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Historique Algérie / Égypte : De la joie, du sang et des larmes

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Algerie Egypte

Les rencontres entre l’Algérie et l’Égypte ont toujours été fortes en émotion. Aussi  intenses que décisifs, les 22 matchs déjà joués entre les deux nations ont procurés de la joie mais ont aussi fait couler du sang et des larmes. Des sentiments qui attisent des rancœurs de part et d’autre. Les Verts dominent avec 8 victoires, contre 6 aux Égyptiens (et 8 égalités). Certaines de ces rencontres ont un parfum particulier et sont gravées dans les mémoires des supporters. La Gazette du Fennec vous propose une rétrospective avant le 23ème match de ce lundi à Abu Dhabi !

Alors que les Pharaons étaient bien connus dans le monde du foot grâce à leur participation à la coupe du monde 1934, les Algériens combattaient encore pour leur indépendance. Un des terrains de bataille était le football. En effet l’équipe du FLN menée par Rachid Mekhloufi portait haut les couleurs nationales à travers des matchs amicaux dans le monde entier. Ainsi on a pu voir les joueurs de Mohamed Boumezrag affronter la Tunisie, le Maroc, la Yougoslavie et même le Nord Viêt-Nam. Mais pas d’Égypte !

Une polémique qui nourrit la rivalité

Le pays de Gamal Abdelnasser, sous pression de la FIFA, refusait tout match contre les coéquipiers de Moustapha Zitouni. Les Algériens ont mal digéré ce refus et ainsi naquissent les premières rancœurs. Il faut attendre l’année 1963 pour voir un match entre les deux nations. Les 5 et 7 juillet 1963, l’Algérie a reçu son homologue Égyptien pour deux matchs amicaux qui ont fini sans vainqueur : 1-1 à Alger et 2-2 à Oran.

Pour les débuts en matchs officiels, il faut attendre l’année 1969 et les éliminatoires de la CAN 1970 pour voir la première double confrontation. Après avoir éliminés le Maroc au premier tour des qualifications, les coéquipiers de Hacène Lalmas affrontent l’Égypte au second tour et subissent une élimination amère (défaite 1-0 au Caire à l’aller puis match nul 1-1 à Alger).

fergani egypte algerie 1984

Il faut attendre les Jeux Méditerranéens d’Alger, en 1975, pour voir une victoire des Verts face à leur adversaire du jour. En demi-finale, Draoui marqua l’unique but qui permit à son équipe de rejoindre la France en finale du tournoi. Dans un « 5 juillet » plein à craquer, les Batrouni and co remportèrent le premier trophée notable de l’Algérie (3-2 contre les Bleus). Beaucoup de rencontres entre Égyptiens et Algériens ont eu leurs sensations, comme cette demi-finale de CAN 1980, au Nigeria. Alors qu’ils étaient menés 2-0, les joueurs du binôme RajkovKhalef reviennent à 2-2 (buts d’Assad et Benmiloudi) avant de l’emporter lors de la séance de tir aux buts 4-2. Les Égyptiens étaient KO ! L’Algérie fila en finale mais face l’ogre nigérian, chez lui, la pression était énorme. Défaite 3-0 à Lagos, mais une génération était née : celle de Belloumi, Assad et Madjer.

Après sa participation aux JO 1980 de Moscou et son brillant Mondial 1982 en Espagne, l’Algérie de Belloumi, Madjer et Zidane rêve de disputer les JO de 1984 à Los Angeles. Une confrontation épique face à l’Égypte se dresse et cristallisera les rancœurs entre les deux pays. Au dernier round des qualifications (1-1 à l’aller à Alger puis défaite 1-0 au retour au Caire), l’Égypte marque et se qualifie finalement pour Los Angeles. Mais le match se termine par une bagarre générale entre joueurs et officiels qui laissera des traces. Un mois plus tard lors de la CAN 1984, l’Algérie fracasse l’Égypte 3-1 lors du match comptant pour la 3ème place du tournoi ivoirien.

1989 : des éliminatoires et des illuminés

Les deux équipes se rencontrèrent ensuite lors du dernier tour des qualifications de la Coupe du Monde 1990. Considérée comme la première et grave crise entre les deux nations ayant débouché sur une crise diplomatique majeure. Le dernier tour se déroule en deux manches : la première à Constantine, en Algérie, et le match retour, au Caire. Malgré un Kader Ferhaoui omniprésent, et sous une pluie automnale, le premier match se solde par un score vierge. Au retour en Égypte, la réception était hostile dès l’arrivée de la délégation algérienne. Elle s’est poursuivie tout le long de son séjour jusqu’à son départ. Les Égyptiens dans un stade archi-comble, ouvrent le score dans les premières minutes, par Hossam Hassan. Les Algériens contestent le but pour une charge sur le gardien, El Hadi, puis poussent pour revenir au score sans y parvenir, malgré une dernière occasion de Madjer et Oudjani.

