Il y a quelques temps la question du capitanat ne se posait pas en équipe nationale, ce rôle revenait de droit à Madjid Bougherra, leader naturel sur et en dehors du terrain. L’ancien joueur des Glasgow Rangers savait trouver les mots pour fédérer son groupe et remettre les choses en ordre. Aujourd’hui la question semble un peu plus ouverte. En effet le joueur qui avait récupéré ce rôle en la personne de Medhi Lacen a pris sa retraite internationale, sans aucune classe, c’est alors Carl Medjani qui a hérité logiquement du brassard en l’absence prolongée de Rafik Halliche. Oui mais voilà, Medjani a perdu ce rôle, hier soir contre la Guinée, au profit de Sofiane Feghouli. Le point sur un sujet important.
La Gazette du Fennec vous propose trois hypothèses pour comprendre cette décision de changer de capitaine à l’aube des Éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 qui approche à grands pas !
Gourcuff veut responsabiliser Feghouli
En désignant Feghouli capitaine des Verts le sélectionneur (ou le Président de la FAF ?) a choisi de responsabiliser celui qui a toujours été un leader technique exemplaire sur le terrain. Sofiane est sans aucune contestation possible un exemple de combativité qui se donne corps et âme pour défendre les couleurs de son maillot en club ou en sélection. Un joueur avec cet état d’esprit fait naturellement figure de modèle pour les autres qui peut facilement transmettre sa hargne lorsqu’elle est au rendez-vous. En plaçant à tort ou à raison Yacine Brahimi sur un pied d’estale dans son système de jeu, Christian Gourcuff a sans doute fragilisé le statut et inconsciemment l’implication de Sofiane Feghouli en sélection. En atteste le dernier épisode du Lesotho.
Feghouli félicite son buteur Slimani
Les qualités techniques et physiques du milieu de Valence ne sont plus un secret pour personne, l’évidence même de celles-ci éblouirait un aveugle. Cependant le natif de Levallois a une autre qualité indéniable mais sans doute un peu plus subtile, son attitude face au travail. L’international est encensé pour son sérieux, son écoute et son application que ça soit en entrainement ou en match. Cela étant dit le joueur de 25 ans est-il prêt à porter ce brassard et assumer ce rôle de leader sur et en dehors du terrain ? De nature discrète dans la vie du groupe et peu bavard dans les médias Feghouli doit désormais prendre ses responsabilités et comprendre qu’il est bien le chef de file de cette génération talentueuse mais visiblement encore immature. Comme son idole de jeunesse Djamel Belmadi, il y a plus de 10 ans, Feghouli doit prendre une nouvelle dimension en sélection et devenir un vrai patron avec le n° 10 sur le dos. Il en a les qualités mais peut être pas encore totalement l’envie.
Medjani : le capitaine abandonné ?
Le capitanat de Carl Medjani semblait être la suite logique des choses. Sa présence en sélection depuis 2010 fait de lui un des joueurs les plus anciens de l’effectif. Il a connu les matchs couperets avec la sélection et a l’expérience nécessaire pour se faire respecter par les autres. Malgré tout hier soir contre la Guinée, le joueur de Trabzonspor ne portait plus le brassard autour du bras. On peut en déduire que soit il l’a perdu après une décision du staff technique ou soit il l’a simplement abandonné pour se libérer d’un poids et se consacrer à ses taches défensives où il est de plus en plus pointé du doigt.
Tête baissée, Medjani est en plein doute
Selon nos informations recueillies ce matin c’est la première option qui prévaut puisque le brassard a effectivement été retiré à Medjani sur ce match sans qu’il ne le soit définitivement à l’avenir. Quoiqu’il en soit le défenseur de Trabzonspor n’est pas du genre à tergiverser et baisser les bras pour si peu. Soulagé de la pression que représente ce brassard le joueur de 30 ans, qui à sa décharge n’a pas connu un début de saison facile en club, doit retrouver toute sa lucidité pour repartir de l’avant. On dit toujours que les Éliminatoires d’une coupe du monde se jouent avec des joueurs d’expérience. Medjani en est un et l’Algérie en a toujours besoin.
Une équipe cruellement en manque de leaders
Dans cette troisième et dernière hypothèse, l’équipe n’a tout simplement pas ou plus de leader naturel, obligeant alors Gourcuff à faire des tests pour savoir qui sera le prochain capitaine. De plus en plus de nouveaux joueurs découvrent l’équipe nationale et viennent rejoindre un groupe encore jeune. Ce flux de joueur implique un certain déséquilibre dans le groupe et réduit considérablement les possibilités en termes de capitanat avec finalement très peu de tauliers. Rappelons que le capitaine doit être un leader incontesté sur et en dehors du terrain, il doit motiver et recadrer son équipe si nécessaire, savoir parler aux arbitres, à la presse et surtout être indiscutable en club de manière à être convoqué systématiquement en sélection. En somme il doit être un exemple aux yeux de tous capable de galvaniser la troupe.
Slimani, un cadre capable aussi de montrer la voie aux jeunes
Cela étant dit, seuls quelques joueurs répondent à ces critères et Feghouli cité plus tôt est l’un d’entre eux. Si c’est lui qui a été définitivement promu capitaine la question ne se pose plus et il lui suffira simplement de prendre ses marques et de s’habituer à ce nouveau rôle. Dans le cas contraire cette absence de leadership expliquerait une équipe complétement en perte de repères sur le terrain…au sélectionneur et son staff technique de trouver les remèdes pour repartir de l’avant !
Le débat est ouvert : Qui est selon vous le joueur idéal pour remplir le rôle de capitaine ?
Yahia Saouthi, La Gazette du Fennec