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Entretien Exclusif

Samy Mahour (U20) : « C’est vraiment une fierté de représenter l’Algérie ! »

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C’est dans l’appartement familial de Bonneuil-sur-Marne que Samy Mahour (2003) nous a accueilli avec un large sourire et une très grande disponibilité. Évoluant à Montrouge et sans avoir connu de centre de formation, c’est grâce à l’application Tonsser qu’il rejoindra la Belgique pour signer un contrat professionnel en juin 2020, à La Gantoise. Convoqué pour le stage de ce vendredi 21 mai en vue de participer à la prochaine Coupe Arabe des Nations U20 (17 juin – 3 juillet), le néo-international est revenu sur son parcours et nous a fait part de sa fierté de défendre les couleurs des Fennecs. Portrait.



Parcours et profil 

« Je suis un joueur au profil technique. Je me sens très à l’aise en numéro 10 »

La Gazette du Fennec : Salam Samy, merci d’avoir répondu à la sollicitation de La Gazette du Fennec, comment ça va ?

Samy Mahour : Avec plaisir! Ça va super merci !

Actuellement tu es à la Gantoise (D1 Belge) et tu y as signé un contrat professionnel. Peux-tu nous décrire ton parcours?

J’ai commencé le football à l’âge de 4 ans chez moi à Bonneuil sur Marne. Ensuite, à 13 ans, je suis allé au CFFP (Centre de formation de football de Paris, Ndlr), à Orly. J’ai joué là-bas un an et tout de suite après je suis allé dans le club de Montrouge où j’ai joué deux ans en u17 nationaux. Et puis en juin 2020 j’ai signé un contrat professionnel avec La Gantoise.

D’ailleurs ton parcours est un peu particulier puisque c’est l’application Tonsser (détection de jeunes talents, ndlr) qui t’as permis de signer en Belgique. Peux-tu nous expliquer cette histoire ?

Oui c’est l’application Tonsser qui a envoyé mon CV au club de La Gantoise. Ils ont apprécié mon profil et m’ont envoyé une invitation pour faire des tests. J’ai effectué des entraînements avec les U18 puis U21 et ça s’est super bien passé. Ensuite, je me suis entraîné avec les professionnels et pareil ça s’est bien déroulé. Je suis rentré en France et peu de temps après ils sont venus me voir jouer à Montrouge contre Carquefou. J’avais mis un but et une passe décisive. Ils m’ont suivi toute la saison et, par la suite, ils m’ont fait signer.

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Tout à l’heure, avant l’interview, tu me disais que c’est également une question de destin et qu’il faut être décisif au bon moment car tu avais déjà raté une sérieuse opportunité…

Oui exactement. Auparavant, j’avais eu un match contre Guingamp dans lequel beaucoup de recruteurs de clubs étaient venus pour voir ce que je valais car ils avaient entendu mon nom. Mais j’ai gâché cette opportunité car j’étais passé à côté de mon match. Il faut être décisif au bon moment, au bon endroit, et ne pas se louper sinon on peut avoir d’énormes regrets.

Ça a eu des répercussions sur tes essais à La Gantoise par la suite ?

En fait, par rapport à mes tests en France j’étais beaucoup plus détendu. Plus jeune, je me mettais une pression de malade ! Et c’est ça qui me faisait échouer tous mes tests. Par exemple, j’ai fait des tests à Clairefontaine. Je suis allé jusqu’au dernier tour, mais j’avais une pression énorme et je ratais toutes mes passes ! Même si je voulais bien faire, je n’y arrivais pas. Mais là, à l’étranger, je n’ai ressenti aucune pression. J’ai joué mon football et au bout de trois essais ça s’est concrétisé.

Comment as-tu réussi à évacuer cette pression?

Je n’ai pas raté beaucoup de tests mais quand je ratais à cause de la pression, je me disais ‘comment t’as fait pour rater ça, c’est pas possible’. Au début, pour évacuer la pression, je regardais des vidéos sur Youtube (rires), mais ça ne changeait rien. Au bout d’un moment j’ai eu un déclic, je me suis dis ‘Soit ça passe, soit ça casse’. Ça a marché, j’étais libéré et je ne pensais qu’à bien jouer au football. Lors des détections, il faut faire abstraction de tout ce qu’il y a autour et uniquement se concentrer sur son football. Dans sa tête, il faut se dire qu’on joue au quartier avec ses amis.

Quel profil de joueur es-tu ? Quel est ton poste sur le terrain ?

