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CAN 1988 : Nigeria–Algérie (1-1, t.a.b. 9-8), au bout du suspense

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La saga des matchs de légende de l’Algérie en Coupe d’Afrique des Nations se poursuit avec un nouvel épisode. Le demi-finale malheureuse de l’Algérie face au Nigeria durant la CAN 1988 qui se disputait au Maroc. A l’approche de la CAN 2021 au Cameroun, La Gazette du Fennec revisite l’histoire.

Les matchs de légende de la CAN

CAN 1988 : Nigeria 1 – Algérie 1 (9 penaltys à 8)

Au bout du suspense

Après une CAN-86 complètement ratée, Rabah Saâdane le sélectionneur de l’époque ayant décidé d’en faire une préparation à la Coupe du monde, les Verts reprennent du poil de la bête en 1988 avec un nouveau sélectionneur, le Russe Rogov et une nouvelle génération de joueurs. Sans vraiment briller, les Belgherbi, Benhalima, feu Kechamli, Ferhaoui, Maâtar et autres Medane et feu Maïche ont réussi à terminer sur le podium. Ils auraient même pu aller au bout.

La fiche technique :

Stade : Complexe Prince Moulay Abdellah de Rabat -Maroc-

Affluence : 45 000 spectateurs

Arbitres : Badara Sené – Sénégal-, Idrissa Traoré -Mali- et Bester Kalombo -Malawi-

Avertissements : Yahi (65’), Bouafia (88’) Algérie ; Adeshina (6’), Omokaro (40’) Nigeria

Expulsion : Adeshina (83’) Nigeria

Buts : Belgherbi (39’ csc) Nigeria ; Maâtar (86’) Algérie

Nigeria :

Rufaï, Eboigbe (Odu 92’), Eguavoen, Omokaro, Uwe, Sofoluwe, Nwosu, Okwaraji, Adeshina, Yekini / Entraîneur : Manfred Höner

Algérie :

Drid, Merzekane (Maïche 73’), Chaïb, Megharia, Belgherbi, Ferhaoui (Bouafia 70’), Maâtar, Belloumi, Yahi, Menad, Medane / Entraîneur : Evgueni Rogov

Le compte rendu de l’époque :

Pour cette demi-finale face au Nigeria, de légères modifications ont été apportées par l’entraîneur. La première concerne la défense, plus précisément les arrières latéraux Merzekane et Chaïb reprenant leurs places aux dépens de Kechamli et de Benhalima. Ce dernier se ressentant d’une blessure contractée devant le Zaïre. C’est le cas aussi de Maïche dont le genou donnait des signes d’inquiétude, mais qui se trouvait tout de même sur le banc de touche. Pour le reste, l’entraîneur n’apporta aucun changement. Menad, comme prévu, occupant les avant-postes.

Lorsque les équipes pénétrèrent sur le terrain, le public s’emballa pour les Verts comme c’était prévisible. Alors qu’une chanteuse fredonnait Daba si daba zidelhoum el issaba. Chant repris en chœur par le public. Le but qu’attendait déjà tout le public.

Léger incident à l’exécution des hymnes nationaux, celui du Nigeria fut quelque peu escamoté alors que les joueurs lançaient des roses au public.

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Première touche pour les Nigérians, première passe pour les Algériens. Applaudissements, mais le premier tir était pour le Nigeria par Sofoluwe que Drid déviait en corner. Un autre suivra, les Nigérians durcissent déjà leur jeu. Ce qui leur coûta un carton jaune dès la sixième minute pour Adeshina. Les Nigérians semblent mieux organisés sur le terrain ne laissant aucun espace libre aux Algériens, mais c’était Yahi qui eut la meilleure occasion. Il tira faiblement sur Rufaï (20’).

Les Algériens paraissent crispés, cherchant toujours leurs marques sur le terrain, et ce qui devait arriver arriva. Sur un tir d’un Nigérian, Belgherbi déviait le ballon dans ses propres filets (39’) alors que la balle allait sortir.

