EN: M’Bolhi, les gants moites

Ce lundi à Harare, Raïs M’Bolhi était bien parti pour nous offrir trois précieux points. C’était avant sa faute de main à la 82^e minute qui a permis l’égalisation du Zimbabwe. Le keeper de l’équipe nationale nous gratifie souvent de prestations de haute volée. Ce qui lui a valu la place permanente de numéro 1 dans les cages. Pour sa 75^e sélection avec l’EN, il aurait pu faire mieux.

Il aura enregistré 28 clean sheets en allant chercher le ballon au fond de ses filets à 71 reprises depuis qu’il a commencé à garder le goal des Fennecs un 28 mai 2010 à Dublin (Eire). A l’époque, il avait eu droit à 28 minutes dans un match de préparation pour la Coupe du Monde 2010. Un tournoi planétaire duquel il avait profité pour montrer toute l’étendue de son talent. Il est difficile d’oublier ses sauvetages magistraux contre l’Angleterre en Afrique du Sud et son match hors norme face à l’Allemagne (10 parades) à l’occasion de l’historique 1/8 de finale du Mondial 2014 au Brésil. Mais il faut aussi se fier à l’actualité et distinguer la critique de la performance et l’émotion.

Immunisé par son vécu

A 34 ans, M’Bolhi s’est approprié les gants du titulaire au sein des Verts. On parle de 12 années de règne presque sans partage que seul le passage désastreux de Rabah Madjer sur le banc a pu interrompre. La venue de Djamel Belmadi aux affaires techniques a permis de le réhabiliter comme le dernier rempart premium dans ses plans. Avec sa sérénité, il a donné plus d’hermétisme à la défense d’El-Khadra lors de la CAN-2019 remportée en Égypte grâce à une dernière ligne solide qui n’a concédé que 2 buts.

Après, le football se conjugue au présent et considère la forme du moment. Il faut dire que le portier d’Al-Ettifaq FC (Arabie saoudite) a soufflé le chaud et le froid durant cette fenêtre internationale de novembre et la double-confrontation contre le Zimbabwe dans le cadre des éliminatoires de la CAN-2022. Tantôt impériale, tantôt perméable, à l’image de tout le bloc équipe d’ailleurs, M’Bolhi a sorti certains arrêts décisifs. On se remémore ces deux sauvetage du pied, un en première période et l’autre en seconde, au stade 5 juillet 1962 (Alger). On relèvera aussi ses hésitations pour sortir prendre le ballon par moments.

Oukidja subit son aura

Pour le match ‘’retour’’ ce de lundi à Harare, on ne peut pas dire qu’il a dégagé sa légendaire assurance. Une mauvaise lecture de trajectoire (12’) sur un long ballon (cela devient récurrent donc inquiétant) qui a failli profiter à Kadawere, une frayeur sur un crochet risqué après le quart d’heure de jeu, un coup franc sur lequel il est resté scotché sur sa ligne et, pour finir, une faute de main sur le nivèlement de la marque adverse dans les 10 dernières minutes, c’était les séquences à retenir du rendement de M’Bolhi.

Beaucoup trop d’approximations qui font presque oublier qu’il avait retardé la réduction du score en détournant la minasse de Musona (41’) sur sa barre et cette tête de Khama Billiat sortie à bout portant d’une magnifique claquette (56’) le privant d’égaliser. A ce moment, il offrait les points de la victoire à l’EN. A peine 20 minutes plus tard, son intervention peu académique sur la reprise de Prince Dube et sa faute de main ont fait perdre deux unités à l’Algérie.

Sincèrement, on ne sait pas trop si cela est suffisant pour remettre en question son statut de titulaire. Surtout qu’Alexandre Oukidja, qui ne compte que 3 capes, affiche une belle forme avec le FC Metz depuis deux saisons maintenant. Aussi, il y a Azzedine Doukha, 3e dans la hiérarchie, qui a besoin de l’alignement des astres pour jouer. Le sentiment est étrange. Comme le visage de M’Bolhi souvent impassible qui ne laisse rien transparaitre. Quand il frôle les bourdes, il préfère en sourire. Comme une forme d’insouciance. Et l’insouciance n’est pas toujours mauvaise chose. Mais elle n’est pas bonne non plus. Le Raïs semble incontestable même s’il est, plus fréquemment, contesté.

>> Les buts du match et la “cagade” de Raïs :

Même si il s’est montré fautif sur un but aujourd’hui, il ne faut pas être ingrat et avoir la mémoire courte. Ça fait 10 ans qu’il porte le maillot de l’équipe d’Algérie, et il nous a sorti un nombre incalculable de masterclass. Il mérite notre plus grand respect

— Joueurs Algériens ?? (@JoueursDZ) November 16, 2020