Les chantiers ont semblé interminables et les rallonges financières pour voir se dessiner les stades incalculables. Certains ont été lancés il y a presque 17 ans et leur réception est imminente. Cela devrait aider notre football à se moderniser. Lui qui a continué à séjourner dans des antres datant de l’époque coloniale 60 ans après l’indépendance. Pour ses lecteurs, La Gazette du Fennec fait l’état des lieux du parc stadier qui devrait permettre à l’Algérie d’avoir un sacré rafraîchissement sur le plan infrastructurel.
Baraki, Douéra, Tizi-Ouzou attendent les écrins footballistiques depuis belles lurettes. Les chantiers ont considérablement avancé ces derniers mois. Notamment pour les deux premiers nommés. Quant à Oran, elle a déjà reçu son bijou. Auparavant, la construction a constamment alimenté la polémique avec des ardoises stratosphériques.
On commencera avec le stade qui a le plus fait couler d’encre. Celui de Tizi-Ouzou. Le coût est des plus exorbitants. Il faut savoir que l’estimation initiale pour concrétiser la maquette d’Omar Malki, dessinateur du plan de l’antre kabyle, était de 3240 milliards centimes. Une enceinte dont les travaux de construction ont débuté le 15 mai 2010 et qui durent jusqu’à aujourd’hui.
Au moment de donner le coup de starter pour le chantier, il devait coûter 348 millions d’euros en taux de change officiel. A cette époque, 1 euro valait 93 dinars. Après 10 ans, la monnaie nationale a connu une forte dévaluation (1 euro vaut 150 DA en banque) mais il s’avère que la somme globale de l’édification est restée la même. Incompréhensible. Cela fait un différentiel total de 1772 milliards de dinars. Surréel !
Énième arrêt de 2 ans
Il fait savoir que l’emplacement du stade était mal-étudié. La topographie de l’endroit était complexe. Et cela a contraint à des dépenses supplémentaires et imprévues. En outre, ce paramètre a engendré beaucoup de retard dans la construction de cette bâtisse. Surtout après le désistement du groupe espagnol Fomento de Construcciones y Contratas et son remplacement par les Turcs de MAPA Insaat ve ticaret. Ces derniers travaillaient en collaboration avec l’ETRHB de l’homme d’affaire Ali Haddad pour achever cet édifice tant attendu. Là où la JS Kabylie, club historique de la région et d’Algérie, devait même recevoir ses adversaires à partir de l’exercice 2019-2020. On est loin du compte.
En 2020, il y a eu un nouveau problème, même si l’édifice est à 85% achevé. L’incarcération du sulfureux Ali Haddad, patron de l’ETRHB, a contraint à une nouvelle pause pour le chantier où l’inactivité est observéepour près de 2 ans. Il y a eu un nouvel appel d’offres puisque les deux constructeurs ne seront plus sur le projet.
Plus cher que l’écrin de Munich
Pour illustrer que l’intervalle pour faire sortir cette bâtisse de la terre est trop long, on notera que pour le Juventus stadium, les travaux ont duré deux ans et demi (mars 2009 – septembre 2011). C’est globalement le temps nécessaire pour mettre ces œuvres sur pieds. Pour ce qui est du budget, il a été rallongé de 50 millions d’euros pour s’arrêter à 155 millions d’euros au lieu des 105 consacrés préalablement. Cela incluait, il faut le préciser, la démolition de l’ancien stade Delle Alpi.
C’était aussi la durée du chantier de l’Allianz Arena (75 025 sièges) du Bayern Munich qui a coûté… 348 millions d’euros. Deux ans et sept mois entre la posée de la première pierre et l’inauguration du jardin munichois. Ce qu’il faut savoir aussi c’est que cette enveloppe a aussi considéré l’élargissement des deux stations de métros qui se trouvent aux alentours du stade et l’extension d’une ligne outre le revêtement transparent en ETFE de l’enceinte. On est très loin des standards de construction même si les prix sont les mêmes. Beaucoup trop d’incohérences sur les plans économique et urbanistique pour ce qui est de l’aménagement.
Handicap économique
La direction bavaroise s’était accordée avec la banque, qui a financé l’opération du bâtissage, sur une durée de 25 ans pour remboursement. Malgré cet échéancier fixé à 2030, le board a réussi à couvrir l’emprunt au bout de 9 années d’exploitation de l’Allianz Arena. C’était grâce à une politique marketing infaillible.