A la reprise aucun changement. Pourtant, les Algériens sur une action de Medane faillirent égaliser, son tir passant à côté. Le petit algérien se dépensait sans compter, mais il était trop isolé. Sur la touche, Maïche se chauffait. Nos joueurs reprenaient du poil de la bête, mais avaient à chaque fois une seconde de retard, l’arbitre les énervant même par ses décisions d’où un avertissement à Yahi. L’Algérie rata une belle occasion lorsque sur coup franc, Belgherbi tirait en force, Rufaï était battu mais le ballon passait juste à côté.

Portés par le public, les Algériens combinaient mieux. Bouafia faisait son entrée à la place de Ferhaoui. Les Algériens se réveillaient enfin, mais il leur manquait cette fraîcheur. Maïche prenait la place de Merzekane. L’entraîneur avait épuisé ses réserves. Sur un centre de Yahi, Belloumi ratait sa reprise, mais c’est Bouafia qui a eu la meilleure occasion seul face à Rufaï, il tirait à côté. Sur le corner tiré par Yahi, Maâtar d’une belle tête égalisait (86’). Dans le stade c’était le délire.

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Aussitôt après, Bouafia débordait, son centre était arrêté par Rufaï. L’Algérie se libérait totalement.

Les prolongations ne donnèrent rien. Nos joueurs évoluant à onze contre dix avant la sortie de Maïche victime d’une agression, n’arrivèrent pas à inscrire le second but libérateur. Les prolongations furent dominées par les camarades de Belloumi qui ratèrent une balle de match par Medane à deux minutes de la fin. Le petit attaquant algérien, épuisé par sa course, tira sur le gardien Rufaï.

Les penalties furent fatals à notre équipe. Les Nigérians furent plus heureux en réussissant un penalty de plus que les nôtres.

Envoyé spécial d’El Moudjahid : Mokhtar CHERGUI

La déclaration :

Lakhdar Belloumi : « Avec une meilleure préparation, on serait allés au bout »

« Durant cette coupe d’Afrique, toutes les équipes se valaient, il n’y avait pas une grande différence de niveau entre les sélections présentes. Encore une fois, nous terminons la Coupe d’Afrique avec des regrets car je pense sincèrement que si on avait réalisé une meilleure préparation, on serait allés au bout. Il y avait tout au sein de cette équipe, des joueurs d’expérience qui ont encadré des jeunes pleins de qualités. Dommage !»

Potins :

