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Himad Abdelli : « Riyad Mahrez, c’est la légende africaine pour moi »

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Dans un entretien exclusif accordé à nos confrères de Onze Mondial, le néo international algérien Himad Abdelli a fait le point sur sa carrière et la saison qu’il vient d’accomplir avec Angers SCO. Aussi il évoque ses joueurs préférés et parle du capitaine des Verts qu’il admire au plus haut point.

Après près de deux décennies passées dans son club de cœur, Le Havre, Himad Abdelli a coupé le cordon ombilical l’été dernier en rejoignant le SCO. Si le Normand a vécu une saison galère sur le plan collectif avec une place de lanterne rouge, il a tout de même su se montrer à son avantage individuellement. Au point d’aspirer à une première convocation avec la sélection d’Algérie. Rencontre. 

Tu es un pur produit du Havre, tu as mis du temps à prendre ton envol et à découvrir la Ligue 1. Est ce que tu as eu des moments de doute ? 

Non, je n’ai jamais eu de moments de doute. Le Havre, c’est un très bon centre de formation. J’ai fait toutes mes étapes au Havre et je suis passé pro. Et je pense qu’il fallait prendre le temps de jouer en pro au Havre avant de partir.

Il n’y avait pas cette volonté d’aller plus vite vers la Ligue 1,sachant que tu voyais tous tes potes partir ? 

Je pense que pour découvrir le monde pro, il faut le découvrir dans son centre de formation. Je pense que c’est important. J’ai pris le temps, mais aujourd’hui, je me sens bien.

Tu es originaire de Normandie. Quel genre de jeunesse tu as vécu et te souviens-tu de tes premiers pas dans le foot ? 

Mes premiers pas, c’était au Havre. J’ai toujours joué au Havre avec mon père qui m’emmenait là-bas. J’ai démarré le foot en club directement au HAC, je n’ai pas connu de club de quartier ou autre. C’est grâce à ça que je suis ici maintenant. J’ai connu une jeunesse assez tranquille, dans mon quartier, toujours basée sur le foot. J’alternais l’école et le foot. J’étais déjà très focus sur le football, c’était ma seule option. Je n’ai essayé aucun autre sport, c’était tout pour le foot.

« J’ai toujours voulu faire du foot, après, j’avais une option : devenir pompier. »

Tu as des frères et soeurs ?

Oui, j’ai un grand frère qui jouait au Havre aussi. Il a arrêté en U15 et il est parti travailler. Avec mon grand frère, on jouait souvent ensemble, c’est grâce à ça que j’ai progressé plus vite.

Pourquoi ça n’a pas fonctionné pour lui ?

Ils lui ont dit qu’il était trop petit, mais je pense que c’était une excuse. Il était bon, mais je pense qu’il n’a pas persisté pour devenir footballeur. Il était latéral droit, il courait très vite, et techniquement, il était bon. Je crois qu’il était trop timide pour le foot.

Et à l’école, tu étais comment ?

Pas très travailleur à l’école, mais sympa pour les profs. Je n’étais pas du genre à perturber les cours. J’ai arrêté tôt parce que je voulais me concentrer sur le foot, donc je me suis orienté vers un CAP foot, c’était un centre de formation pour faire nos entraînements et l’école en même temps. C’était une école pour devenir entraîneur plus tard et passer ses diplômes. Ça me plaisait d’encadrer les plus jeunes.

Tout de suite, tu savais que tu allais faire du foot ton métier ?

J’ai toujours voulu faire du foot, après, j’avais une option : devenir pompier. J’aimais bien aider les gens.

Tu vivais au centre de formation ?

Non, comme je viens du Havre, je vivais chez mes parents. Avec les gens du centre, on s’entendait bien, on sortait ensemble en ville.

Tu retiens quoi de ces années à La Cavée ?

Ce n’est que du bonheur ! Je pense que ce sont nos meilleures années et nos meilleurs souvenirs en tant que jeunes. Je me rappelle des tournois qu’on faisait, c’était magnifique, on passait de superbes moments tous ensemble.

Tu as passé dix-huit ans dans le même club. C’est peu commun, tu n’étais pas lassé ?

Non, c’est le club de ma ville, donc tu ne peux pas être lassé d’un club que tu aimes. Ces dix-huit années sont passées tellement vite… Je me dis que j’aurais pu limite faire toute ma carrière au Havre. C’est comme ça, j’ai changé de club et je me sens bien à Angers.

