Il y a des histoires désolantes qui ne devraient jamais avoir lieu, et pourtant, elles existent. Celle de Safia Djelal, championne paralympique, est de celles qui brisent le cœur et révoltent l’esprit. Après plus de vingt ans de sacrifices et de combats, défendant les couleurs de sa chère Algérie, cette athlète d’exception, qui a hissé le drapeau national sur les plus hauts podiums mondiaux, se retrouve aujourd’hui marginalisée dans sa propre ville, oubliée par des responsables locaux qui auraient dû, puisque l’ordre vient du plus haut sommet de l’État, l’honorer.
Safia Djelal : de l’or à l’oubli …
De 2002 à 2024, Safia Djelal n’a cessé d’écrire l’histoire du sport paralympique algérien. Ses lancers de javelot et de poids, teintés de record mondial, ont fait trembler les plus grandes compétitions, ses exploits sportifs sur la scène mondiale sont gravés à jamais dans les annales du parathlétisme. Son dernier exploit ? Une médaille d’or aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Une fierté nationale, un exemple de résilience, une source d’espoir pour toutes les générations.
Mais derrière les médailles et les acclamations, une autre réalité frappe durement. Depuis 2021, une décision officielle lui accordant un local commercial, un kiosque, n’a jamais été appliquée. Des promesses creuses, des paroles en l’air, une attente interminable. À Batna, sa propre wilaya, la reconnaissance laisse place à l’oubli, et l’injustice devient son quotidien. « Lors de ma précédente interpellation du président de la République, les autorités de la wilaya de Batna m’ont contactée pour me demander de supprimer mon message, en me promettant de me remettre le local. Mais, comme toujours, ce n’étaient que des promesses sans lendemain », nous dit-elle.
« Pourquoi suis-je ignorée ? »
Faisant un autre appel poignant au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Safia Djelal ne demande pas un privilège, mais simplement que sa dignité soit respectée. « Pourquoi suis-je ignorée ? Je suis la seule championne paralympique de Batna, et pourtant je suis la plus marginalisée », s’interroge-t-elle, blessée, mais toujours debout.
Face à cette situation, son engagement vacille. Fatiguée de lutter seule, elle réclame son droit, « j’ai tous les documents qui attestent de mon droit à ce local commercial. Or, à ce jour, je n’ai rien eu. Ce local servira à faire nourrir mes enfants, ce n’est pas un luxe que de le demander. Une fois encore, les autorités locales de Batna m’ont invité pour régler ce problème, mais ils m’ont fait comprendre que certains endroits ne me m’étaient pas autorisés. Maintenant, même le terrain qu’ils m’ont octroyé pour ériger mon kiosque, se trouvant dans un endroit que j’ai honte de photographier, ne m’a pas été livré… », a-t-elle ajouté, déçue.
Pourtant, malgré cette profonde déception, Safia Djelal refuse de se taire. Son cri est un appel à la justice, un plaidoyer pour la dignité et la reconnaissance de tous les sportifs qui, comme elle, se battent dans l’ombre. Elle implore les médias, la presse écrite et audiovisuelle, de relayer son message, de briser le silence, de faire entendre sa voix. À bon entendeur, salut !…
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