  • Issa Hayatou nouveau président de la CAF : le Camerounais Issa Hayatou a été élu jeudi nouveau président de la CAF et promet à l’Algérie une présence plus significative au sein des instances de la CAF. Hayatou venait de remplacer Tessema (1972 – 1987). Personne n’avait prévu que Hayatou allait rester à la tête de la CAF pendant 29 ans et 6 jours.
  • Medane 4e meilleur joueur de la CAN : à l’issue d’un vote ouvert à tous les journalistes accrédités de la CAN-88, Aziz Bouderbala, le Marocain a été sacré meilleur joueur du tournoi suivi des Camerounais Roger Milla et Emmanuel Kundé puis de Hakim Medane alors âgé de 21 ans.
  • Deux Algériens dans les Commissions de la CAF : Issa Hayatou a tenu ses promesses concernant l’Algérie. Non seulement l’organisation de la CAN-1990 a été attribuée à notre pays, mais deux grandes personnalités ont intégré les instances de la CAF, Rachid Mekhloufi à la Commission technique et Belaïd Lacarne à la Commission d’arbitrage.
  • Avec 15 joueurs à Casa : en raison de l’éternel problème de l’indisponibilité des joueurs professionnels, l’Algérie est arrivée à Casablanca avec 15 joueurs. Ali Bouafia (Lyon), Kader Ferhaoui (Montpellier), Rachid Maâtar (Nancy) et Djamel Menad (Nimes) rejoindront le groupe pendant le tournoi. Rabah Madjer (Valence) et Alim Benmabrouk (Racing Paris) n’arriveront jamais.
  • Le Zaïre avec 15 pros : le Zaïre avec 15 joueurs professionnels disposait et de loin du plus fort contingent de joueurs évoluant en Europe durant la CAN-88. Qui aurait cru que quelques années plus tard et grâce aux nouveaux règlements de la FIFA, les sélections africaines allaient compter presque exclusivement sur leurs joueurs expatriés.
  • Maïche l’invité surprise : afin de pallier la défection de Benmabrouk et de Madjer, la FAF a fait appel à Maïche (MCA) et Benabbou (RCR). Si Maïche a été époustouflant durant les deux matchs qu’il a joués (Zaïre et Nigeria), Benabbou a dû refaire ses bagages, il ne faisait tout simplement pas partie de la liste des 40 joueurs présélectionnés.
  • Hommage à Mohand Amokrane Maouche : en marge de la Coupe d’Afrique des nations, la CAF a rendu un hommage posthume au Docteur Mohand Amokrane Maouche, premier président de la FAF. Ce geste hautement symbolique, mais combien significatif, montre la reconnaissance de la CAF à l’œuvre du Dr Maouche.
  • Le geste de Krimau : Krimau, l’avant-centre du Maroc et de Bastia s’est rendu à l’hôtel des Algériens pour les féliciter après leur qualification en demi-finale. « J’aurais tellement voulu marquer un but pour vous libérer de votre angoisse. Ce sera en finale contre vous », a-t-il dit. Malheureusement, ni l’Algérie ni le Maroc ne se sont qualifiés en finale.

L’histoire :

Madjer a-t-il boudé l’équipe nationale ?

L’absence de Rabah Madjer au Maroc alors qu’il a fait partie de la liste des joueurs convoqués par Rogov, a longtemps suscité la polémique voire même quelques explications surréalistes comme par exemple la rébellion de quelques cadres de l’équipe nationale qui ont refusé que Madjer les rejoigne au Maroc.

Pourtant, la présence de Madjer qui jouait au FC Valence était prévue pour le 14 mars soit la veille du deuxième match du premier tour, comme le titrait El Moudjahid avec en sus une confirmation de l’intéressé. Voilà ce que disait Madjer à Redouane Bendali : « De toute façon, le 13 je ne serai pas prêt pour jouer (face à la Côte d’Ivoire) vu que je viens à peine de reprendre les entraînements. En revanche, je prendrais l’avion pour Casablanca le 14 car je tiens à disputer ce match face au Maroc ». Paradoxalement, la suite des déclarations de Madjer laisse planer le doute : « J’ai clairement fait comprendre aux dirigeants de Valence que je tenais absolument à donner le maximum de moi-même en faveur de l’EN dans cette coupe d’Afrique. Par ailleurs, il faut souligner que mes problèmes n’ont toujours pas été réglés comme cela avait été convenu avec la FAF depuis belle lurette. Que de promesses, que de promesses et après on demande à Madjer de faire des sacrifices. »

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Ni Madjer, ni le journaliste ne donnent des détails sur ces promesses non tenues de la FAF. Des années plus tard, les langues se sont déliées et on avait enfin parlé d’un problème de dédouanement d’une voiture, une information qui ne sera jamais confirmée.

Madjer qui ne s’est finalement pas déplacé au Maroc, nous dira une trentaine d’années plus tard que la raison de son indisponibilité était tout simplement une déchirure musculaire contractée lors d’un match Valence – Murcie.

Le mystère reste toutefois entier à cause des déclarations qu’on est allés chercher dans El Moudjahid du 10 mars 1988 et qui contredisent la thèse du vainqueur de la Ligue des Champions 1987.