Au HAC, tout le monde te connaissait, c’était spécial ?

J’étais un peu l’enfant du club. Toute la ville me connaît en tant que joueur de foot, mais ça va, je pouvais marcher en ville sans être dérangé (sourire).

Si je te dis 31 octobre 2018, ça t’inspire quoi ?

C’est mon premier match en pro. C’est contre Troyes, je fais une bonne rentrée et on gagne 2-0 en Coupe de la Ligue.

Tu n’avais pas la pression avant le match ?

Si, mais c’était une bonne pression. On va dire que ce n’est que du foot, c’est mon métier, donc c’est une bonne pression.

Tu avais remplacé Pape Gueye, un mec de ta génération…

C’était une concurrence saine parce qu’en plus c’était un ami. Quand il était sur le terrain, j’étais content. Et je pense que c’était pareil pour lui quand moi je jouais. En tout cas, je suis très content de ce qu’il fait en ce moment.

Trois jours plus tard, tu découvres la Ligue 2…

La Ligue 2, c’est un championnat très compliqué parce que ce n’est pas le même jeu que la Ligue 1. Il n’y a pas beaucoup d’espaces, tout le monde se rentre dedans. On va dire que c’est la loi du plus fort. Pour tirer son épingle du jeu, il faut se donner à fond et être tout le temps à 110%.

Il t’a fallu près de deux années pour devenir titulaire. Comme souvent, tu as pris ton temps…

C’est normal. Il y avait de bons joueurs devant moi, des gars comme Alexandre Bonnet, des mecs expérimentés qui arrivaient sur la fin de leur carrière. Ils jouaient les matchs et moi je prenais ce qu’il y avait à prendre en attendant mon tour. J’étais sûr de mon potentiel, je savais qu’à un moment donné, ça allait prendre et je n’étais pas pressé.

L’été dernier, après plus de 80 apparitions sous les couleurs havraises, tu as pris ton envol. Pourquoi Angers ?

Angers parce que c’est un club de Ligue 1, déjà. Le Havre m’avait parlé d’une prolongation, mais je n’ai pas reçu d’offre, donc j’ai signé à Angers, le club parfait pour franchir l’obstacle entre la Ligue 2 et la Ligue 1.

Ça ne t’a pas embêté de quitter ton cocon ?

Si, mais c’est la vie. Si tu es footballeur, tu es obligé de passer par là. Aujourd’hui, tu es là, demain, tu peux te retrouver à l’autre bout du monde. Ça fait partie du jeu.

Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en L1 ?

La première chose, c’est l’intensité qui change. Tu dois être à bloc pendant 90 minutes parce que chaque erreur se paie cash.

Tu t’es dit quoi en voyant le début de saison de ton club ? Il t’est arrivé de douter ?

Non, parce que je suis sûr de mes qualités, sûr de moi. Je ne doute jamais.

Est-ce que tu n’as pas regretté ton choix à un moment ?

Beaucoup de gens me parlent de ça, mais découvrir la Ligue 1, déjà, c’est beau. C’est l’élite du football français. Je ne regrette pas mon choix, moi, je me donne à fond, indépendamment des résultats du club ou du contexte. Et je continuerai à me donner à fond.

Trois coachs, un changement de président, des bouleversements en internet, une place de lanterne rouge, ça fait beaucoup non ?

Oui, on va dire que dans mon début de carrière, j’aurai tout connu en une saison. Je ne peux que prendre de l’expérience avec ce qu’il se passe ici. C’est un mal pour un bien, ça va me servir plus tard.

As-tu été étonné par certaines choses en Ligue 1 ?

Faire les stades mythiques de France, c’est beau. Il y a de l’ambiance, c’est de ça que tu rêves quand tu es jeune, donc tu ne peux que kiffer.

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Abdelli

Comment tu t’es adapté au niveau de la Ligue 1 ?

Personnellement, je me sens bien. Je joue avec de bons joueurs. En Ligue 1, il n’y a que de bons joueurs et tu te sens bien quand tu es bien entouré et que les gens comprennent ton foot. Ce n’est que du plaisir.

Il y a des adversaires qui t’ont impressionné ? 

