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CAN 1980 : Algérie-Maroc (1-0), Belloumi crucifie les Marocains

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A partir de ce samedi 11 décembre 2021 et jusqu’au coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations Total Energies 2022 prévu le 9 janvier 2022 au Cameroun, La Gazette du Fennec vous donne rendez-vous les samedis et les mardis pour vous faire revivre quelques-uns des matchs qui ont marqué les esprits tout au long de la participation des Verts aux phases finales de la CAN.

Pour commencer cette saga, nous avons choisi un Algérie – Maroc, celui de la CAN-1980, histoire de vous donner un avant-goût du quart de finale de la Coupe arabe des nations de ce soir.

Les matchs de légende de la CAN

1980 : Algérie 1 – Maroc 0

90’+4, Belloumi crucifie les Marocains

La fiche technique :

Stade : Liberty Stadium Ibadan – Nigeria

Affluence : 20 000 spectateurs

Arbitres : Ali Dridi (Tunisie), Traoré (Mali) et Nassa (Côte d’Ivoire)

But : Lakhdar Belloumi (90’+4) Algérie

Avertissements : Cerbah (83’) (Algérie) ; Fillali (37’), Elbied (44’), Benzemmouri (70’) (Maroc)

Expulsion : Bouchkhachekh (75’) (Maroc)

Algérie : Cerbah, Merzekane, Kouici, Guendouz, Khedis, Mahyouz, Madjer, Fergani, Bensaoula, Belloumi, Assad / Remplaçants : Benmiloudi, Larbès, Ghrib, Guemri, Slimani, Derouaz, Harb / Entraîneur : Mahieddine Khalef

Maroc : Zaki, Bouchkhachekh, Hannoun, Benzemmouri, Limane, El Filali, Houmama, Bouderbala, Elbied, Daïdi, Jebran / Remplaçants : Loukhaïli, Timoumi, Tahir, Mouhou, Laâlou / Entraîneur : Yabram Hamidouch

Effectif algerien CAN 1980 drid belloumi merzekane

Le film du match :

5’ Sauvetage spectaculaire de Merzekane suite à une tentative de Jebran

21’ Suite à une passe lumineuse de Fergani, Assad pénètre à l’intérieur de la surface, mais n’arrive pas à cadrer son tir.

30’ Débordement de Elbied sur le flanc gauche suivi d’un tir stoppé par Cerbah.

36’ Cerbah, dans un grand jour, sauve un face-à-face avec Elbied.

41’ Bensaoula n’arrive pas à profiter d’une mésentente de la charnière centrale marocaine.

44’ Kouici victime d’une agression de Elbied qui n’écope que d’un carton jaune.

madjer belloumi marco algerie CAN 1980

50’ Khedis bien placé, annihile une attaque dangereuse des Marocains.

63’ Tir lointain de Bouderbala, mais Cerbah est au bon endroit pour capter avec assurance.

65’ Les Algériens réclament un penalty suite à une main de Limane, mais l’arbitre tunisien ne bronche pas.

75’ L’arrière droit Bouchkhachekh agresse Assad. Après consultation de ses deux assistants, l’arbitre expulse le défenseur marocain.

83’ Bousculé par Elbied, Cerbah riposte et prend un carton jaune.

87’ Contre rapide des Algériens, Madjer est à deux doigts d’ouvrir le score.

90’+4 Profitant d’une mésentente de la défense marocaine, Belloumi surgit de nulle part pour tromper Zaki. Les réclamations des Marocains ne changeront rien à la décision de l’arbitre d’accorder le but et de sifflet la fin de la rencontre.

Vestiaire apres Algerie Maroc 1980

La déclaration :

Mahieddine Khalef : « Au fur et à mesure, nous avons pris confiance »

« Nous avons entamé cette Coupe d’Afrique avec prudence, mais au fur et à mesure nous avons pris confiance en nous pour jouer notre football. Face au Ghana, nous aurions pu l’emporter si nous avions fait preuve d’efficacité notamment en deuxième mi-temps. On savait que le Maroc qu’on avait battu deux fois, n’était plus le même et voulait prendre sa revanche. Face à la Guinée, la blessure de Guendouz au moment où nous menions 3 à 0 a brouillé nos cartes. En gros, l’équipe a montré de belles choses durant ce premier tour surtout que le groupe d’Ibadan est largement supérieur à celui de Lagos. »

CAN 1980 NIGERIA

Potins :

A la veille du match Algérie – Maroc de la CAN-1980, deux joueurs marocains en sont arrivés aux mains, ce qui a contraint la FRMF de renvoyer l’un d’eux, Mustapha Sebbah au Maroc.