belloumi dernier match oudjani algeria egypt 1989

A l’hôtel de l’équipe d’Algérie, la délégation algérienne subit des insultes et des provocations. Une bagarre éclate et une personne, considérée comme le médecin de l’équipe égyptienne, est blessée à l’œil par un jet de verre (à priori par le gardien algérien Kamel Kadri). Le meneur de jeu des Verts, Lakhdhar Belloumi, est accusé d’avoir commis cet acte alors qu’il n’était pas présent, sur les lieux de l’incident. Les autorités algériennes ont accusé l’Égypte d’avoir fait un coup monté contre l’équipe d’Algérie et sa star Belloumi qui a été pris en bouc émissaire pour faire diversion contre les événements hostiles qu’a subi l’équipe d’Algérie lors de son séjour exécrable en Égypte. Belloumi, qui joua d’ailleurs son tout dernier match avec l’Algérie (100 sélections !), sera condamné et poursuivit plus de vingt ans par la justice égyptienne. Il fera aussi objet d’un mandat d’arrêt international par Interpol, en 2006. Ce qui l’empêchera de voyager et quitter les frontières algériennes. Le mandat sera finalement annulé en avril 2009. Belloumi sera blanchi de toute poursuite judiciaire.

On notera que l’incident du Caire de 1989 a failli compromettre la CAN 1990. Comme elle se déroulait en Algérie, les Egyptiens voulaient la boycotter pour des raisons de sécurité, sachant que les deux équipes étaient dans le même groupe. Finalement une solution intermédiaire sera choisie, avec l’envoi d’une équipe B. Cette équipe B a joué son dernier match de poule contre des Fennecs aussi diminués. Après leurs 2 victoires lors des 2 premiers matchs, le sélectionneur algérien, Abdelhamid Kermali, a fait tourner son effectif. Ainsi on a pu découvrir des jeunes comme Mohamed Rahim ou Moussa Saib. Les Verts l’emportent 2-0 et le match se termine sous la « bronca » des spectateurs envers les Pharaons. Ces derniers quitteront le stade sous la protection des boucliers de la police algérienne. A l’issue de la compétition, L’Algérie aura sa première couronne de championne d’Afrique.

2002, la claque du Cairo Stadium

Dans les années 90 l’Algérie de Saib et Tasfaout mange son pain noir mais fait tout de même bonne figure face au rival égyptien en ne concédant aucune défaite durant toute la décennie. Sous la coupe de Madjer puis Fergani, l’Algérie assure même sa qualification à la CAN 1996 après une double confrontation victorieuse (1-0 à Alger puis 1-1 au Caire). S’en suivront même en décembre 1997 deux matchs amicaux au Caire où l’Algérie s’imposera par deux fois sur le même score (2-1).

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En mars 2001, pour les qualifications de la Coupe du Monde 2002, l’Égypte écrase les coéquipiers d’Ali Benarbia et Djamel Belmadi, au Caire, au terme d’un match spectaculaire et riche en buts (5-2). Ce dernier quitta le terrain lors d’un changement de joueur en jetant son maillot, ce qui créa une vive polémique. Au match retour, le score se termine par un nul 1-1 (égalisation de Yacine Bezzaz) et fait le bonheur des Algériens car ce score permet au Sénégal de participer à la Coupe du Monde 2002, au détriment des coéquipiers de Hassan et du Maroc.

Le chevauchée d’Achiou lors de la CAN 2004

L’Algérie tiendra une revanche spectaculaire et forte en émotion lors de la CAN 2004 en Tunisie. Versée dans un groupe de la mort avec le Cameroun et l’Égypte, l’Algérie de Rabah Saâdane et Boualem Charef fait office de petit Poucet mais réalise le bel exploit de s’extirper de la phase de groupe. Au stade de Sousse, après une ouverture du score de Mamouni, le feu follet Hocine Achiou réalise une chevauchée maradonesque en fin de match (88′) qui scelle une victoire éblouissante des Fennecs (2-1). La joie procurée par ce but spectaculaire a marqué les esprits et l’historique des confrontations entre les deux pays.

2009 _ acte 1 : « On n’est pas des frères »

Lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, les deux protagonistes se retrouvent encore dans la même poule qualificative. Au match aller, pour apaiser les tensions entre les deux peuples, l’équipe égyptienne, emmenée par Aboutrika, sera accueilli, à Blida, par des roses, emblème de la ville. Le match se passera dans une très bonne ambiance. Une équipe algérienne new-look, dirigé par Rabah Sâadane, sortira vainqueure des doubles champions d’Afrique, 3-1 (buts de Matmour, Ghezzal et Djebbour).