(Il réfléchit longuement) Il y a Messi, lui, c’est la légende du football mondial. Après, il y a Seko Fofana qui est impressionnant à Lens. C’est tout.

Comment aborde-t-on un match de football quand on se sait condamné à la relégation ?

C’est difficile, après, tu dois te donner à fond. C’est ton sport, ton métier, tu ne peux pas tricher.

Tu sens les adversaires qui te prennent de haut ?

Nos derniers adversaires, ce sont des équipes qui jouent le haut de tableau. Paradoxalement, ils ne pouvaient pas nous aborder en toute tranquillité, ils étaient obligés d’être à bloc.

Tu t’imagines retourner en Ligue 2 ou c’est inconcevable ?

Pour ma progression, j’aimerais bien rester dans l’élite. Après, pour le moment, je suis Angevin, je suis sous contrat avec le SCO, on verra ce qu’il se passera cet été. Si je me retrouve sur le terrain avec Angers, je donnerai le maximum et me donnerai toujours à 100%.

« Riyad Mahrez, c’est la légende africaine pour moi. »

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Himad Abdelli Credit Photo – Sophie Descours

Qui est vraiment Himad Abdelli ?

C’est un papa poule, il aime rester à la maison. Son plaisir, c’est d’aller à l’entraînement, puis de rentrer chez lui. Temps en temps de faire quelques balades avec sa femme et sa fille. Sinon, j’aime la playstation et je regarde beaucoup de foot, tous les championnats me plaisent, même si j’ai un faible pour la Ligue 1 et la Premier League.

Quelles équipes et quels joueurs te font kiffer ?

En ce moment, Riyad Mahrez. C’est la légende africaine pour moi. J’aime aussi Haaland, c’est un monstre devant le but. Manchester City, c’est très fort.

Quel championnat étranger te donne le plus envie ?

Je dirais la Premier League, c’est le championnat qui fait kiffer tous les joueurs. Après, j’aime bien aussi l’Espagne pour la qualité technique. C’est dans le jeu espagnol que je me reconnais le plus.

Tu joues à quels jeux sur playstation ?

Fifa et War zone. Je suis connecté, j’affronte mes potes en ligne (sourire). Parfois, je défie aussi certains de mes anciens coéquipiers au Havre. Ma femme est tranquille, elle regarde ses séries sur la tablette et ne m’embête pas (rires).

Tu es d’origine algérienne par ton père et martiniquaise par ta mère. Ce n’est pas commun, n’est-ce pas ?

Ce n’est vraiment pas commun, mais ça, il faut le demander à mes parents. Mon père est Algérien, ma mère Martiniquaise, mais je me sens un peu plus Algérien (rires). J’ai toujours penché du côté de l’Algérie. J’aimais plus l’Algérie que la Martinique. C’est comme ça, ça ne s’explique pas (sourire).

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Tu as déjà été en Algérie ?

Oui, une fois, mais j’étais petit. Je ne m’en souviens pas vraiment.

En quoi cette double culture te rend plus fort ?

Je suis souvent avec Nabil Bentaleb, mon père, mon grand-père, on parle beaucoup de l’Algérie. Avec Nabil, on parle de la sélection. Avec mes parents, on parle aussi du foot africain.

Ça te donne envie d’être régulièrement appelé en sélection algérienne ?

Déjà être appelé une fois. Ensuite, à moi de montrer au coach de quoi je suis capable et y rester.

En jouant en Ligue 1 cette année, tu espérais être convoqué ?

Lors de la première partie de saison, je savais que je n’allais pas être appelé parce que je ne jouais pas beaucoup avec le coach Baticle. Je fais tout pour être appelé en juin parce que je joue régulièrement et je fais quelques bons matchs parfois.

Tu bosses beaucoup en dehors des entraînements ?
J’ai un coach particulier. Avec ma femme, on va dans une salle de sport à Angers et on a un coach sportif qui s’occupe de nous deux fois par semaine. Moi, c’est pour travailler mon cardio et ma femme pour perdre de sa grossesse. Venir avec moi, c’est une motivation supplémentaire pour ma femme.

Quels sont tes qualités et tes défauts sur le terrain ?

Ma qualité numéro un, c’est la technique. Je suis quelqu’un qui ne perd pas beaucoup le ballon, je pense. Et mon principal défaut, c’est mes stats. Je devrais avoir de meilleures stats que ça et être plus méchant devant le but.

