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FOCUS FENNEC : Alexandre Oukidja, autopsie d’un déclin

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Alexandre Oukidja fc metz

Intraitable la saison dernière avec le FC Metz, l’international algérien, Alexandre Oukidja, vit des mois compliqués avec le club messin depuis le début de l’exercice en cours. La forme des coéquipiers du Fennec n’aidant pas non plus au regard du classement des hommes d’Antonetti. En parallèle, celui que certains avaient évoqué pour venir titiller Raïs Mbolhi est désormais bien loin d’espérer une place de titulaire. Décryptage.

Le but avait fait grand bruit et aurait pu faire le tour de la planète football si la Ligue 1 avait autorisé la diffusion sur les réseaux sociaux. À domicile et avant cela, le FC Metz menait au score après le magnifique coup franc de Farid Boulaya. L’Algérien signait un match abouti lui qui affichait une forme en demi-teinte depuis son vrai-faux départ de Lorraine cet été. Un autre Algérien s’était aussi distingué, cette fois-ci, négativement. Alexandre Oukidja, portier titulaire du club messin depuis 2018, a été l’acteur principal d’un des plus beaux buts de la saison dans l’élite française.

Sur une transition offensive et après un rapide coup d’oeil vers la cage adverse, le Tunisien Wahbi Khazri eut la bonne idée de tenter sa chance depuis son camp. À 68 mètres, soit la distance la plus longue d’un but depuis qu’Opta analyse les données de Ligue 1 (2006-2007), l’ancien Bordelais fit mouche grâce ou à cause d’un Oukidja trop mal inspiré sur le coup. Un but qui n’arrangeait rien à la situation de vice-champion de France 1998, englué à la 20ème place du classement. La faute à une défense perméable qui a encore encaissé trois buts ce dimanche, une confiance en berne et un gardien bien loin de son meilleur niveau.

Opération portes ouvertes

L’action avait même été commentée par son entraîneur, Frédéric Antonetti : « Le gardien doit être là pour anticiper des ballons en profondeur » avait-t-il froidement déclaré à l’issue de la rencontre entre les deux équipes relégables (1-1). On pourrait utiliser tous les mots possibles pour décrire les derniers mois d’Alexandre Oukidja mais les statistiques se suffisent à elles-mêmes et montrent une différence abyssale avec sa bonne saison dernière. En 2020-2021, le portier algérien n’avait encaissé que 48 buts sur toute la saison, un solde somme toute en adéquation avec la place finale du FC Metz (10ème). Cette année, la donne est toute autre. Après 14 journées soit plus du tiers de l’exercice en cours, les Grenats ont déjà encaissé la bagatelle de 30 buts, soit plus de la moitié (24) du total de l’année précédente.

oukidja lob khazri

Le ratio de 2,1 buts pris par match contraste également avec celui (1,1) de 2020-2021. Malgré un début de saison difficile avec trois défaites entre août et septembre 2020, le Strasbourgeois comptabilisait deux clean sheets en neuf rencontres. Cette saison, l’Algérien a -au moins- encaissé un but lors de 13 des 14 parties. Seul motif de satisfaction pour le Fennec, le nombre d’arrêts effectués par match qui est sensiblement le même sur les deux saisons (2,6 contre 2,4).

Mais le mal est profond et Oukidja n’est pas en bonne forme. Une situation négative depuis ce début de saison qui l’a même poussé à sortir de ses gonds lors de la défaite tardive des siens face au Paris Saint-Germain (1-2 ; 90+5). Après le second but d’Achraf Hakimi, l’international algérien s’est emporté sur un Kylian Mbappé chambreur, se cachant derrière ses coéquipiers pour un peu plus faire enrager le natif de Nevers. Cependant, la mauvaise passe que traverse l’ancien Lillois n’est pas uniquement de son fait. Atteint psychologiquement, le collectif messin est bien loin des prestations affichées il y a tout juste quelques mois. Décidément, quand rien ne va..