Au retour, au Caire, c’est une autre atmosphère ! Cette confrontation restera marquée par des violences extra sportives dans et en dehors du stade. Accueillis par une foule hostile massée tout au long du parcours entre l’aéroport et leur hôtel, le bus de l’Algérie a subi des attaques multiples avec jets de pavés blessant quatre personnes dont trois joueurs (Halliche, Lemmouchia et Mansouri). La colère s’empare du camp du capitaine Mansouri, blessé au poignet. On entend même l’attaquant DZ, Rafik Saifi criait à la TV : « quels frères ? On n’est pas des frères ! », D’autres comme Anthar Yahia ou Rafik Halliche en sang criaient et juraient « On va faire la guerre et on va quand même gagner ! ». Pour finir sur le chant traditionnel de l’équipe : « One, two, three, viva l’Algerie ». La situation est tendue car il s’agit du dernier match des éliminatoires et que chacune des deux équipes a la possibilité de se qualifier. Les Verts tiennent mais craquent dans les derniers instants du match. L’Egypte l’emporte 2-0. Les deux équipes sont à égalité parfaite (Points, différence de buts, buts pour et buts contre). Alors la FIFA décide de faire jouer un match d’appui, sur terrain neutre…au Soudan.

2009 _ acte 2 : la bataille d’Oum Dorman

Quatre jours plus tard, les deux équipes se retrouvent dans un stade coupé en 3 : un tiers pour les Algériens, un tiers pour les Egyptiens et le dernier pour les officiels et les Soudanais. Mais le pont aérien décrété par les autorités algériennes a vu le nombre de supporters algériens se multiplier. Oum Dorman est envahi de vert et blanc. Les Fennecs jouent presque à domicile. Chaque équipe entre sur le terrain par une entrée différente. Ziani et ses camarades tournent le dos à Ahmed Hassen and Co. Le ton du match est donné : électrique ! Chaque équipe a son temps de domination, mais c’est l’Algérie qui ouvre le score par « boom, Anthar Yahia, boom ». Une volée puissante qui vient se placer dans la lucarne d’El Hadary, le gardien égyptien, là où habite le chitane (diable), comme aime le dire l’ancien défenseur de Bochum. Les Pharaons vont courir après le score pendant le reste de la partie. Mais le héros Faouzi Chaouchi, pour sa première titularisation, avec les Verts, est impérial ! Le gardien de Sétif est au sommet de son art. L’Algérie gagne un but à zéro et se qualifie pour la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud.

CAN 2010 : l’effet Coffi Codjia

Deux mois plus tard, les deux équipes se retrouvent en demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations 2010 (janvier 2010, en Angola). Durant ce match controversé, les Égyptiens gagnent la confrontation par 4 buts à 0. La polémique est alimentée par les conditions d’arbitrage. Trois joueurs algériens ont été expulsés par l’arbitre Béninois, Coffi Codjia. Les Algériens accusent l’arbitre de partialité pour avoir distribué deux cartons jaunes sévères au défenseur algérien Rafik Halliche. L’expulsion injuste de l’ancien défenseur du NAHD a fait perdre leur sang-froid et leur concentration aux joueurs algériens. En infériorité numérique et ayant un but de retard, les Algériens se découvrent et dépensent beaucoup d’énergie pour revenir au score. Les Égyptiens finissent par en profiter et marquent leur second but par l’intermédiaire de Zidan. Belhadj puis Chaouchi sont à leur tour expulsé. A 8 contre 11, la mission pour revenir au score est impossible. Les Egyptiens se qualifient pour la finale contre le Ghana. Ils remportent leur 3ème CAN de suite ! Les Verts terminent 4ème de cette CAN après leur défaite 1-0 lors de la petite finale, contre le Nigéria.

koffi codjia beninois arbitre carton rouge halliche algerie egypte CAN 2010

Cette demi-finale, en Angola, aura été le dernier match en date entre les deux nations. Plus de 13 ans que Pharaons et Fennecs ne se sont rencontrés. On a bien cru à une rencontre en 2019, lors de la CAN égyptienne. Mais les coéquipiers de Mohamed Salah n’ont pas dépassé le stade des 8ème de finale. Une CAN remportée en terre égyptienne par… l’Algérie. En perte de vitesse depuis cette CAN, le 5ème pays africain au classement FIFA veut dépasser le 4ème. Aux joueurs de Djamel Belmadi de démontrer leur supériorité en remportant leur 4ème victoire de suite, en match amical. En effet, il y a eu 7 matchs amicaux entre les deux pays. L’Algérie en a remporté 3 pour une seule défaite en… 1964.

Fateh Le Coach, pour la Gazette Du Fennec

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