Coupe d’Afrique 2023 : Enfin le pays hôte sort vainqueur

La CAN 2023 vient de s’achever avec la Côte d’Ivoire comme vainqueur. Les Éléphants mettent fin aux supplices des pays organisateurs qui ne sont pas montés sur la plus haute marche depuis 17 ans et la victoire de l’Égypte, chez elle, en 2006, contre… la Côte d’Ivoire. Voyons historiquement les résultats des pays hôtes lors de la grande messe africaine.

Un début à l’avantage des pays hôtes

Les premières coupes d’Afrique se sont déroulées entre 1957 et 1965. A ses débuts la Coupe d’Afrique ne comptait que 3 participants puis 4 et enfin 6 en 1963 et 1965. Sur les 5 compétitions, le pays organisateur est sorti vainqueur à 3 reprises : l’Egypte en 1959, l’Ethiopie en 1962 et le Ghana en 1963. 60 % des vainqueurs étaient les pays organisateurs. Donc pour remporter le trophée, il valait mieux l’organiser.

Être organisateur ne garantit plus d’être vainqueur

Depuis 1968, le nombre de participants à une CAN est passé à 8 pays. On a ainsi vu l’émergence de nouveaux pays qui n’avaient pas l’habitude de participer à la grande messe africaine, comme… l’Algérie de Lalmas. Lors de cette période, le pays organisateur était encore présenté comme le favori numéro 1 pour le sacre final, d’autant plus lorsque c’était un « grand » d’Afrique qui organisait le tournoi. Ainsi on a vu le Soudan (grand d’Afrique des années 60) gagner chez lui en 1970, le Ghana en 1978, le Nigéria en 1980, l’Égypte récoltait sa 3ème étoile en 1986 et enfin l’Algérie, en 1990, se voit enfin couronner roi d’Afrique, après 1 finale et 3 demi-finales lors des 5 dernières CAN.

De 1968 à 1990, il s’est joué 12 coupes d’Afrique. Seulement 5 pays organisateurs sortent vainqueurs, soit 42% des victoires. Il ne suffit plus d’organiser la compétition pour sortir numéro un. Même en étant un gros bras du football africain ne le garantit pas. Ainsi l’Egypte en 1974, la Côte d’Ivoire en 1984 ou encore le Maroc en 1988, n’ont pas réussi à remporter « leur » tournoi.

La Côte d’Ivoire met fin à 15 ans de disette

A partir de 1992, la CAN s’ouvre encore à d’autres pays. On passe à 12 pays en 1992, puis 16 en 1996 et enfin 24, à partir de 2019. Depuis l’édition sénégalaise, en 1992, jusqu’à l’Ivoirienne, de 2023, 17 tournois se sont succédés. Seulement 4 pays organisateurs se sont adjugés le titre final. Soit seulement 24 % des vainqueurs. C’est dire qu’organiser pour vaincre devient exceptionnel ! A 12 participants, aucun pays hôte n’a remporté le trophée ; à 16 concurrents, seulement 3 ont réussi le challenge (Afrique du Sud en 1996, Tunisie en 2004 et Egypte en 2006) ; alors qu’à 24, en 3 éditions, seule la Côte d’Ivoire a pu briser le sceau de la disette des pays hôtes. On a même vu des grands pays du football africain, comme le Ghana, Nigéria, Égypte ou Cameroun, se prendre les pieds dans le tapis.

On remarque que depuis le lancement de la Coupe d’Afrique, plus on augmente le nombre de participants et plus il est difficile au pays hôte de sortir vainqueurs de son tournoi. Les pourcentages de vainqueurs reculent de 60%, puis 42 %, pour finir à 24 %, aujourd’hui. Ainsi sur les 34 éditions, seuls 12 pays ont réussi à garder le trophée chez eux. Soit seulement 35 %. Un pays sur trois réussit à remporter la CAN chez lui. Le mythe du pays organisateur qui a de grandes chances de sortir vainqueur tombe à l’eau.

Fateh Le Coach, pour la Gazette du Fennec