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Entretien Exclusif

Sid Ahmed Aïssaoui : “Mon rêve c’est de jouer en Europe !”

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Nous avons eu l’honneur de converser avec le jeune meneur de jeu de l’USM Alger, Sid Ahmed Aissaoui, âgé de 18 ans seulement. Au travers de notre entretien, émane une maturité et une confiance palpables malgré son jeune âge. Le crack usmiste, natif de Blida, envisage avec détermination une carrière européenne, suivant ainsi les traces de ses compatriotes qui ont brillé sur la scène internationale, tels que Bensebaini, Atal, Kadri, Boudaoui, et d’autres figures marquantes du football algérien.

Déjà merci d’avoir accepté de faire cette interview Sid Ahmed, pour commencer parle nous un peu de tes débuts en tant que footballeur ?

J’ai commencé au quartier comme c’est le cas pour de nombreux Algériens, et puis petit à petit mes potes se rendaient au stade pour faire des essais à l’USM Blida.

Tu es originaire de Blida ?

Oui c’est exact. Bon pour te dire la vérité, au début je n’étais pas très chaud à l’idée d’aller faire des tests, mais un jour, un entraineur de l’USMB m’a repéré au quartier et m’a proposé d’aller s’entraîner avec eux le lendemain. Après j’en ai parlé avec mon père et il a accepté. Au début je jouais par pur plaisir mais quand je suis arrivé en catégorie minime ça commençait à devenir sérieux.

À quel âge as-tu été repéré par cet entraîneur, et pourrais-tu nous rappeler son nom?

Je ne me rappelle pas exactement, peut-être vers l’âge de six ou sept ans. L’entraîneur s’appelle Chikh Islam Azzoun. C’est lui même qui a demandé que je sois surclassé lorsque je commençais à performer en minimes. Il voyait que j’étais vraiment au dessus des autres. Du coup chaque année, je me retrouvais avec des joueurs plus âgés que moi..

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Donc en tout tu as joué combien d’années à l’USM Blida?

Environ six ans. Ensuite, l’Académie de Khemis Miliana a contacté mon père pour lui demander si je pouvais passer des tests, et il a accepté. Avec un ami qui jouait comme latéral droit, nous avons passé trois jours d’essais là-bas. Ils m’ont retenu, mais pas mon ami. Mon père a examiné le contrat et a donné son accord. Ensuite, j’ai signé pour un an avec eux.

Raconte nous un peu comme cela s’est passé à Khemis Miliana ..

Je dois avouer que cela ne s’est pas déroulé comme je l’espérais car j’ai évolué en réserve. Nous jouions contre les Espoirs de deuxième division (ndlr : Sid Ahmed étant en U17). Tous nos matchs se déroulaient à l’extérieur. Après un certain temps, on m’a approché en me disant qu’il serait nécessaire de me surclasser pour évaluer si je pouvais intégrer l’équipe première.

Nous nous sommes rendus à Sidi Moussa, où ils m’ont effectivement surclassé. Cependant, par la suite, on m’a informé qu’il y avait un problème, lié à une décision du médecin, je ne sais pas exactement de quoi il s’agissait. En conséquence, on m’a expliqué qu’il y avait eu un problème, le médecin ayant interrompu le processus. Ma licence n’a pas été validée, et par conséquent, j’ai passé une année à jouer uniquement des matchs amicaux à l’Académie.

C’était en quelle année ?

En 2020.

Qui était ton entraîneur durant cette période  ?

C’était Messas Lakhdar.

“Mes parents ont refusé que je rejoigne le Paradou AC car j’étais trop jeune”

Et pendant ton cursus à Blida tu n’avais pas des contacts avec d’autres clubs ?

Une fois fois on avait joué un match amical contre le Paradou chez eux, et je me rappelle avoir très bien joué même si on avait perdu 9-1. Quelques temps après, ils ont pris contact avec mon père afin de savoir si je pouvais les rejoindre pour faire des tests. Mais il a refusé. Ma mère aussi n’était pas d’accord car j’étais encore très jeune.

En 2020, comment s’est déroulé concrètement ton transfert à l’USMA? ?

Ils ont d’abord discuté avec mon père. Il leur a indiqué qu’il devait impérativement y avoir un moyen de transport à ma disposition. Les entraînements à l’USMA pour la catégorie minimes et cadets débutent à 19h. Mon père voulait donc que quelqu’un m’accompagne jusqu’à Blida. À ce moment-là, j’avais arrêté les études en quatrième année et n’avais pas obtenu mon BEM. En fin de compte, l’USMA a favorablement répondu à la demande de mon père. Il y avait également trois joueurs de l’USMA qui n’étaient pas pris en charge, mais leurs parents assuraient le transport.

