquents.
Aussi, on peut noter que Belmadi ne peut pas s’occuper de tous les aspects dans ce genre d’opération. Il est donc recommandé de désigner des personnes capables de convaincre ces joueurs comme cela se passe dans les différentes fédérations. Ce genre d’opérations n’est pas chose facile. En effet, il y a certaines garanties à présenter lorsqu’on s’attable avec le joueur et ses proches collaborateurs. Loin de la perception trop simpliste de l’appartenance et de l’attachement, on sait tous que l’amour du pays est relégué au second plan avec des choix de prestige espérés par le joueur et d’autres sur lesquels il se rabat par défaut.