Les joueurs marocains auraient bénéficié d’une prime de 4000 dirhams marocains s’ils avaient battu l’Algérie.

Les Ghanéens ont accusé les Guinéens de s’être dopés. Ils ne pourront jamais le prouver puisque les contrôles anti-dopage commençaient à partir des demi-finales.

A la mi-temps du match Algérie – Maroc, Raykov, le co-entraîneur de l’équipe d’Algérie a lancé aux joueurs : « Ne lâchez rien jusqu’au bout, vous allez marquer à la dernière minute » Sa prophétie s’est avérée juste.

Apprenant la victoire de la JET (JSK) à El Asnam (Chlef), Ali Fergani n’a pas s’empêcher de dire en plaisantant : « Apparemment, on n’a plus besoin de nous ».

L’histoire :

La gifle qui fait du bien

Le 10 décembre 1979, le tout Maroc se réveillait groggy. Les supporters marocains n’arrivaient toujours pas à croire que leur équipe nationale, championne d’Afrique trois ans auparavant venait d’être balayée à domicile par l’Algérie dans une période de tension politique extrême entre les deux pays. Les gouvernants eux, n’ont pas attendu à prendre des décisions radicales en renvoyant leur illustre entraîneur, Just Fontaine et en envoyant à la retraite toute l’ossature de l’équipe nationale pour la remplacer par des jeunes joueurs qui brillaient en Botola. Mal leur en pris, puisque quelques jours plus tard, Belloumi et ses copains en remettront ça au match retour en s’imposant avec autorité 3 à 0.

Les Marocains continueront à y croire en présentant la même équipe jeune à la CAN-1980 avec un rêve dans un coin de leur tête : effacer coûte que coûte le 1-5 du 9 décembre 1979 qui leur a fait tant de mal. Malheureusement, en face il y avait une équipe algérienne aussi talentueuse qu’insouciante, alliant à merveille l’aspect esthétique à l’efficacité. Pourtant, cette fois-ci, la défaite des Marocains n’avait rien d’humiliant et à force d’insister les Lions de l’Atlas et avec la même ossature arriveront jusqu’en huitième de finale de la Coupe du Monde-86.

Néanmoins, le 1–5 de Casablanca leur restait toujours au travers de leur gorge jusqu’à la fameuse soirée du 4 juin 2011 à Marrakech où ils avaient enfin battu l’Algérie de Benchikha par un score lourd, 4 à 0 en l’occurrence. La vengeance est certes un plat qui se mange froid. Mais peut-on vraiment parler de vengeance sachant que la gifle algérienne leur avait été administrée chez eux ? Une gifle qui, malgré tout, leur a fait du bien. Beaucoup de bien.

L’anecdote :

Le bus des Verts tombe en panne au milieu de la jungle !

A la veille de la finale Nigeria – Algérie, les Verts qui ont joué tous leurs matchs dans la ville d’Ibadan à 130 kilomètres de Lagos, ont dû déménager vers la capitale du Nigeria pour jouer la finale face aux Green Eagles. Le voyage qui devait durer normalement un peu plus de deux heures, a duré le triple. En effet, un problème dans le moteur du bus déglingué mis à la disposition de la délégation algérienne a provoqué une panne au milieu de la jungle. La guerre psychologique venait d’être déclarée.

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Le parcours de l’Algérie :

L’enfer du Surulere, ce n’était pas un mythe

Après 12 ans d’absence sur la scène africaine et pour leur deuxième participation à une CAN, les Verts sont partis au Nigeria d’abord et avant tout pour découvrir l’Afrique et apprendre. C’est dire que personne parmi les observateurs africains n’a misé sur eux. Au mieux, ils étaient considérés comme des outsiders.