Je suis un joueur au profil technique. Je me déplace beaucoup, j’essaie d’être le créateur du jeu. Je suis un joueur qui, sur la première prise de balle, essaie de faire des différences. Pareil pour la frappe, je n’hésite pas à frapper en une touche, j’ai marqué quelques buts comme ça. C’est aussi ce qui a plu à La Gantoise, ma qualité de frappe que ce soit du pied gauche ou du pied droit. Concernant mon poste, je me sens vraiment à l’aise en numéro 10, c’est vraiment à ce poste où je peux m’exprimer le mieux. Ici, on me fait aussi jouer en relayeur (8) et sentinelle (6).

On a parlé de tes points forts, as-tu des points à améliorer ?

Oui bien sûr. On ne peux pas tout avoir (Rires) ! Je pense que je dois encore m’améliorer sur le plan physique et défensif. D’ailleurs c’est pour ça que je joue certains matchs en sentinelle. Je dois aussi lâcher mon ballon un peu plus vite par moment.

Justement, le fait de te faire évoluer à plusieurs postes ne peut que t’aider à avoir une palette plus complète, qu’en penses-tu ?

Oui c’est exactement ça. Manu Ferreira, mon coach, essaye de me tester à plusieurs postes afin de me rendre plus complet. Et je vois vraiment la différence, à l’entraînement je joue soit 6 soit 8. J’ai un poste plus défensif que lorsque j’étais en France où je ne pensais pas forcément à cet aspect car j’évoluais haut sur le terrain.

Qui est ou sont ton/tes inspirations dans le monde du football ?

Depuis tout petit c’est Cristiano Ronaldo car il a tellement travaillé pour avoir ce qu’il a. Après y’a aussi Neymar car techniquement c’est vraiment le talent pur. Sinon j’aimais vraiment le Philippe Coutinho de Liverpool.

Mets-tu en place des choses pour être le plus sérieux possible?

Oui c’est important. Rester après les entraînements, travailler physiquement. Tout le travail invisible quoi.

La Gantoise et la Belgique

 « Premier match amical en pro, je marque et je fais marquer. Je pensais que j’allais monter plus souvent mais le coach s’est fait virer trois jours plus tard »

On va passer à ton aventure en Belgique. Comment s’est passé ton adaptation sur et en dehors du terrain?

Quand je suis arrivé en juin 2020, ça se passait pas trop mal. Il y a quelques personnes qui parlent français et ils m’ont bien intégré. Le plus difficile fut le changement d’environnement. J’étais dans un club amateur et j’atterris directement dans un club professionnel, il fallait que je m’habitue vite, que je sois mature et autonome rapidement. J’ai pris mes responsabilités et tout allait plutôt bien. En août, je fais un très bon match avec les U21, le coach de l’équipe première m’appelle pour un match amical contre Seraing (Royal Football Club Seraing, ndlr). Du coup, je suis avec les pros pour la première fois en match, je ne savais pas trop comment ça allait se passer. Le coach me fait rentrer à la 65ème minute, on perdait 1-0. Quinze minutes plus tard, je marque mon premier but et cinq minutes après je fais une passe décisive. L’entraîneur m’a félicité et il était content pour moi mais le problème c’est qu’il s’est fait viré trois jours plus tard. Et là, dans ma tête, je redescends car je m’étais dit que j’allais pouvoir monter plus souvent en professionnel.

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Découvrir le monde professionnel c’est forcément découvrir un autre niveau, tu ressens ça comment toi ?

Oui c’est forcément un autre niveau, c’est différent. En fait, en jeunes il y a beaucoup plus de pression. Quand tu arrives en professionnel, t’es beaucoup plus serein. En jeunes, y’a beaucoup plus d’intensité, tu cours beaucoup plus. Avec les U21 à la Gantoise, on court énormément ! Ça nous prépare pour après. Le truc c’est qu’il faut charbonner dans les équipes de jeunes pour être tranquille une fois arrivé dans l’équipe première. Après attention, là-haut aussi faut redoubler d’efforts pour avoir sa place, mais c’est autre chose.

Le championnat belge est connu pour lancer pas mal de joueurs. Par exemple, Atal et Bensebaïni sont passés par ce championnat. Ça te motive encore plus ?

Bien sûr, et le fait de les voir réussir ça fait chaud au cœur. Tu as envie de faire comme eux et de suivre leurs traces. J’ai regardé pas mal de matchs de notre équipe première, y’a vraiment de l’intensité. En Belgique, il y a du niveau avec des équipes comme Bruges qui jouent régulièrement la Ligue des Champions. Genk aussi par exemple, ils travaillent super bien chez les jeunes.

Quels sont tes objectifs à court terme avec La Gantoise ?