Justement, comment devenir plus décisif ?

Je dois me projeter davantage vers l’avant. J’aime bien rester en retrait pour toucher plus le ballon et distribuer le jeu, mais je crois que je gagnerais à monter davantage et à accompagner les attaques pour essayer de les finir.

Ça te frustre ?

Je regarde chaque match à froid en rentrant à la maison. C’est quelque chose qui me travaille, oui. Avant, je n’y pensais pas beaucoup, maintenant, c’est quelque chose qui me travaille quand même.

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Qu’est-ce que tu penses de toi quand tu regardes tes matchs ?

En fait, je regarde surtout mes défauts. Tout ce que je réussis, bah, je sais le faire. Donc je préfère insister sur ce que je rate pour corriger ça au match suivant. Parfois, je peux m’arrêter sur une action, revenir en arrière, décortiquer un geste précis, etc… Je fais ça tout seul à la maison.

Il y a des choses qui t’agacent parfois ?

Oui, forcément, il y a des gestes, des contrôles ou des passes qui peuvent m’agacer. Parfois, ce sont des choses simples à réaliser, et sur le terrain, tu vas les rater à cause d’un certain relâchement. Voilà ce sur quoi je dois m’améliorer.

Tu as seulement 23 ans, quels sont tes objectifs pour la suite ? 

J’espère être quelqu’un qui joue régulièrement dans l’élite. J’espère être appelé en sélection à un moment donné, mais pas à 28 ans. Genre dans un an ou dans trois mois, je serais fier d’être appelé. (NDLR: l’entretien a été réalisé avant les débuts internationaux de Himad qui a été appelé par Djamel Belmadi lors du dernier stage de juin)

Quels sont tes qualités et défauts dans la vie de tous les jours ?

Je suis quelqu’un qui relativise beaucoup, voire un peu je m’enfoutiste. J’ai tendance à tout prendre à la légère. Si je dois prendre l’avion avec ma famille et que je rate le vol, eux seront énervés et moi je dirai que ce n’est pas grave. Mes qualités, je pense être quelqu’un de généreux.

Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Himad ? 

Toutes les questions que tu viens de me poser (rires) ! Franchement, je ne sais pas. J’en ai une qui me vient en tête, je ne sais pas comment la formuler, mais en gros, c’est : « Qu’est-ce que tu voudrais qu’on retienne de ta carrière plus tard ? ». J’espère réussir de bonnes choses partout où je passerai et que les gens me définiront comme un très bon joueur.

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Comment y arriver ?

En bossant ! Il faut bosser et tout donner, ne pas avoir de regrets. Je parle beaucoup avec Nabil Bentaleb qui a joué à Tottenham et Schalke, lui sait comment aller dans un grand club et ce que ces clubs attendent de toi. Boufal aussi me parlait quand il était à Angers. Il me disait que j’étais un bon joueur, que j’avais tout pour réussir plus haut, mais que je devais continuer à travailler au maximum.

Tu as une manière de préparer les matchs ?

J’aime bien voir ma famille en tribune, ça me permet d’être focus sur le terrain. C’est pour ça que je leur demande d’arriver au moins une heure en avance pour pouvoir les repérer. Après, ma routine, c’est de prendre un ballon un peu dégonflé et de faire des passes contre le mur ou à un joueur à côté de moi. C’est pour préparer mon échauffement technique.

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ? 

Mon père me disait un truc : « Quand on veut, on peut ». Dans sa jeunesse, quand il voulait quelque chose, il savait qu’il pouvait l’obtenir. Alors j’ai toujours pris ce dicton. Au Havre, en U15, U16, j’ai connu des moment où je ne jouais pas beaucoup, je me suis accroché et j’ai réussi à renverser le truc.

Si tu devais te noter sur 10, combien te mettrais-tu ?

9, tranquille, tu m’as mis à l’aise.

Tu regardes beaucoup les notes et ce qui se dit sur toi ?

Ouais, j’aime bien regarder ce qui se dit sur moi dans la presse ou lors des interviews. Je regarde sans me prendre la tête. Je fais abstraction de tout ce qui est négatif. Ce que j’aime, c’est quand les supporters disent que je me suis donné à fond. Ça prouve que je ne triche pas.

>> Retrouvez l’entretien sur Onze Mondial:

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