Combien d’entraînements aviez-vous par semaine?

Nous avions quatre entraînements par semaine. Cela se déroulait le dimanche, lundi, mardi à 16h, et je rentrais seul en transport en commun. En plus de cela, nous avions un entraînement le mercredi. Si nous avions un match le samedi, le dimanche était une journée de repos. Ensuite, nous reprenions les entraînements le lundi, mardi, mercredi, et jeudi. Le vendredi était une journée de repos, et le cycle recommençait avec un match le samedi.

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As-tu quand même connu des moments difficiles ?

Beaucoup, même. Parfois, le train n’arrivait pas à l’heure, et je ne te parle même pas des conditions en hiver quand il pleuvait. Au début, Chikh Lakhdar m’a dit qu’une fois que tu arrives, on te signe le contrat. Cependant, à cette époque, Hocine Achiou, leur a indiqué qu’il fallait d’abord me voir jouer pour prendre une décision. J’ai donc joué un an gratuitement. À la fin de cette saison, notre DTS, Sofiane Benkhelifa, est venu me voir et m’a annoncé qu’on allait me signer un contrat. Il a également discuté avec mon père, ils se sont entendus sur tout, et j’ai finalement signé un contrat de trois ans.

Pour resituer un peu les choses, tu as signé à quel âge chez eux ?

J’avais  presque 17 ans. En gros, j’ai passé un an où il fallait vraiment prouver ensuite j’ai signé mon contrat et depuis je touche 30 000 da mensuel et je n’ai pas encore eu d’augmentation.

Quelle a été la suite après la signature de ton contrat?

Après la signature de mon contrat, le DTS m’a appelé pour m’informer que je participerais à la préparation avec les Espoirs. C’était la première fois que je montais avec les Espoirs, et j’ai effectué la préparation à Tikedjda. J’ai joué en tant que titulaire durant les matchs amicaux, mais par la suite, des problèmes sont survenus avec ma licence.

Quels genres de problèmes avais-tu rencontrés, et qui était l’entraîneur des Espoirs?

Les entraîneurs des Espoirs étaient Hsissen Belhadj et Farid Djahnine, et ils le sont toujours aujourd’hui. J’ai fait la préparation avec eux, mais le DTS m’a informé que l’obtention de la licence Espoir n’était pas possible car ils avaient besoin de moi en U19. Il a expliqué qu’ils ne voulaient pas brûler les étapes et m’ont assuré que si je ne jouais pas avec les Espoirs, je pourrais jouer avec les U19.

Cependant, j’ai passé quatre matchs sans jouer car la licence n’était pas prête. Le problème était également que le championnat U19 commençait plus tard que celui des Espoirs. Au début, j’ai manqué tous les matchs avec les Espoirs car je n’avais pas de licence. À un moment donné, j’ai exprimé ma frustration et j’ai discuté avec le DTS. Il m’a conseillé de descendre en U19 pour mieux connaître mes coéquipiers et jouer les matchs amicaux. Il m’a assuré que si je prouvais mon potentiel en championnat avec les U19, je monterais ensuite avec les Espoirs.

L’entraîneur des Espoirs prenait régulièrement de mes nouvelles malgré la situation.

Donc, tu as fait une seule saison avec les U17, puis tu as été surclassé directement en U19?

Oui, en principe, j’aurais dû jouer avec les U18, mais je jouais avec les U17 (2004), étant moi-même un joueur de 2005. Cependant, j’ai été surclassé directement en U19. J’ai effectué la préparation avec les Espoirs, où la plupart des joueurs étaient nés en 2001-2002.

Raconte-moi un peu ta deuxième saison avec l’USMA.

En résumé, j’étais souvent entre les U19 et les Espoirs. J’ai joué beaucoup plus régulièrement avec les U19, mais j’ai quand même participé à 5 matchs au total avec les Espoirs, dont 4 en championnat et un en Coupe d’Algérie. Ils avaient perdu le championnat, alors peut-être que j’aurais pu jouer davantage avec eux.

Avec les U19 tu as réalisé  le triplé, c’était quoi le secret de cette réussite ?