Là, à court terme, c’est à dire dès la saison prochaine, faire au moins cinq apparitions en professionnel. Je pense que c’est faisable, c’est important de se fixer des objectifs.

Sa convocation et son rapport à l’Algérie

« J’étais surpris et heureux de ma convocation. Ça me fait redoubler d’efforts »

Comment as-tu été contacté par la Fédération Algérienne de football ?

Ils ont envoyé un e-mail à mon club. Moi je ne le savais même pas ! C’est mon coach en jeunes qui a dit devant tout le monde : ‘Nous avons un nouvel international’. J’avais déjà reçu le message sur mon téléphone mais je ne l’avais pas sur moi. Quand j’ai vu le message, j’étais surpris et heureux. C’est une grande fierté de pouvoir représenter l’Algérie dans la catégorie U20.

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Ça donne une motivation supplémentaire au quotidien, non?

Exactement ! Tu redoubles encore plus d’efforts. Comme je l’ai dit c’est vraiment une fierté d’être convoqué. T’imagines ? Représenter l’Algérie et être élu meilleur joueur du Tournoi (Tournoi U20 arabe prévu en juin) par exemple ? Ça t’ouvres des opportunités incroyables après. Tu deviens international là, ça devient sérieux.

Tu appréhendes le stage qui arrive le 21 mai ? Tu connais certains joueurs convoqués? 

J’appréhende un peu, oui. Je ne me mets pas trop de pression, je veux juste jouer mon football et j’espère que tout se passera bien. Je me demande qui va être convoqué car je connais pas mal de joueurs algériens dans les centres de formation. Je connais bien Massil Adjaoudi du RC Lens et Djibril Ousmail d’Angers.

 « Mahrez et Bennacer sont des exemples, Youcef Atal est aussi très fort! »

On suppose que tu dois aussi suivre l’équipe nationale A d’Algérie ?

Bien sûr ! On a une très très grosse équipe.

Y a-t-il des joueurs que tu apprécies en particulier?

Riyad Mahrez bien évidemment pour tout ce qu’il accomplit. Youcef Atal est trop fort aussi ! Mais celui que j’aime le plus c’est Ismaël Bennacer.

D’ailleurs tu as un début de parcours à la Riyad Mahrez car tu n’es pas passé par un centre de formation et Bennacer joue dans ton secteur de jeu, ce sont forcément des exemples pour toi ?

Le parcours de Mahrez est extraordinaire, c’est un truc de fou ! Ça donne de la force et on se dit que tout est possible. Après pour Bennacer bien sûr c’est aussi un exemple. Quand t’as un joueur qui a la dalle comme lui à tes côtés sur le terrain, ça fait tout de suite la différence. Il a fait une CAN extraordinaire et j’aime trop les joueurs qui se défoncent sur le terrain comme lui le fait. D’ailleurs, Coli Sacko (joueur de la Primavera de l’AC Milan, ndlr), qui habite aussi à Bonneuil, il le voit tout le temps à l’entraînement à l’AC Milan et il m’a dit « C’est le meilleur joueur de l’équipe. Y’a ni d’Ibrahimovic ni de je ne sais pas qui. C’est lui le meilleur ».

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L’Équipe nationale A est un rêve pour bon nombre de joueurs, y penses-tu déjà ?

Bien évidemment. C’est un rêve que je veux réaliser. J’y pense déjà dans le sens où c’est un objectif à se fixer.

Le mot qui te résumerait le mieux ?

Détermination. Car si je n’étais pas déterminé je ne serais jamais devenu professionnel. D’ailleurs lorsque j’ai signé mon contrat pro, je n’y croyais pas. C’est mes agents qui me répétaient que c’était bien un contrat professionnel et que j’entrais dans la cour des grands.

D’où te vient cette détermination ?

Elle me vient du fait que j’aime trop le football et que je veux mettre à l’abri ma famille. Mes parents me suivent et me soutiennent depuis des années. Ils viennent me voir souvent jouer en Belgique. Et puis il y a mon grand frère, il a sacrifié beaucoup de choses pour moi. Sans lui, j’aurais déjà arrêté le football, il me donne un tas de conseils.

Un dernier message pour le public algérien ?

InshaAllah que l’on gagne cette Coupe Arabe des Nations U20 et puis One, Two, Three, Viva l’Algérie !

La Gazette du Fennec te remercie, Samy !

De rien, j’ai vraiment passé un bon moment. C’était sympa.

Entretien réalisé par Abdelkader Zinou, pour La Gazette Du Fennec

Bonus Vidéo – la facilité technique de Samy Mahour :

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