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Décryptage

Focus équipe d’Algérie : le secteur offensif : inattaquable ?

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Au fond du trou lors de la période Madjer, l’équipe nationale algérienne de football a vu en Djamel Belmadi son sauveur. Le 18 juin 2018, l’ancien joueur de Manchester City devient sélectionneur des Verts. Avec la CAN 2019 comme objectif principal, Belmadi s’attable à remodeler l’effectif de son équipe afin d’aller le plus loin possible dans cette compétition. Le secteur offensif était l’un de ceux que Belmadi a remis sur les rails. Dans cette rétrospective analytique de l’ère Belmadi, nous allons voir chronologiquement, année après année, l’évolution de l’attaque algérienne avec comme objectif, cette fois-ci, la CAN 2023.

2019 : le début de la gloire

Après un début difficile avec l’équipe algérienne, le successeur de Madjer a complètement changé ses armes sur le flanc de l’attaque des Verts. Malgré pratiquement les mêmes noms, on voit une autre mentalité naitre au sein du groupe. Mahrez est intronisé capitaine, Bounedjah est préféré à Slimani, en manque de temps de jeu avec son club en Turquie, et surtout exit Yacine Brahimi, remplacé par Youcef Belaili.

Pour mettre en application ses nouvelles idées, Belmadi prépare son équipe en jouant 3 matchs amicaux. Bilan : 2 victoires et un match nul, 5 buts marqués. Un second souffle est trouvé ! plus de pressing et de verticalité. Les coéquipiers du jeune Ounas arrivent avec des doutes à la CAN mais ils sont vite dissipés. Ils jouent 7 matchs, marquent 13 buts et cerise sur le gâteau, ils reviennent avec le trophée. La locomotive DZ est lancée elle sera inarrêtable. Ni la Zambie ou le Botswana (qualification CAN 2021), ni la RDC et encore moins la Colombie, balayée 3-0 (matchs amicaux).

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L’attaque algérienne s’articule autour de l’avant-centre (Bounedjah ou Slimani principalement). Ces derniers sont alimentés par des centres issus des pistons latéraux (Atal, Bensebaini) ou l’entrée en zone centrale des ailiers (Mahrez, Beliali). Ainsi les Fennecs marqueront 30 buts, soit une moyenne de 1,9 buts par match, lors de leurs16 matchs de l’année 2019. C’est le début de la gloire pour Belmadi et ses hommes.

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2020 : la machine est ralentie mais ne s’essouffle pas

Pour cause de Covid, le monde du sport et celui du football en particulier est touché par l’annulation des matchs. Les compétitions sont reportées et certains matchs, avec des conditions d’hygiènes drastiques, se jouent dans des stades vides. Ainsi la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, initialement prévue en 2021, est reportée. Elle se déroule finalement du 9 janvier au 6 février 2022.

Mis sur le toit africain grâce à leur victoire en terre égyptienne, les champions d’Afrique 2019 voient leur règne baignait dans du formol. La machine est ralentie mais ne s’essouffle pas puisque les Verts jouent 4 matchs en cette année 2020. Afin de préparer la double confrontation contre le Zimbabwe (1 victoire et 1 nul – 5 buts marqués), Belmadi choisit d’affronter le Nigéria (victoire 1-0) et le Mexique (égalité 2-2). Avec la même tactique et le même état d’esprit, les Verts ont une moyenne de 2 buts par match. Les progrès ressentis en 2019, se confirment en 2020 malgré le peu de match.

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2021 : un secteur offensif punitif pour une année record

Après la période Covid, les matchs reprennent peu à peu leur rythme de croisière. Cette année-là, les coéquipiers de Mandi finissent les qualifications de la CAN 2021, entament les éliminatoires du mondial qatari et pour préparer tout cela, ils livrent 3 matchs amicaux. Au total, les Verts jouent 11 matchs pour 8 victoires et 3 nuls.