Bon on a débuté tranquillement avec les matchs amicaux, puis petit à petit on a commencé à élever un peu le rythme et créer des automatismes. Dès qu’on a gagné notre premier match la machine s’est lancée. On avait un entraineur très compréhensif, il savait transmettre le message. Pour te situer un peu notre performance, à l’aller on a perdu qu’un seul un match, le reste on a gagné et fait un nul.

Et le style de jeu de ton équipe était plus axé sur la possession ou les transitions rapides ?

Conservation de ballon. On bossait ça énormément à l’entrainement. On évoluait en 4-3-3 et j’étais positionné en numéro 10 juste derrière l’attaquant.

Et au niveau des statistiques?

J’ai terminé la saison en tant que meilleur passeur du championnat et meilleur buteur lors des play-offs. Lors de ces play-offs, nous avons affronté des équipes telles que le CS Constantine, la JS Saoura et le CR Bélouizdad à Oran. En Coupe d’Algérie, j’ai marqué en finale et également quelques buts lors des tours précédents.

“J’ai été appelé en Senior par Boualem Charef. Un coach qui apprécie les jeunes talents”

Concernant cette saison, comment vois-tu les choses ? Et quelqu’un t’as déjà contacté pour t’entraîner avec les A?

Je joue tous les matchs en tant que titulaire, sauf un. En ce qui concerne l’entraînement avec les A, oui, cela s’est déjà produit lorsque j’étais en U19.

Quel entraîneur t’avais appelé?

Boualem Charef. C’est quelqu’un qui apprécie beaucoup les jeunes talents. Il a demandé à la direction les résultats de notre catégorie, et comme nous étions en tête du classement, il a insisté pour obtenir les cinq joueurs les plus performants, dont je faisais partie. Cela comprenait un milieu, deux attaquants et deux défenseurs.

Donc, cette saison, tu vas continuer avec les Espoirs, et tu aspires à viser l’équipe première la saison prochaine…

La saison dernière, le DTS nous avait clairement indiqué que si nous remportions le championnat ou la Coupe d’Algérie, le meilleur parmi nous ferait la préparation avec les séniors. Malgré le triplé que nous avons réalisé, ces promesses n’ont pas été tenues. Avec l’arrivée de Taoufik Korichi, tout a été chamboulé, le DTS n’avait plus autant de poids. Au final, comme je l’ai mentionné, j’ai effectué la préparation avec les Espoirs.

Maintenant, passons au chapitre de l’équipe nationale. Quand as-tu été appelé pour la première fois?

Quand je jouais à Blida, j’ai participé à une détection à Sidi Moussa, mais ils ne m’ont pas retenu. Ensuite, lorsque j’étais à l’Académie de Khemis Miliana, j’avais été sélectionné pour participer à un tournoi en France. Malheureusement, en raison de la pandémie de la COVID-19, tout a été annulé, même si nous avions déjà réglé toutes nos démarches administratives.

Donc du coup le tournoi UNAF du mois dernier est la première grande compétition pour toi.

Oui c’est la première fois que je joue contre des nations comme la Tunisie etc.

Justement, avant ce tournoi, il n’y a pas eu beaucoup de stages pour vous préparer…

Oui, en effet, nous n’en avons fait que deux. Le premier était une sorte de détection des joueurs évoluant dans le championnat local, et le deuxième incluait également les joueurs nous ayant rejoints depuis l’étranger. Cependant, au final, ils ne sont pas tous venus… (Ndlr : Belaid et Senhadji ont finalement rejoint les rangs de l’Espagne U18).

Après avoir fait le stage, comment était le groupe, et quel était le discours du sélectionneur avant le tournoi?

Dès le premier jour du rassemblement, nous avons disputé un match amical le soir même. Le coach a choisi les joueurs les plus compétitifs. En une mi-temps, il m’a fait sortir ainsi que Kohili et un autre joueur qui s’est par la suite blessé avant le tournoi (ndlr : Remdhaoui du Paradou AC).

Par la suite, il nous a fait part de sa détermination à réussir et a souligné qu’il ne comptait pas se rendre en Tunisie pour faire du tourisme. Il avait à cœur de réaliser un bon tournoi, car généralement, dans toutes les catégories jeunes, il y a eu des déceptions. Concernant les matchs amicaux, nous en avons disputé 3 contre les U21 du RC Kouba, Ben Aknoun, et le RC Arbaa.

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Ensuite vous êtes partis en Tunisie et vous vous êtes retrouvés entre locaux et binationaux, est ce que vous avez fait un travail tactique, l’équipe était déjà prête ?