L’entrée en matière face au Ghana et notamment la première demie heure de jeu durant laquelle ils ont été littéralement malmenés a donné raison aux « spécialistes », mais elle a également fouetté l’amour-propre des Algériens qui ont, avec les Ghanéens, présenté l’un des meilleurs matchs de l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations selon le prestigieux Fraternité Matin de l’époque.

Plus rien ne pouvait plus arrêter les Belloumi, Madjer, Assad, Merzekane et autres feu Benmiloudi tous âgés de 21 ans à l’époque et encadrés par les Fergani, Mahyouz, Guendouz et feu Cerbah. Le Maroc remanié (voir par ailleurs) passera à la trappe, la Guinée ne résiste pas face aux leaders inattendus du groupe B. En demi-finale, les Verts montrent du caractère en revenant dans le match après avoir été menés 2 à 0 par l’Égypte pour ensuite l’emporter aux penaltys.

CAN 1980 a ibadan onez Algérie 3 Guinée 2

Les Algériens se sont invités à une finale à laquelle personne ne les attendait. Tout a été préparé pour une finale Nigeria – Ghana, Nigeria – Guinée voire même Nigeria – Egypte avec naturellement une victoire finale du pays hôte. Il fallait donc refaire les calculs et trouver les moyens y compris extra-sportifs d’écarter ces Algériens, empêcheurs de tourner en rond.

Ça a commencé par la panne du bus (voir anecdote), puis il y a eu l’absence de chambres à l’hôtel qui a contraint les Égyptiens qui venaient de jouer le match de classement à céder l’espace à ceux qui étaient encore leurs frères à l’époque.

L’autre erreur qui a peut-être refroidi les joueurs algériens a été la phrase du ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque qui a lancé à l’adresse de Fergani et ses camarades : « Mission accomplie ! » avant même la finale. Cette phrase prononcée sans doute pour décontracter les joueurs a finalement eu l’effet inverse.

fergani entree cap nigeria 1980 finale surelere 3 0 algerie

Il ne faut pas oublier la blessure de Guendouz face à la Guinée qui a contraint le staff technique à faire appel à Abdelkader Horr qui a dû se déplacer d’Alger pour jouer la finale durant laquelle, il y a eu deux faits de match qui ont sans doute pesé sur le résultat final : le débordement de Salah Assad ponctué par un reprise sur le poteau de feu Hocine Benmiloudi au moment où le score était encore de 1 à 0 et le deuxième but entaché de hors-jeu d’Odegbami au plus fort de la domination algérienne.

Enfin, et pour couronner le tout, l’enfer du Surulere, stade mythique de Lagos qui a abrité la finale de la CAN n’était pas un mythe. C’était la réalité avec 120 000 personnes entassées dans ses travées, des militaires sur la main-courante et le Président du Nigeria Shehu Shagari dont le maintien à la tête de l’État nigérian dépendait grandement de la victoire des Green Eagles. Shehu Shagari sera quand même renversé par un coup d’état militaire trois ans plus tard.

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Le témoignage :

Ali Fergani : “Il était impossible de battre le Nigeria en 1980”

Capitaine de l’équipe nationale des années 80, Ali Fergani a été de toutes les batailles, donc un témoin privilégié de la Coupe d’Afrique des nations 1980 qu’il retrace avec La Gazette du Fennec grâce à une mémoire sans faille.

On va commencer par le match Algérie – Maroc qui arrive quelques mois seulement après l’inoubliable 5 à 1 de Casablanca. Aviez-vous des appréhensions particulières par rapport à l’envie des Marocains de prendre leur revanche ?

Déjà et lors du match retour des éliminatoires des Jeux Olympiques de Moscou (3 à 0 au stade du 5-Juillet), l’équipe marocaine a été complètement chamboulée. Les Marocains n’ont pas attendu la CAN pour prendre des décisions en enlevant tous les anciens joueurs et en recomposant leur équipe avec les Bouderbala, Timoumi, Zaki, Dolmi qui étaient très jeunes à l’époque, mais qui ont prouvé leurs qualités par la suite.