L’individu lié au collectif

Oui les statistiques d’Oukidja sont inquiétantes mais celles de ses coéquipiers le sont au même degré. Avec 16 buts marqués, les coéquipiers des deux Algériens du FC Metz font partie des pires attaques de Ligue 1 avec Lorient, Reims, Troyes et Saint-Étienne. Les éléments offensifs ont du mal à scorer (le meilleur buteur est un défenseur) et le maestro de la saison dernière, Farid Boulaya, se fait encore attendre. D’ailleurs, il est sorti sur un carton rouge ce dimanche face à Bordeaux (3-3). Souverains à domicile en 2020/2021, les Grenats n’ont encore remporté aucun match dans leur antre de Saint-Symphorien depuis le début de cet exercice. Ces derniers font, par ailleurs, partie des équipes qui tirent le moins par match (8,1). Avec une seule victoire, six matchs nuls et sept défaites, le tout en 14 rencontres, le club lorrain est lanterne rouge de Ligue 1 et doit vite trouver une solution pour ne pas retomber en division inférieure, 3 ans après l’avoir quitté (champion de Ligue 2 en 2018-2019).

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Et rien n’est là pour arranger les choses puisque la Coupe d’Afrique des nations (9 janvier – 6 février) arrive à grand pas et devrait mobiliser une très grosse partie de l’effectif du coach corse. À l’image d’Ibrahima Niane, Dylan Bronn ou encore Alexandre Oukidja, les Africains sont en masse au FC Metz et représentent plus de la moitié du onze de départ. Les cinq prochaines journées de Ligue 1 seront donc cruciales afin d’engranger le maximum de points juste avant la trêve et le départ des différents internationaux pour le rendez-vous continental reporté d’un an suite au COVID.

Pour le très expérimenté Antonetti passé par Nice et Rennes, l’heure était à l’optimisme au sortir de la rencontre face à l’ASSE : « On a eu du retard à l’allumage (cette saison), beaucoup de joueurs doivent retrouver leur niveau. On a fait des bonnes choses et je peux enfin faire des choix sportifs depuis le match à Lens (Ndlr, le week-end dernier). Je suis persuadé que si j’ai 90% de mes 15 joueurs majeurs disponibles, on s’en sortira » avouait-t-il. Et ses joueurs montrent qu’ils ne veulent pas le lâcher au regard du nombre de récupérations de balle par rencontre (13,1) le meilleur ratio dans l’élite cette saison, et de l’abnégation montrée face au champion de France 2009 après avoir été menés par deux buts d’écart.

Trop loin de Mbolhi en sélection

Avec la très bonne saison dernière d’Oukidja et les multiples approximations de Raïs Mbolhi en club puis en sélection, d’aucuns commençaient à émettre l’idée d’un remplacement au poste de gardien de la sélection nationale. Le leader et vice-capitaine, présent depuis 2010, est un cadre important du vestiaire algérien et n’hésite pas à haranguer le bloc équipe lors des rencontres. Sa relation avec ses défenseurs axiaux (Mandi et Benlamri), construite en 2019 est également un élément important à prendre en compte. Impérial durant les compétitions continentales ou internationales, l’ancien de Rennes l’est beaucoup moins lors des phases de qualification.

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En témoignent ses différentes sorties, au Zimbabwe (2-2), en Zambie (3-3) ou face au Niger (6-1). Bien que l’arbitrage n’ait pas été en faveur des Verts à Lusaka, le portier de 36 ans ne rassure plus dans son jeu au pied et ses sorties aériennes. Arrivé sur la pointe des pieds en sélection, Alexandre Oukidja avait l’opportunité de -peut-être- faire naître le début d’un doute chez Djamel Belmadi et Aziz Bouras quant au poste de numéro 1 en sélection. Malheureusement, à chaque titularisation, l’originaire de Bejaia n’a pas su mettre de côté la traditionnelle pression du nouvel arrivant. Pour sa première rencontre face à la Tunisie (mars 2019), le dernier rempart avait déjà failli se mettre dans une situation très délicate.

Commettant plusieurs erreurs balle au pied, l’ancien du FC Gueugnon aurait pu encaisser un but casquette si Firas Chaouat avait su régler la mire. Néanmoins, les deux sélections d’après se passèrent beaucoup mieux face au Nigéria en amical (1-0) et au Botswana (5-0). Deux rencontres programmées lors de la saison où le Messin était en pleine bourre et où le débat entre lui et Mbolhi semblait prendre un peu de crédit. Déjà en retard dans la course au poste de numéro 1, sa bourde face à la Mauritanie (4-1) et son début de saison très compliqué en club ont réduit ses espérances -si tant est qu’il en avait- en miettes. À l’épilogue de sa carrière, Alexandre Oukidja devra désormais se contenter d’une place de numéro 2. Finalement assez logique pour un joueur qui n’est arrivé en sélection qu’à l’âge de 31 ans.

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