Le sponsoring et le naming ont largement contribué à booster les finances. Allianz a donné son nom à la bâtisse pour 15 années à compter de 2014 contre 90 millions d’euros (6 millions annuels). En acquérant 8.3% des actions en posant un chèque de 110 millions d’euros, l’assureur allemand est devenu le troisième sponsor après l’équipementier Adidas qui détient 10% des parts devant Audi (9.9%). Les trois sources de revenus sont allemandes. C’est la vraie Deutsche Qualität ! Et on doute fortement qu’en Algérie, le club qui va prendre quartiers des lieux, la JSK en toute logique, puisse s’engager à recouvrir une partie du coût d’un investissement onéreux.
Stade d’Oran : un antre sur son 31
Plus à l’Ouest du pays, à Oran se trouve un stade dont le coût global est estimé de 142 millions d’euros avec un total de 170 millions d’euros pour l’ensemble du complexe sur 10 hectares qui comprend un bassin olympique, un gymnase de 7500 places et des terrains annexes.
C’est le seul qui est opérationnel à présent. Il était le théâtre principale des Jeux Méditerranéens 2022 abrités par El Bahia cet été (25 juin – 06 juillet). Une décade, c’est le temps qui était nécessaire pour voir se dessiner l’ouvrage architectural. Il ne sera pas dédié au football seulement puisque les épreuves d’athlétismes peuvent aussi s’y dérouler.
L’atout high tech
La piste athlétique est « peu utilisée dans les stades dans le monde. Rares sont les stades dans le monde à disposer de ce genre de pistes. Les stades de Zurich, Berlin et Monaco en sont équipés», a révélé Farid Boussaâd, premier responsable de Végétal Design.
Pour l’aire de jeu, elle a coûté 170 millions DA (17 milliards de centimes). Elle est de qualité moderne et bénéficiera « d’un système d’arrosage assisté par ordinateur dont le programmateur est accordé à la station de météo de l’aéroport international d’Oran par wifi ». Le Nouveau stade d’Oran devrait abriter les prochaines sorties de l’équipe nationale de football. La sélection A’ s’y est déjà produite mais pas celle de Djamel Belmadi.
Stade de Baraki : le CV modernité
On repart à Alger, la capitale, où deux le parc stadier a été doté de ceux de Baraki et Douéra. Le premier se fait attendre depuis 2009. .Le retard avait perduré en raison du manque de liquidité financière et à certains problèmes techniques liés au gaz et à l’électricité (raccordements) ainsi que tout ce qui est en rapport avec la plomberie et de menuiserie aluminium.
Selon des estimations, 280 millions d’euros étaient nécessaires pour tout finaliser. Cette attraction footballistique a une capacité estimée à 40.784 places. 33.828 d’entre elles sont destinées pour le grand public et 6.732 autre seront pour les VIP et VVIP. Aussi, on y recense un restaurant de 350 places sur une surface de 411 m2 et un autre panoramique de 250 places sur une surface de 1.250 m2. Toujours pour ce qui est des espaces annexes au jardin de la balle ronde, on peut trouver 42 buvettes, 48 chambres d’hébergements, deux suites d’hébergement de 50 m2 chacune, 22 Loges VIP entre 27 et 35 m2 chacune et 22 billetteries.
Les visiteurs de l’Algérie pourront le voir du ciel puisque les avions qui atterrissent et décollent depuis l’Aéroport International d’Alger passent par-dessus quasi-inévitablement. D’ailleurs, certains disent que les matchs en nocturne et l’éclairage peuvent handicaper les opérations décollage car le stade est situé en plein axe par rapport à l’aérodrome. Une donne qui non-considérée lors de la désignation de l’emplacement du stade. Toutefois, cette erreur serait sans incidences majeures. Mais ça reste approximatif.
Stade de Douéra : Exclusivement foot
En ce qui concerne l’autre espace du jeu à onze situé à Douéra, le pourcentage des travaux « a connu une évolution significative au cours de la période récente par rapport aux autres stades et il sera livré en juin 2021 », avait estimé Sid-Ali Khaldi du temps où il était ministre de la Jeunesse et des Sports (MJS). Le temps de livraison, n’a pas été respecté. Mais la cadence actuelle devrait permettre sa réception avant la fin de l’année.
