Le sélectionneur national n’a pas paru particulièrement inquiet par les deux récentes (contre)performances de l’équipe nationale face au Mali (1-1) et la Suède (défaite 2-0). En prolongeant, au moins jusqu’à la CAN-2023, en avril dernier, Djamel Belmadi a affiché une volonté de repartir de l’avant avec son groupe et d’essayer de retrouver d’une superbe perdue en l’espace des trois premiers mois de 2022. Mais voilà que certains doutent déjà de la capacité de l’entraîneur de l’Algérie à remobiliser ses troupes.
Les séquelles du traumatisme ne peuvent pas disparaître en l’espace de quelques mois. Et cela est constatable avec cette rechute de novembre après avoir signé 5 succès de suite dans la foulée de l’élimination dramatique, vécue contre le Cameroun le 29 mars dernier, dans la course à la Coupe du Monde 2022.
Ossature ou intouchables ?
La page du Mondial, Djamel Belmadi a clairement du mal à la tourner. A chaque conférence de presse, il en reparle. Et cette attitude empêche de repartir concrètement de l’avant. Surtout que le groupe n’a pas franchement changé pour montrer qu’on est dans une vraie logique de reconstruction.
Sur cet aspect, le driver des Verts a une conception figée : « si je compte donner du temps de jeu aux nouveaux joueurs ou garder une ossature ? Je veux faire les deux ! Vous avez marre de voir les Belaili, Mahrez, Slimani ? Vous allez encore les revoir ! C’est important de garder une ossature, et de faire des tests ». Depuis qu’il a débarqué sur le banc, Belmadi a des idées arrêtées. Et, malgré les signes alarmants, il ne semble pas enclin à montrer plus de flexibilité.
Entre la conviction et l’entêtement, il y a la crainte de ne pas pouvoir trouver le bon équilibre. Récemment, cela nous a valu deux grosses désillusions à savoir le ratage à la CAN-2021 et l’échec à accrocher la CDM qatarie. Désormais, il y a ces deux prestations inquiétantes livrées face aux Maliens et Suédois. Les mêmes joueurs pour les mêmes erreurs et errances avec un sentiment que le technicien de 46 ans accorde beaucoup trop d’importance pour l’aspect affectif que celui technique. Et c’est connu: il ne faut pas trop suivre son coeur.
L’immunité de la CAN-2019 est épuisée
Dans une certaine mesure, cela reste compréhensible compte tenu de ce que le groupe a vécu. Notamment avec la série d’invincibilité de 35 matchs et le sacre africain. Mais cela date déjà de 3 ans et demi. Entretemps, le Sénégal a repris la couronne du continent et l’Algérie a manqué le tant prisé rendez-vous avec la Coupe du Monde. Et, plus que jamais, les voix de contestation s’élèvent pour alerter sur l’état de la sélection. Justement.
L’urgence de se renforcer avec des joueurs de qualité est évidente. Certains “cadres” ont besoin de sentir le vent de la concurrence. Et Belmadi a l’obligation d’aller convaincre certains de venir car l’équilibre des forces a changé par rapport à 2019 quand El-Khadra était au sommet. Le fait de toucher un salaire mensuel à 6 chiffres en euros requiert plus d’investissement pour le sélectionneur de l’Algérie. Il ne peut plus se contenter d’établir les listes et les onze des matchs.
Par ailleurs, la communication ne peut plus être celle d’un homme en position confortable. En effet, en foot, tous les sièges sont éjectables. Même des entraîneurs qui ont gagné des Coupes du Monde n’ont pas survécu à la loi des résultats. Est-ce que Belmadi est en danger ? La réponse est “non”… pour l’instant. Mais, comme avait dit Rigobert Song, entraîneur du Cameroun, avant le barrage “retour” contre l’Algérie : « quand tu sais que tu es en danger, tu n’es plus en danger, c’est quand tu ne sais pas que tu es en danger, c’est là où tu es en danger, c’est de ça qu’il s’agit », la suite a rendu cette tournure vérifiable.