Il souffle comme un vent de renouveau dans les arcanes de la FAF. En effet, sous les allures d’un remaniement programmé, Charaf-Eddine Amara mène activement une véritable purge en interne. Apparemment, le boss de la FAF entend annihiler toute velléité de résistance émanant de son cercle immédiat.
Deux têtes et pas n’importe lesquelles viennent de tomber. Et ce n’est pas fini. En l’espace de vingt-quatre heures, Charaf-Eddine Amara a limogé deux de ses plus proches collaborateurs. Il s’agit de son secrétaire général Mohamed Saâd et son premier vice-président Amar Bahloul. Ce remaniement intervient -comme par hasard- un 1er novembre. De ce fait, il est difficile de ne pas y avoir une forme de déclaration de révolution de la part du nouveau président au sein de la FAF.
En effet, c’est ce cachet ”historique” qu’a voulu donner le patron de l’instance fédérale à la nomination de Mohamed Maouche (85 ans), l’un des derniers vestiges de la glorieuse équipe du FLN, en remplacement de Amar Bahloul. Mais sous ce qui s’apparente à un hommage mémorial, il se cache en réalité une volonté manifeste d’isoler le désormais ex-vice-président. Ce dernier serait, aux yeux d’Amara, coupable d’avoir contesté sa méthode de gestion. Jeu de coulisses.
Une déclaration de guerre à ses opposants
D’ailleurs, c’est pour les mêmes griefs que Mohamed Saâd a été démis de ses fonctions de secrétaire général. Ces deux hommes ont eu le ”malheur” de discuter en interne certaines décisions du boss. Or, discuter n’existe pas dans le dictionnaire du président d’une institution algérienne. Le successeur de Kheireddine Zetchi a la réputation d’être un dirigeant de poigne qui instruit plutôt que consulte. « Il donne des instructions. Il ne demande pas votre avis. Il faut obéir un point c’est tout», nous a confié un employé de la FAF sous couvert d’anonymat.
Cette méthode, que certains qualifient d’autoritaire, ne fait pas forcément l’unanimité à la FAF; aussi bien chez les employés de l’administration qu’au sein-même du bureau fédéral. C’est pour cette raison que six membres parmi les plus influents du BF avaient décidé de boycotter les travaux de la session statutaire du mois de septembre et de ne pas en adopter les résolutions.
Organigramme vertical et pouvoir décisionnel
«Il écoute beaucoup des personnes tierces qui n’ont officiellement aucune mission à la FAF, mais ne vient jamais consulter son bureau», nous confie une autre source. C’est cette manière de faire cavalier seul qui a soulevé le courroux du BF, dernièrement.
Ainsi, le reproche était qu’Amara avait conclu seul, sans se référer à son bureau fédéral, un accord pour la rénovation de l’hôtel de Sidi-Moussa. En plus, la liste des arbitres internationaux a été établie sans consultation. Sans oublier la décision d’aller contre les décisions de la CNRL et d’octroyer aux clubs de la Ligue 2 amateur leurs licences suite à quoi des joueurs en litige ont manifesté devant le siège de la FAF.
En outre, plus récemment, il y avait l’intention de renvoyer la société Natural Grass de Tchaker et la remplacer par un “expert” portugais travaillant pour une boite irlandaise. Cet épisode envenimait les rapports entre Amara et son SG. Il aura fallu l’intervention du MJS , qui n’admettait pas qu’on renvoie une société sérieuse en plein chantier, pour que le président de la FAF cède finalement au bout du compte.
Le contraste avec la méthode Zetchi
Manifestement, sous l’air jovial et la bonhomie habituelle d’Amara se cacherait, selon ceux qui le côtoient, un dirigeant impitoyable. Mais attention, cela ne peut pas être forcément un reproche. Car l’homme qui gère plusieurs portefeuilles de Madar Holding est loin d’être un novice. Et ce, même si son expérience dans le monde du football demeure courte.
C’est peut-être le contraste avec la méthode Zetchi, plus souple, qui a instauré durant ses cinq ans de règne un organigramme à l’horizontale, qui déplait à la FAF. En tout cas, l’homme qu’on présentait comme le candidat du consensus le printemps dernier semble de plus en plus contesté.
Cependant, cette révolte de palais ne risque pas outre mesure d’empêcher Charaf-Eddine Amara d’asseoir son autorité à la FAF à terme. D’ailleurs, l’homme pourra opérer d’autres remaniements importants et imposer son modèle de gouvernance dès le début de l’année 2022. Ça sera à la faveur de l’adoption des nouveaux règlements de la FAF. Des changements importants pourraient ainsi toucher les structures dont les membres sont nommés et non élus.