Par ailleurs, pour ce qui est de la facture, il serait le moins onéreux avec une estimation à 120 millions d’euros. Doté de 40.000 places environ, il devrait servir de foyer pour le MC Alger. Entre 2012 et 2016, la construction, entamée en 2007, de ce lieu a été carrément suspendue avant de reprendre finalement. Quatorze longues années d’attente pour que ce stade, qui ne sera pas doté d’une piste d’athlétisme, pour venir renforcer l’assise infrastructurelle footballistique.
Nouveau stade de Sétif : entre utopie et concrétisation
Comme beaucoup le savent, ses projets ont eu toutes les peines du monde à se concrétiser. Il a fallu attendre les dernières années pour les voir sortir de terre. A l’Est du pays, il y a le nouveau complexe de Sétif programmé pour être construit depuis 2007. A l’époque, Abdelkader Zoukh était wali. Mais il se trouve qu’il n’a jamais veillé à ce que la maquette soit cristallisée.
Par la suite, l’austérité et la crise financière ont engendré un abandon provisoire des travaux. S’il a insisté pour que les autres stades soient achevés, Khaldi avait justifié le gel du chantier sétifien en parlant d’ « équilibres financiers ». Ce qui devrait être le foyer de l’ES Sétif, club phare d’Aïn El-Fouara, ne verra pas le jour de sitôt. Si l’on considère la lenteur et les éventuels obstacles économiques et logistiques qu’il est susceptible de rencontrer, l’Aigle Noir, ne s’y produira, au meilleur des cas, que dans 5 années. Et encore.
Naming : une naissance sous « x » et gouffre profond
En tout cas, ces jardins auront coûté beaucoup de blé. Sur le fond, pour ce qui est de la rentabilité et la capacité à renflouer les caisses, le gouffre est énorme. A partir de là, l’éventualité de récupérer l’argent investi est minime pour ne pas dire nulle.
En Algérie, il n’y a pas de puissances marketing pour envisager que des entreprises de renoms puissent mettre de gros chèques afin de s’offrir un contrat d’appellation de ces stades. La fâcheuse tradition veut que les noms de personnes soient donnés à ces endroits pour honorer leur mémoire. Du populisme fatal dans une situation pécuniaire des plus délicates.
Le côté plein du verre
En Europe, le naming des enceintes et très lucratif et peut valoir des contrats très conséquents. Mais cela nécessite un marketing footballistique bien ficelé. On parle là de grands championnats et d’un football de très haut niveau où les investisseurs et les grandes compagnies (multinationales ou nationales) n’hésitent pas à casser la tirelire pour s’offrir l’appellation du stade pendant de longues années.
Il y a même des entreprises qui prennent elles-mêmes en charge le coût de construction pour céder le stade après échéance du contrat de parrainage. Un autre monde, un autre système avec un sens aigu de l’économie et de l’investissement. Là où la dénomination n’obéit qu’à l’aspect financier. Loin de tout casse-tête stérile entre les dates de l’histoire et les personnages de « légende ».
Des dépenses capitalistes confrontées à une mentalité communiste, bienvenus là où la démesure est reine. Mais bon, restons sur le fait que ces stades seront de sacrés atouts pour que l’Algérie se replace dans la scène footballistique régionale et continentale. Surtout que l’envie d’organiser une CAN est manifestée. Avant cette candidature, il y a la tenue du CHAN-2022 sur nos terres. Cela constitue l’évènement idéal pour exposer les accomplissements à ce niveau.
Fiches des stades :
Stade de Baraki
Capacité : 40.784 places
Début du chantier : 2009
Budget : 300 millions d’euros
Taux d’avancement : 95%
Réception : septembre 2022
Stade de Douéra SportPark
Capacité : 40.000 places
Début du chantier : 2007
Budget : 105 millions d’euros
Taux d’avancement : 55%
Réception : 2023
Stade de Tizi-Ouzou
Capacité : 50.766 places
Début du chantier : 2009
Budget : 350 millions d’euros
Taux d’avancement : 85%
Réception : 2023
Stade Miloud Hadefi d’Oran
Capacité : 40.143 places
Début du chantier : juin 2010
Budget : 142 millions d’euros
Taux d’avancement : 100%
Réception : terminée