Pour lui, il n’y a pas eu d’hésitation. Il n’était pas question d’affronter un adversaire qui représentait l’ « entité sioniste ». Quitte à mettre son avenir de sportif en péril. Fethi Nourine, en concertation avec son entraîneur Amar Benikhlef, avait décidé de renoncer à sa participation aux épreuves de judo chez les -73 kg aux JO 2020 afin de ne pas croiser le chemin de Tohar Butbul. Pour l’Algérien, ce forfait, n’était qu’attitude logique de la politique adoptée par le gouvernement algérien vis-à-vis de la Cause palestinienne. La position politique a primé sur la charte olympique avec les conséquences qui en ont découlé.
C’est mercredi que Fethi Nourine (30 ans) a débarqué à Alger en provenance de Tokyo avec son entraîneur Amar Benikhlef (médaillé d’argent aux JO de Pékin 2008) sans avoir mené le moindre combat sur les tatamis japonais. Mais ce n’est pas pour autant que le natif d’Oran n’a pas laissé son empreinte aux Olympiades.
Accréditation retirée et sanction à venir
Sa démarche a provoqué une audition de Hassiba Boulmerka, cheffe de la délégation algérienne, par le Comité Olympique international (CIO). Suite à quoi il a été décidé de retirer l’accréditation à Nourine et son coach qui ont « agi seuls » d’après nos officiels là-bas. C’était la seule parade pour éviter que tous les athlètes Dz concernés par les joutes nipponnes ne soient pas renvoyés.
Malgré cette attitude à la forte symbolique mais qui aurait pu coûter cher, Nourine ne regrette pas d’avoir boycotter un probable combat avec son homologue Butbul : « J’ai été choqué quand j’ai vu que le tirage au sort m’opposait au judoka de “l’entité sioniste”, que je n’attendais pas, mais je n’ai pas hésité à prendre la décision de me retirer. J’ai pris la décision avec mon entraîneur (Amar Benikhlef) et j’en suis fier », a-t-il indiqué devant les micros des médias algériens qui l’attendaient à l’aéroport international Houari Boumediene en compagnie d’une centaine de personnes venues l’acclamer pour son geste.
Une question d’ « honneur »
A ses yeux, l’Oranais n’a fait que son devoir : « Je suis heureux d’avoir mis en colère “l’entité sioniste” et d’avoir reçu des messages (de soutien) du monde arabe et islamique. Cette décision m’honore d’abord et honore ma famille, le peuple algérien et l’État algérien, car le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré que nous ne bénissons pas la normalisation et que nous soutenons la cause palestinienne.»
Les bruits de couloirs évoquent une suspension de 4 ans à venir pour cette inconduite. La Fédération algérienne de judo (FAJ), présidée par Yacine Silini, n’a pas cautionné l’attitude de Nourine. Et l’athlète n’a pas hésité à charger le patron de la FAJ : « le président de la FAJ s’est dit surpris de ma décision arguant que je suis à Tokyo pour représenter l’Algérie et non la Palestine. Je n’ai pas trahi mon pays ni ma cause (la cause palestinienne) pour les beaux yeux de instances internationales comme certains le font.» Nourine a semblé convaincu par sa démarche. Il est prêt à en assumer les conséquences. Pour lui, entre la suspension et la normalisation, le choix est vite fait.