On a vu plusieurs visages des camarades de Slimani (meilleur buteur de l’année 2021 avec 9 buts). Un visage contrasté contre des équipes difficiles à manier comme le Burkina Faso et un visage punitif contre les plus faibles (8-0 contre Djibouti ou 5-0 contre le Botswana). Avec un jeu tourné vers le secteur offensif, Belmadi a démontré en 2021 que sa stratégie portait ses fruits. Le trident offensif algérien a su remuer les défenses adverses dans tous les sens. D’une efficacité ahurissante, Beliali – Slimani (ou Bounedjah) – Mahrez ont fait chavirer les blocs défensifs adverses. Les 4 attaquants représentent 60% des buts marqués. Efficace avec la possession, l’Algérie l’est tout autant dans le registre de bloc, puisque les contres ont été menés d’une main de maître et ont systématiquement apporté le danger. On l’a vu dans les matchs à haute intensité physique contre le Mali (victoire 1-0) ou contre la Tunisie (victoire 2-0).

Cette année-là, si le système favori reste le 4-3-3, les Guerriers du désert l’ont démontré, ils peuvent maîtriser ou subir, avec la victoire au bout. A l’aube de la grande messe africaine, au Cameroun, ils affichent une insolente maitrise offensive, une confiance absolue puisqu’ils ont marqué 40 buts en 11 matchs. Soit une moyenne de 3,6 buts par match. On frôle les 4 buts par match et l’Algérie va titiller le gotha mondial dans le ranking du nombre de matchs invaincu. Les Fennecs sont 2ème avec 35 matchs sans défaite. Tous les supporters DZ sont euphoriques. Tous ? non ! Certains chroniqueurs, spécialistes ou journalistes commencent à pointer des défaillances dans le jeu algérien et préviennent d’une possible catastrophe.

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2022 : la chute de la maison verte

La victoire 3-0 contre le Ghana en ce début du mois de janvier 2022 n’est que l’exception qui confirme la règle.

L’année 2022 pour l’équipe nationale algérienne est cauchemardesque. Les coéquipiers de Bennacer et Feghouli perdent leur titre de champion d’Afrique alors qu’ils étaient placés dans un groupe à leur porté (avec la Sierra Leone, la Guinée Equatoriale et la Côte d’Ivoire). Pire, les Fennecs terminent derniers de leur poule et rentrent prématurément à la maison en marquant qu’un seul but en trois matchs…par un milieu de terrain (Bendabka, contre la Côte d’Ivoire). Symptomatique d’un secteur offensif en pleine crise !

Ils chutent aussi en qualification du Mondial 2022. Alors qu’ils signent une victoire historique à Yaoundé (1-0, but de la tête de Slimani sur coup de pied arrêté), les Champions d’Afrique 2019 voient leur rêve d‘aller au Qatar se briser dans les dernières secondes des prolongations du match. L’Algérie perd 2-1 contre les Lions Indomptables. Qui marque le seul but algérien ? Un défenseur ! Ahmed Touba, qui venait de rentrer en jeu, a permis aux Verts de se croire qualifier pendant quelques minutes. Le secteur offensif est resté muet malgré plusieurs tentatives de Slimani ou le ratage de Belaili.

A l’image de Belmadi, à genoux sur la pelouse de Tchaker, les Algériens auront du mal à se relever de ces échecs. Au-delà des carences dans le jeu, c’est l’inefficacité algérienne dans le secteur de l’attaque qui a été pointée du doigt depuis la CAN au Cameroun. Dans la zone de vérité, les attaquants algériens ne sont plus aussi impériaux. Pour autant, Djamel Belmadi et ses joueurs ne sont pas à côté de leurs pompes. L’Algérie marque moins de buts, mais elle se crée des occasions. Par exemple contre la Sierra Léone, les Verts ont cadré 8 de leurs 13 tirs, ont eu 10 corners…Contre le Cameroun c’est 21 tirs dont 11 cadrés… Le motif d’espoir est présent. Mais la chute est là. Le « vert » s’est brisé et il faut recoller les morceaux. Certains joueurs dont des piliers de l’équipe sont anéantis.

Il faut un renouvellement de génération mais aussi une force mentale pour ceux qui continuent l’aventure. Un motif d’espoir que la fédération algérienne a pris en compte et a donc renouvelé sa confiance à Belmadi pour préparer un nouveau groupe aux qualifications de la CAN 2023. En 2022, les coéquipiers de Bounedjah ont joué 13 matchs et n’ont seulement marqué que 16 buts. Soit une moyenne de 1,2 but par match. On est loin de 2021.