C’était un peu flou au début, il était un peu perturbé parce que les joueurs évoluant en France n’étaient pas tous arrivés en même temps. Côté tactique, on a bien bossé sur l’analyse vidéo, par exemple pour le premier match contre la Tunisie, on nous a dit qu’ils laissaient de l’espace derrière et qu’il fallait jouer à fond les deuxièmes ballons. On a également analysé leur match contre le Congo, en nous donnant plusieurs instructions notamment de jouer les contres.

Du coup ce premier match contre la Tunisie arrive, on vous sentait à l’aise dans la maitrise technique et vous aviez clairement dominé le milieu mais malheureusement cela s’est mal passé ..

Bon pour te dire honnêtement j’étais un peu stressé, mais dès mes premières prises de balle j’ai très vite pris confiance. Vu notre rendement sur le terrain, je me suis dit au pire des cas on va finir avec un match nul. Malheureusement notre défense n’était pas au rendez-vous, ils nous ont marqué des buts très faciles, ça nous a refroidi. Psychologiquement on était atteint et ils ont marqué le deuxième. En rentrant à la mi-temps, je me disais que c’était impossible qu’on perde ce match, ce serait une honte. On ne pouvait pas gagner le tournoi avec ce genre d’erreurs…

En parlant de cela, tu as évolué comme meneur de jeu, avec deux joueurs derrière toi. On a eu l’impression que tu faisais ce que tu voulais avec le ballon, tu te retournais facilement, tu perforais. Avec un peu de recul, qu’est-ce qui t’a manqué dans ce match ? 

En réalité, le problème était que je recevais peu de ballons et que j’étais très bien marqué. J’ai demandé au coach si je pouvais descendre un peu plus pour chercher les ballons, car les deux milieux, Smahi et Kharoubi, avaient tendance à jouer un peu trop latéralement, ce qui faisait que je ne touchais pas le ballon suffisamment. Le coach a accepté ma demande, en précisant que je pouvais descendre un peu pour chercher les balles, à condition bien sûr que je sois en confiance. J’ai réussi à perforer deux fois leur bloc avec assurance, ce qui m’a donné confiance. Cependant, il m’a également conseillé de ne pas prendre trop de risques.

Deuxième match contre le Maroc, une équipe bien huilée qui se prépare depuis l’année dernière, dès le début  ils vous ont asphyxié mais progressivement vous aviez repris confiance, quel regard as-tu sur ce match avec un peu de recul ? 

Oui c’est vrai qu’on avait très bien joué. On est bien revenus dans le match et on se sentait bien sur le terrain. Mais malheureusement après l’expulsion de notre arrière droit (ndlr : Anthony Khelifa), on a un peu perdu la maitrise du ballon. Mais paradoxalement vers la fin du match, mes coéquipiers ont senti qu’on pouvait gagner, le milieu était haut. Puis, mon coéquipier a perdu le ballon (ndlr : Sahraoui), ils ont fait une longue passe derrière le dos de notre défense et ça n’a pas pardonné.

Nous avions faim, car à 10, nous voyions que nous jouions bien, le bloc fonctionnait bien, et le Maroc jouait sur les latéraux. C’était difficile pour eux de trouver une solution, le match était ouvert.

Tu penses pas que c’était volontaire de leur part de vous laisser le ballon vers la fin et procéder en contre ?

Oui c’est fort possible car ils étaient en supériorité numérique et j’ai senti aussi qu’ils ne voulaient plus faire le jeu.

“On a manqué d’automatismes au Tournoi UNAF U20 en Tunisie, on méritait mieux !”

Après deux défaites en deux matchs, c’était quoi votre ressenti au sein du groupe ?

Nous étions très déçus parce que nous savions que nous méritions mieux. D’ailleurs, les entraîneurs tunisien et marocain ont dit à notre coach qu’ils étaient étonnés que notre équipe ait été construite en seulement dix jours. Ils ont également mentionné que, avec plus d’automatismes, nous aurions pu réaliser quelque chose de très abouti. Par exemple, le Maroc a disputé plusieurs matchs amicaux contre des équipes nationales, alors que pour nous, c’était contre des U21 de clubs algériens.

En fait pourquoi on t’a changé de poste face au Maroc pour évoluer comme ailier droit alors que tu étais très à l’aise en meneur de jeu ?

En fait quand le staff a analysé le match du Maroc contre l’Egypte, il a vu que leurs latéraux montaient beaucoup surtout le latéral gauche. J’ai été donc replacé comme ailier droit pour le dissuader de monter et comme j’avais donné une bonne impression lors du premier match, on m’a  dit de reproduire la même prestation sur le côté droit.

C’est d’ailleurs un latéral qui joue au Real Madrid ..

Oui exactement. Au final on m’a sorti à la mi-temps, je n’étais pas content de ma prestation mais le coach m’a félicité en me disant que j’avais bien appliqué ses consignes. Avec l’entrée de Lahlou en seconde période, le latéral gauche était un peu fatigué et du coup c’était plus facile pour lui de faire la différence.

Ensuite, contre l’Égypte, on t’a encore changé de poste et tu as évolué comme milieu défensif. Ton ressenti sur ce nouveau rôle un peu plus défensif ? 

J’ai joué comme milieu défensif droit. Je savais qu’il fallait vraiment que je défende bien, il ne fallait pas que j’attaque trop. Il était aussi important de bien intercepter les deuxièmes ballons. Quand je suis rentré, je voulais prouver davantage. Il y a eu une action où j’ai dribblé deux joueurs, mais ensuite j’ai perdu le ballon, et j’ai senti que ce n’était pas mon poste. Au bout de vingt minutes, l’entraîneur m’a replacé comme milieu relayeur gauche, donc on est revenu en système avec une sentinelle et moi et Bensoula comme relayeurs.

Ce que j’ai remarqué aussi, c’est que ton jeu long est de grande qualité. Tu as fait beaucoup de passes longues, notamment vers Lahlou Akherib, c’était des consignes du  coach ?

Bon à vrai dire l’entraîneur ne peut pas vraiment te dire ce que tu dois faire sur le terrain,  il va t’avertir sur certaines actions mais il dicte pas totalement ton jeu. En fait, j’ai vu que Lahlou demandait beaucoup le ballon et faisait des appels. De plus, on perdait donc pour circuler le ballon c’était contre productif. Il fallait des solutions rapides..

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Bon finalement vous avez perdu contre l’Egypte, encore une fois sur des erreurs défensives..

Sur des balles arrêtés. Pourtant, l’entraîneur a beaucoup insisté sur ça durant les entrainements, nos défenseurs appliquaient bien les consignes mais pendant les matchs ils s’oublient…

Contre la Libye vous meniez 3-0 à la mi-temps dont une superbe volée de ta part, comment t’avais vécu ce moment là ?

En fait, je n’attendais pas vraiment que le ballon vienne vers moi. Kohili était de dos, et je me suis dit s’il lève le ballon, ça va être sûrement vers l’avant centre, donc à 20% seulement je me suis dit qu’elle viendrait vers moi. Mais bon, quoiqu’il en soit, je me préparais pour les seconds ballons. Je t’avoue que j’étais un peu gêné, je n’étais pas dans une bonne position, j’avais un bon équilibre du corps. Dès que j’ai senti qu’elle sera cadrée, je me suis dit ça va rentrer.

Et ensuite t’as fait passe décisive…

Oui, deux ou trois minutes après, on les a pressés, et ils ont perdu le ballon. J’avais deux choix, soit Kohili ou Kolli, j’ai décidé de jouer dans l’intervalle à Kolli et on a ajouté le deuxième but. Le dosage aussi était parfait.

Aujourd’hui dans le monde du foot, ça joue beaucoup en sentinelle et deux numéros 8 qui ont un rôle de box-to-box. Te concernant t’es un dix à l’ancienne, c’est quoi le regard des gens qui te connaissent, ils te décrivent comment ?

En fait, les gens me disent souvent que j’ai un beau style de jeu. Ils remarquent que je joue avec confiance, n’hésitant pas à provoquer et à faire monter le bloc de mon équipe sur le terrain.

Oui, contre la Tunisie, je t’ai dit, au début j’avais un peu peur, car quand tu entends les échos, les gars jouent à Al Ahly, Real Madrid, etc. L’autre joue en sénior et toi tu joues à l’USMA, les moyens ne sont pas les mêmes, et on sait qu’en Algérie on travaille pas comme c’est le cas à l’étranger, ils sont au-dessus de nous au niveau du travail et de la rigueur.

“Si on me place en Europe. Je peux jouer tranquillement avec eux, je n’ai pas peur !”

Justement, en Algérie, on n’a pas beaucoup de centres de formation à part le Paradou. T’as joué contre le Maroc, par exemple, ils ont des joueurs de l’Atlético et du Réal Madrid. Selon toi, avec du recul à la fin de ce tournoi, dans quels aspects de jeu tu dois t’améliorer ? 

J’ai compris que si on me place en Europe, je peux jouer tranquillement avec eux, ils ne me font pas peur. Je dois m’améliorer sur l’aspect académique, tactique, et mieux scanner le jeu.

Tactiquement, s’ils te mettent dans une équipe bien organisée, tu vas encore mieux exprimer ton talent ?

Oui beaucoup surtout si la sentinelle te comprend bien, et te donne de bonnes passes entre les intervalles etc c’est fini. Après tu sais il y a des joueurs qui étaient un peu lents, comme je te disais, il fallait vraiment que je descende très bas pour chercher les ballons. Au point où l’entraineur m’avait averti. Je pense que je peux nettement mieux performer si les automatismes sont meilleurs et que le collectif est bien huilé.

Avant les échéances qui vous attendent l’année prochaine notamment les qualifications à la CAN 2025, c’était quoi le discours de l’entraineur Yacine Manaa à la fin du tournoi ?

Il nous a remerciés pour nos efforts et nous a dit qu’il y avait des nouveaux, que ce n’était pas facile, que certains n’avaient jamais joué en équipe nationale, et d’autres n’avaient jamais joué contre des équipes nationales, comme moi par exemple. Il nous a dit que l’erreur ne venait pas de nous, que l’équipe avait commencé en retard. Il nous a également indiqué que ce n’était même pas sûr que nous allions participer à ce tournoi.

“Même si je performe avec l’USMA, Belmadi n’aura pas d’intérêt car notre championnat est trop faible”

Pour toi, l’objectif à court – moyen terme est d’évoluer avec les Séniors de l’USM Alger mais évidemment que la sélection nationale A est dans un coin de ta tête ? 

Tu sais, je sais une chose, si je performe avec l’USMA je ne pense pas que Belmadi aura un intérêt, notre championnat est trop faible. Je serais sélectionné que si j’évolue à l’étranger.

Mais Belaid a quand même appelé par Belmadi…

Tu sais chez nous, on donne pas la chance aux jeunes. L’année dernière si ce n’était pas Charef qui nous avait fait confiance je ne pense pas qu’ils auraient promu cinq jeunes. C’est ça le plus difficile en Algérie. Tu as beau faire tout ton possible, performer, avoir des statistiques, mais tu ne seras pas considéré à ta juste valeur. Il faut parfois aller prouver en deuxième division pour qu’après tu reviennes en Ligue 1, à part le Paradou…

Mais bon la pression au Paradou n’est pas la même, les joueurs sont plus à l’aise. Tu ne penses pas que c’est plus difficile pour un jeune de réussir dans un grand club en Algérie, au vue de l’exigence des supporters et dirigeants ?

Oui je suis totalement d’accord. Ils ne vont pas prendre de risque avec un jeune, sauf si un sénior n’est pas bon.

Dans quel championnat tu aimerais évoluer ?

Le plus difficile reste de loin la Premier League anglaise, mais il faut beaucoup de travail, il ne faut pas griller des étapes. J’aime bien le championnat français aussi.

“J’aime le style de Fares Chaïbi”

Concernant l’équipe nationale A, bon tu as 18 ans tu es né en 2005, quand on s’est qualifié en Coupe du Monde 2010 tu étais encore petit, mais si tu pouvais me donner le nom d’un joueur qui ressemble à ton style ?

Wallah de tête comme ça directement je ne sais pas, mais actuellement j’aime bien le style de Farès Chaibi.

Sid Ahmed pour finir, tu penses quoi des centres de formation comme celui du Paradou ? Il faut qu’il y en ait plusieurs en Algérie ?

Ah mais totalement. Ils aident beaucoup les jeunes, parce que t’es nourri et logé. Tu fais tes études sur place donc tu te concentres pleinement sur le foot. Regarde combien ils en ont exporté en Europe.

On sent chez toi une grosse sérénité et une confiance pour ton futur Inchallah. Un dernier mot à tous les supporters qui découvrent ton parcours, Sid Ahmed. Qu’aimerais-tu partager avec ceux qui te découvrent et avec les lecteurs de La Gazette du Fennec ?

Je tiens à exprimer ma gratitude envers tous les supporters qui prennent le temps de découvrir mon parcours. C’est un honneur de représenter l’USM Alger et de contribuer au football algérien. J’espère pouvoir inspirer les jeunes talents et je promets de donner le meilleur de moi-même pour représenter fièrement notre club et notre pays sur le terrain. Un grand merci à tous ceux qui me soutiennent et suivent mon évolution.

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