Sentence : Mahrez pour la légende et Madjer pour la postérité

Depuis samedi, Rabah Madjer n’est plus le seul joueur algérien à avoir remporté la Ligue des Champions UEFA. Riyad Mahrez l’a imité en soulevant la coupe aux grandes oreilles. Une consécration qui intensifie le débat de qui des deux est “le meilleur joueur Dz de tous les temps”. A confronter l’arythmique et le ressenti, on doit peut-être se faire à l’idée que chacun d’eux a accompli la quête à sa manière. Même si, au palmarès, le joueur de Manchester City a un avantage patent sur l’ancienne gloire du FC Porto. Lecture.

Tout d’abord, il faut savoir qu’on parle de deux époques distantes avec un football différent mais un talent commun bien qu’intrinsèquement distinct. D’ailleurs, à l’époque, la Ligue des Champions UEFA s’appelait la Coupe des clubs champions. Mais le trophée est resté le même. C’est juste pour illustrer la complexité d’un choix qui peut, à priori, appartenir à l’évident.

Talonnade, le coefficient de l’iconique  

Sur le plan des chiffres individuelles dans le tournoi, Mahrez est devant, quantitativement mais pas relativement, avec 20 réalisations en 55 apparitions alors que Madjer n’en compte “que” 11 en 17 matchs. Parmi ses buts, il y en a un qui est mémorable et iconique. Il s’agit de sa talonnade lors de la finale contre le Bayern Munich que le FC Porto avait battu à la surprise générale. Pour les puristes, ce pion a un pesant d’or tant il a été déterminant dans la consécration quasi-improbable des Portugais.

Dès lors, c’est l’anthologique qui prime sur les statistiques. On peut penser que Madjer a marqué plus les esprits lors du match décisif en laissant une empreinte éternelle et indélébile. Toutefois, dans une conquête, il y a les batailles qui viennent avant. Et Mahrez a aussi activement participé dans le triomphe des Mancuniens. Le gaucher a pris part à 9 des 13 tests européens pour 6 titularisations, 3 buts et 2 offrandes.

Stat’ : Mahrez est devant mais Madjer a une statue

On bascule désormais sur le palmarès individuel des deux Dz. Là, l’avantage est du côté de Mahrez qui compte 13 trophées majeurs en clubs contre 11 pour Madjer. Et quand on sait que le premier nommé évolue dans le meilleur championnat du monde actuellement, cela rend son CV encore plus impressionnant. Toutefois, on peut mentionner que le fait d’évoluer dans une équipe qui écrase tout sur son passage lui sert.

Et puis, la mémoire vient rappeler ce titre retentissant en Premier League avec Leicester City en 2016. Dans ce couronnement, le natif de Sarcelles a eu un rôle majeur qui reflète le statut d’impact player de Riyad. D’ailleurs, sa saison de folie lui avait valu d’être primé Meilleur joueur en Angleterre et Joueur africain de l’année 2016. Des honneurs continentaux qu’avait connus Madjer en 1987 grâce à…. sa victoire en C1 avec le FC Porto.

Par ricochet, on peut penser que Mahrez a de fortes chances de décrocher celui de 2023 et dépasser son compatriote au palmarès. Mais, est-ce que cela lui vaudra une statue à l’Etihad stadium comme c’est le cas pour son ainé dans à l’Estádio do Dragão ? Pas si sûr. Quasi-impossible même. C’est juste pour avoir une idée sur le mysticisme autour de Rabah dont l’aura a atteint le stade de vénération. Et quand on sait que même Michel Platini, considéré comme le meilleur joueur en Europe à l’époque, était admiratif de l’Algérien…

Au “Vert”, Mahrez est plus éclatant 

Pour clore, on passera le duo au révélateur des Verts. Les deux ont trôné en Afrique en décrochant la CAN. Dans cette épreuve, Madjer a ouvert la voie en 1990 et Mahrez l’imitait en 2019. Et ils étaient tous les deux capitaines exemplaires en menant l’équipage en terres de gloire. A ce jour, ce sont les deux uniques étoiles pour l’Algérie.

Pour le départager, on jette un œil sur les sélections et les contributions. Et l’arithmétique va -de nouveau- du côté de Mahrez qui est 3e meilleur buteur (29 réalisations) et meilleur passeur (29 unités) des Fennecs après 81 capes.  Pour sa part, Madjer a porté le maillot d’El-Khadra à 86 reprises pour 28 buts et 4 passes décisives. A la somme de tous ces éléments, on peut introniser Mahrez comme roi du football Dz. Toutefois, Madjer, produit pur du football national et l’école du NA Hussein-Dey, ne peut pas perdre de sa royauté tant il a laissé une signature mondiale qu’aucun accomplissement “palmarèstique” ne peut effacer.

Le débat Mahrez/Madjer sur “C’est vous l’Expert” ce lundi: