Le tirage au sort de janvier dernier a désigné le Cameroun comme dernier obstacle à la participation des coéquipiers de Riyad Mahrez à la grande messe du football. Un géant d’Afrique que l’Algérie n’a jamais battu en compétition officielle. Tous matchs confondus, l’Algérie et le Cameroun cumulent 9 oppositions. Les Lions indomptables sont largement devant au nombre des matchs gagnés.
Guendouz et le penalty raté de la CAN 1984
La première rencontre se déroula lors de la CAN 1984 en terre ivoirienne. Les camarades de Rabah Madjer, éblouissants lors du 1er tour, rencontrent les coéquipiers de Joseph-Antoine Bell en demi-finale. Malgré les occasions de part et d’autre, le match se finit par un nul vierge. La décision s’est faite aux tirs aux buts : 5-4 pour les Lions indomptables. Le seul pénalty raté fût l’œuvre de Mahmoud Guendouz du côté algérien. Pour la petite histoire, grâce à cette victoire, le Cameroun se qualifie pour sa 1ère finale et remporta par la suite son premier titre africain contre le Nigeria. Les hommes de Mahieddine Khalef ont fini sur le podium en battant l’Égypte 3-1 durant la petite finale. Ils finissent aussi invaincus, avec la meilleure défense (1 but encaissé) et meilleure attaque (8 buts marqués) du tournoi.
Un mauvais souvenir en 1986 avant le Mexique
Deux ans plus tard en Égypte, Camerounais et Algériens se retrouvent dans la même poule pour la CAN 1986. Après deux matchs nuls et vierges contre le Maroc et la Zambie, les Verts sont au pied du mur. Ils doivent absolument battre le Cameroun dans un dernier match épique face au tenant du titre et entre « mondialistes » africain. En effet, l’Algérie venait de se qualifier pour la 2ème fois consécutive à la coupe du monde, au Mexique, en balayant la Tunisie (4-1 et 3-0). Malheur au vaincu qui devra rentrer à la maison. Malgré l’ouverture du score signée Madjer (61‘), l’Algérie perd vite le fil du match. Submergée par les attaques camerounaises, elle encaisse 3 buts coups sur coups par André Kana-Biyik (66′ et 70‘) et Roger Milla (72‘). Karim Maroc réduit l’écart à la 73ème minute, mais le portier Thomas N’Kono a su, par la suite, préserver sa cage inviolée jusqu’à la fin du temps règlementaire. Victoire des Lions 3-2. L’Algérie sort par la petite porte avec une participation bien terne malgré une équipe de très bonne qualité.
Le cauchemar de Ouagadougou à la CAN 1998
Il faut attendre les coupes d’Afrique 1998 et 2000 pour voir les deux équipes de nouveau face à face. En 1998, Les Verts retrouvent les Camerounais encore une fois lors du 3ème round en phase de poule. Mais cette fois-ci, changement radical ! L’Algérie de Moussa Saïb était déjà éliminée, après ses défaites contre la Guinée et le Burkina Faso. A l’inverse le Cameroun, déjà qualifié, jouait totalement libéré. Cela n’empêcha pas les camarades de Tchami de sortir vainqueurs 2-1 (but de Dziri Bilel). Les hommes de Abderrahmane Mehdaoui finissent dernier du groupe avec zéro point au compteur. Eliminée piteusement des éliminatoires du Mondial 98, la sélection algérienne est en pleine traversée du désert !
CAN 2000, l’Algérie tombe avec les honneurs
En l’an 2000, après de multiples changements à la tête de la sélection, l’équipe algérienne est dirigée par Nacer Sandjak qui essaye de lui insuffler un nouvel élan. Des locaux expérimentés (Tasfaout, Zeghdoud ou Saïb), et des jeunes loups binationaux (Kraouche, Mamouni) portent cette équipe. A la CAN, co-organisée par le Ghana et le Nigeria, après un 1er tour honorable où ils terminèrent 2ème de leur groupe, les Verts rencontrent, en quart de final, l’ogre de l’époque : le Cameroun de Samuel Eto’o et Marc-Vivian Foé. D’ailleurs ce sont ces deux joueurs qui ouvrent la marque très rapidement. 2-0 en moins de 15 min de jeu ! Les coéquipiers de Rafik Saifi sont KO debout, mais pas résignés ! En 2ème période, après quelques changements judicieux, les Algériens reviennent avec des intentions plus offensives et font douter les Lions du Cameroun. C’est tout logiquement qu’ils réduisent la marque à la 78ème minute sur une tête rageuse de Tasfaout qui manque de peu l’égalisation quelques minutes plus tard. Malgré de derniers efforts algériens, le score ne bougera pas. Durant cette édition de la CAN avec sa génération dorée, le Cameroun, futur Champion, aura tremblé seulement face à l’Algérie.
