Belmadi, un sélectionneur qui ne parle pas pour parler

C’est l’une des rares personnes qu’on doit prendre au pied de la lettre. Djamel Belmadi pense souvent ce qu’il dit. Comme la fois où il avait parlé de gagner la CAN-2019 alors qu’il venait de reprendre une Algérie dans un état de léthargie footballistique avérée. Récemment, il a déclaré vouloir que l’adversaire « souffre et arrache une victoire contre l’Algérie difficilement.» Mardi, même en supériorité numérique, le talentueux Mexique n’a pas pu venir à bout de ses poulains qui l’ont même devancé au score à 10.

L’exigence est permanente. D’ailleurs, elle est là pour rappeler à ses joueurs que même s’ils sont maître du continent, ils peuvent encore réaliser de belles choses. Belmadi ne veut pas que les Fennecs tombent dans la suffisance ou que les autres pensent que le sacre en Égypte est juste un coup d’éclat éphémère d’un outsider qui a pu (avec une maîtrise déconcertante) se frayer le chemin vers le trône de la CAF.

Les Verts en difficulté préméditée ?

Le message est là. Il est, pour une fois, subliminal. Le premier responsable de la barre technique des Verts envoie un signal fort à Riyad Mahrez & cie pour leur dire qu’ils n’ont pas encore atteint la quintessence de leur potentiel football. « Je pense qu’on commence à atteindre un niveau supérieur, on fait partie des grandes équipes et que jouer face à l’Algérie ne sera pas facile », a-t-il estimé en conférence de presse après la partie face aux Mexicains.

Le verbe “commencer” veut dire que ce n’est pas encore abouti. Que la métamorphose n’est pas à son stade final encore. D’ailleurs, beaucoup se sont demandés pourquoi l’ex-driver d’Al Duhail au Qatar n’a pas voulu apporter des changements après l’expulsion précoce (55e) d’Adlène Guedioura ? Ce n’est certainement pas parce que le driver n’était à court d’idées ou de pièces de rechange. Et c’est, fort probablement, parce que l’entraîneur de 44 ans a voulu voir à quel point son commando pouvait souffrir et être solidaire contre un adversaire qui cherchait constamment à l’assommer.

Résultat de cette expérience: les Guerriers du Désert ont même pu mener au score alors que les Aztèques avaient un joueur en plus sur le pré du Cars Jeans Stadium et qu’il multipliaient les assauts. Mieux encore, avec plus de lucidité, les Champions d’Afrique auraient même pu faire le break et l’emporter.

Satisfaction et piqure de rappel du Mondial

Après coup, le technicien qui détient désormais le record d’invincibilité (20 matchs officieusement et 19 officiellement) aux rênes techniques d’El-Khadra, s’est même dit « satisfait du résultat qu’on a fait ce soir. On a eu quelques difficultés à cause de l’expulsion et le fait d’avoir été réduit à dix pour plus de 40 minutes. Malgré ça, on a mené jusqu’aux dernières minutes. On a joué face à une équipe de niveau mondial, qui a de très bonnes individualités » en ajoutant être « certain que si on avait pas terminé le match à dix on aurait pu voir un autre résultat.»

La victoire est obsessionnel chez l’ancien numéro 10 des Verts et de l’Olympique Marseille. Il a une mentalité de conquérant. Cependant, il sait qu’un jour la chaîne de matchs sans défaite sera brisée.  « On ne gagnera pas tous nos matchs, c’est sûr. Un jour, on perdra, mais je veux qu’on perde avec une équipe adverse qui souffre et arrache une victoire contre l’Algérie difficilement. C’est quelque chose d’acquis chez nous et il faut continuer comme ça », note Belmadi.

Et la remobilisation des troupes n’est jamais loin. « Ils (les joueurs ) ont envie d’aller jouer la Coupe du Monde et de faire un beau parcours. C’est notre but. Maintenant on va travailler encore plus  pour atteindre nos objectifs», a-t-il balancé. Une piqûre de rappel qui ressemble à celle administrée avant d’aller défier les ténors d’Afrique en terre égyptienne lors de ce mémorable été 2019. Et, désormais, quand le coach annonce la couleur, on croit au feu d’artifices.

La conférence de Belmadi et le résumé du match :