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2023 : un nouveau départ…mais timide

Encore en convalescence, l’Algérie a du mal à digérer son année 2022 catastrophique. Malgré quelques victoires en fin d’année 2022, les insuffisances offensives sont toujours visibles. Mahrez n’est plus aussi décisif, Bounedjah n’est plus que l’ombre de lui-même, Benrahma et Beliali se distinguent par leurs errances – l’un sur le terrain sans rien apporter au système offensif algérien, et l’autre en dehors du rectangle vert, instable en clubs. Il ne reste que Slimani qui vogue de championnat en championnat pour être compétitif. L’été 2023 il a atterri au Brésil, dans le club de Coritiba. C’est dire qu’il manque un vrai avant-centre pour épauler « Super Slim ».

Le sélectionneur des Verts essaye plusieurs systèmes avec des profils différents. On voit ainsi émerger de nouvelles têtes au sein de l’attaque des Verts. Il injecte au fur et à mesure des jeunes binationaux à l’image de Chaibi, Bouanani ou encore Amoura, issu de la formation sétifienne, mais qui fait les beaux jours du champion 2023 de Belgique, la Royale Union Saint-Gilloise. Une nouvelle force de frappe peine à voir le jour mais elle est prometteuse. Depuis l’été 2023, Houssam Aouar puis Amine Gouiri viennent renforcer ce secteur. La mayonnaise commence à prendre mais elle est encore fade. Ne monte pas comme on voudrait.

L’Algérie a joué 10 rencontres en cette année 2023. Elle en remporte 7 pour 3 matchs nuls. Aucune défaite ! les Algériens marquent 18 buts. Deux buts de plus qu’en 2022, tout en jouant 3 matchs de moins. Mais un déficit de 22 buts comparé à 2021, alors qu’ils ont joué pratiquement le même nombre de rencontres. Avec une moyenne 1,8 buts par match, l’Algérie remonte la pente (voir les graphiques). C’est moins bien qu’en 2021 mais c’est mieux qu’en 2022 et presque aussi bien qu’en 2019, l’année du sacre.

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Doit-on s’en réjouir ? bien sûr ! Il reste pourtant des zones d’ombre. Mis à part contre le Cap-Vert où les camarades de Zerrouki ont été impériaux (victoire 5-1), les autres matches sont poussifs, voire inquiétants (égalité 0-0 contre la Tanzanie, à domicile). Normal dira-t-on puisque le coach est en pleine période d’essai de nouveaux systèmes avec de nouveaux joueurs. On passe du traditionnel 4-3-3, à un 4-5-1 ou 4-2-4 suivant l’adversaire. Il s’adapte à l’adversaire mais rare où les buts viennent d’attaques placées (magnifique but de Mahrez pour le 2-1 contre le Niger, ou l’égalisation contre l’Egypte, d’une tête de Slimani sur un centre de Atal). Alors on se repose sur les coups de pied arrêtés, comme cette victoire 1-0 que Belmadi a ramené de Dakar sur une tête de Chaibi. Mais aussi sur des exploits individuels ou des fautes des défenses adverses (match retour contre le Niger ou contre l’Ouganda). Le secteur offensif profite plus de situations qui s’offrent à lui qu’une création en tant que telle. Quand les attaquants ne marquent pas, ils sont suppliés par les milieux offensifs (Aouar contre le Cap Vert). C’est le signe d’une équipe solidaire mais à contrario, le secteur offensif pèche dans la finition.

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Le renouveau est là, on le sent C’est de bon augure pour la CAN 2023 qui se profile à l’horizon. Même si Islam Slimani score encore, aucun joueur ne se détache vraiment à ce poste-là (voir le classement des meilleurs buteur). Aux nouveaux de s’intégrer rapidement à l’équipe pour performer et ramener Les Guerriers du désert sur les plus hautes marches africaines. Inchallah.

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Fateh Le Coach, pour la Gazette Du Fennec

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