Un nul héroïque à la CAN 2004 (1-1)
Le nouvel élan ne fût que chimère. Éliminée des coupes du monde 1998, 2002 puis 2006, avec au passage une CAN 2002 sans saveur, la sélection algérienne broie du noir. Tout l’inverse des Camerounais qui soulèvent le graal africain en 2000 et 2002. C’est en tout logique que les coéquipiers de Rigobert Song arrivent en grand favori à la CAN tunisienne de 2004. Dans un groupe de la mort, avec l’Égypte, le Zimbabwe et le Cameroun, personne ne misait sur les Fennecs de Rabah Saadane et Boualem Charef. Un effectif et un staff instables, une préparation chaotique, tout portait à croire à une nouvelle déconvenue. D’autant plus lors du premier match contre Eto’o et ses coéquipiers. Mais il n’en fût rien. Malgré une domination de tous les instants, le Cameroun ne réussit à marquer qu’une fois (Patrick M’Boma) et l’Algérie réussit à égaliser par Brahim Zafour. Le reste du match « Les Guerriers du désert » ont bien porté leur surnom et ont réussi à repousser toutes les tentatives adverses. Le match se finit sur un score de parité aux allures de victoire : 1-1. On découvre alors les nouveaux visages du renouveau algérien qui vont porter les couleurs algériennes jusqu’au Mondial Sud-Africain de 2010 : Ziani, Yahia, Achiou, Belmadi, Gaouaoui…
Le Cameroun brise le rêve russe en 2018
Il faut attendre 2016 et les qualifications pour la coupe du monde 2018, en Russie, pour voir une nouvelle confrontation algéro-camerounaise. Auréolée par une double participation au Mondial, et reconnu sur la scène internationale après les bonnes prestations en terre brésilienne, en 2014, Feghouli et ses coéquipiers font figure d’épouvantail, dans un groupe de la mort (décidément…) composé par l’Algérie, le Cameroun, le Nigéria et la Zambie. Mais le rêve vire au cauchemar. Les héros de Rio ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Le premier match des qualifications oppose les deux équipes à Blida. Malgré une ouverture rapide du score par Soudani, dès la 7ème min, les coéquipiers de Slimani deviennent amorphes. Moukandjo (24ème min) en profite pour égaliser. Score final 1-1.
Le départ de Rajevac, remplacé par Alcaraz, ne change rien. L’Algérie est au fond du trou. Elle cumule les défaites contre le Nigeria et la Zambie avant de retrouver à Yaoundé les Lions indomptables. Ce match retour, sans Mahrez mais déjà avec Bendebka, Bedrane et Bennacer, est un remake de l’aller. Les Verts attaquent et dominent les débats. Mais ils sont punis à deux reprises. D’abord sur une offrande de Bensebaini à Clinton N’Jie (25’) et en fin de match sur un contre par Pangop (88’) : 2-0 ! L’Algérie réalise une campagne de qualification désastreuse en concédant des défaites face au Nigeria et la Zambie ne méritant nullement sa qualification au Mondial russe de 2018.
Une seule victoire algérienne en amical en 1995 !
Notons qu’en 1991 et 1995, il y a eu deux autres rencontres amicales contre le pays de Roger Milla. Lors d’un tournoi au Sénégal (1991), la rencontre se finit par un score vierge 0-0. Mais comme en 1984, le Cameroun remporte la séance de tirs aux buts 6-5. Par contre au Gabon (1995), les Verts domptent enfin les Lions : victoire 4-0 (2 buts de Meçabih et 2 buts de Guechir). C’est la seule victoire comptabilisée pour l’Algérie.
Il aurait pu y avoir un 3ème match amical en 2011. Mais l’équipe nationale du Cameroun ne s’est pas déplacée à Alger. Comme souvent, elle était gangrénée par des problèmes de paiement de primes. Pour exiger leur prime, les quintuples vainqueurs de la CAN ont fait grève et ne se sont pas déplacés à Alger provoquant la colère du président Raouraoua. Pour pallier à cet imprévu, une parodie d’un match amical a été organisé au stade du 5 Juillet à Alger entre joueurs algériens : Algérie Vs Algérie avec les verts contre les blancs en présence du public…
Les meneurs de cette fronde étaient Samuel Eto’o et Rigobert Song. Aujourd’hui l’un est président de la fédération et l’autre sélectionneur. Ils veulent inculquer à leurs poulains l’esprit des victoires passées afin de passer l’hiver au Qatar. L’Algérie qui n’a jamais battu le Cameroun en match officiel aura l’occasion de le faire lors de cette double empoignade. Traumatisés par une élimination précoce à la dernière CAN, les coéquipiers du capitaine Mahrez veulent, malgré tout, entrer dans l’histoire. Ils ont l’opportunité d’inscrire encore plus haut leurs noms dans le panthéon de l’histoire du football algérien en étant les premiers à battre les Lions indomptables, lors d’un match officiel. Ils auront alors vaincu le signe « camerounais ».
Fateh Le Coach, pour la Gazette Du Fennec