Avant de rencontrer le Maroc, on a eu un match difficile face au Ghana qui nous a été très utile pour entrer de plein pied dans la compétition. Algérie – Maroc a été un match très difficile que ce soit pour eux ou pour nous, c’était équilibré jusqu’à la dernière minute et ce but de Belloumi. Chaque équipe aurait pu l’emporter et le niveau technique était très élevé.

fergani entree nigeria 1980 finale surelere 3 0 algerie

Il y a eu une expulsion et beaucoup de cartons, le match était-il à ce point heurté ?

Pas du tout. Il y avait de l’agressivité positive, mais beaucoup de respect entre les joueurs sur le terrain. C’était normal qu’ils veuillent faire oublier la cinglante défaite 5 à 1 en cherchant la revanche, mais nous aussi on voulait gagner. C’est quand même un derby et chaque équipe voulait l’emporter. C’était la même chose avec les Tunisiens dont les matchs étaient très disputés. Il ne faut pas oublier que le 5 à 1 a quelque part réveillé les Marocains qui ont dû mettre à la retraite des joueurs comme Faras, Larbi, Hazzaz et d’autres. On leur a rendu service. Il n’était donc pas facile de gagner, mais il faut aussi avouer qu’on avait beaucoup d’arguments. Notre devise était de pratiquer du beau football et d’être en même temps efficace et on l’a été avec Lakhdar qui était au sommet et qui n’a eu besoin que d’une demi-occasion pour marquer.

“Lakhdar était au sommet… On avait du talent mais aussi du tempérament”

Justement, on se demande toujours pourquoi cette équipe de très haut niveau n’a pas gagné la coupe d’Afrique en 80. Avez-vous manqué d’ambition ?

Jamais ! Ecoute-moi bien. 1980 a été l’année du retour de l’équipe nationale sur la scène africaine, mais on croyait fermement en nos capacités. Nous avons fait 0 à 0 avec le Ghana, tenant du titre, battu le Maroc en marquant dans le temps additionnel, battu la Guinée 3 à 2 où j’ai terminé le match libéro après la blessure de Guendouz. En demi-finale, contre l’Égypte, on était menés 2 à 0, mais on a réussi à égaliser pour se qualifier aux penaltys. Peut-on parler de manque d’ambition dans ce cas-là ? Cette équipe avait du talent, mais aussi du tempérament.

Vous avez pourtant perdu 3 à 0 en finale…

(Il rit longuement) On était installés à Ibadan où nous avions joué tous nos matchs. On devait donc se déplacer à Lagos deux jours avant la finale. Notre bus est tombé en panne au milieu de la forêt puis en arrivant à l’hôtel, on a eu du mal à trouver des chambres libres. Après avoir rejoint nos chambres, on nous appelle à 23h00, un responsable nous a demandé de descendre à la réception pour nous tenir un discours où il disait clairement : « Mission accomplie ». Cela voulait dire qu’on n’avait aucune chance de gagner la coupe en raison de la situation qui prévalait au Nigeria. Le jour du match, le président de la république du Nigeria tenait un instrument très bruyant qu’il a actionné durant tout le match dans un stade archi-comble. Je te le dis, ce jour-là, il était impossible de gagner.

fergani cap Nigeria algerie 3 0 Finale CAN 1980

A ce point ?

Oui, mais malgré tout, on a eu l’occasion d’égaliser lorsque feu Benmiloudi avait repris sur le poteau un centre de Assad. Si on avait égalisé, on aurait peut-être gagné ce match, et on ne serait peut-être pas là en train de discuter car je ne sais pas comment on aurait pu quitter le stade. Une année après, on les a battus 2 à 0 au Nigeria avec l’art et la manière et on s’était qualifiés en Coupe du monde. C’est dire que dans un environnement normal, on était capables de battre cette équipe du Nigeria même en 80.

Que s’est-il passé entretemps ?

Notre équipe a eu une année d’expérience en plus, mais aussi la FAF à l’époque a demandé à ce que le match soit arbitré par un arbitre européen. Cela a tout changé.

Entretien réalisé par Mohamed Nacef, pour La Gazette du Fennec

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