L’anecdote :

Les trois penalties ratés d’El Gharef

Suite à leur élimination en demi-finale face au Cameroun et au Nigeria, Marocains et Algériens se sont retrouvés bien malgré eux en train d’animer la petite finale. Mais, comme les rencontres entre les deux pays voisins sont toujours très disputées, cela a donné lieu à une belle empoignade qui s’est terminée par un nul 1 à 1.

Le match se déroulait dans le fair-play total jusqu’au premier tir au but d’une série qui allait départager les deux voisins lorsque l’arbitre tanzanien Ally Hafidhi a failli mettre le feu aux poudres ;

Premier tireur marocain, El Gharef s’avance, place son ballon et tir à gauche de Drid qui part du bon côté et stoppe le tir du Marocain. Jugeant que le gardien de but algérien a bougé avant le tir, M. Ally Hafidhi décide de faire retirer le penalty. El Gharef place le ballon sur le point de penalty aidé par l’arbitre, recule de quelques mètres pour ensuite galoper puis tirer cette fois-ci du côté droit de Drid qui anticipe et arrête le ballon. M. Ally Hafidhi persiste et signe puis menace Drid de lui brandir le carton devant l’incompréhension des joueurs algériens qui ont encerclé le referee tanzanien avec véhémence. Le penalty sera tiré pour la troisième fois, mais Drid décide de rester stoïque tel un militaire jusqu’à ce qu’El Gharef touche le ballon en tirant en force… hors du cadre. Drid qui n’a presque pas bougé, a préféré en rire.

Le parcours de l’Algérie :

Le tournoi le plus improbable des Verts

Comme l’avait si bien résumé Lakhdar Belloumi, « cette Coupe d’Afrique est très équilibrée, toutes les équipes pouvaient prétendre à remporter le trophée ». Pendant tous ses matchs au Maroc, l’équipe nationale n’a pas marqué plus d’un but et n’a pas non plus encaissé plus d’un but.

Nul 1 à 1 face à la Côte d’Ivoire, défaite 1 à 0 face au Maroc, victoire 1 à 0 face au Zaïre (actuellement RDC), ça durant le premier tour. Puis 1 à 1 en demi-finale face au Nigeria et élimination lors d’une série interminable de penalties puis à nouveau 1 à 1 en match de classement face au Maroc puis victoire algérienne aux tirs au but également.

Des chiffres qui résument parfaitement le parcours des Verts qui marchaient sur le fil du rasoir flirtant allègrement autant avec une élimination précoce qu’avec la possibilité d’aller au bout.

En effet et à la veille du troisième et dernier match du premier tour, l’Algérie totalisait un seul petit point et avait besoin de battre le Zaïre renforcé par quinze joueurs professionnels pour passer. Ce fut fait à la force du jarret grâce à un but de Kader Ferhaoui, alors milieu de terrain de Montpellier qui inscrivait d’ailleurs son unique but en sélection.

En demi-finale et après un combat de 90 minutes face au Nigeria, les Verts rataient des buts immanquables durant les prolongations avant de tomber après… 22 tirs au but. Belloumi, l’un des meilleurs joueurs sinon le meilleur de l’histoire du football algérien qui a raté le penalty algérien, ne savait pas qu’il participait à sa dernière grande compétition avec l’équipe nationale.

Loin du football :

Visite de Zine El Abidine Ben Ali : Sur invitation du Président Chadli Bendjedid, le Président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sera en visite de travail et d’amitié en Algérie. Cette visite sera l’occasion d’imprimer à la coopération bilatérale un nouvel élan dans le sens d’une complémentarité économique concrète et d’une concertation politique soutenue. N’avez pas l’impression d’avoir toujours lu ça avec changement de noms et de dates ?

Le brent à 13,60 dollars : Le brut se vendait hier à 13,60 le baril sur le marché pétrolier, soit plus de 4 dollars de moins que le prix officiel de l’OPEP. Les prix des produits raffinés se sont également effondrés. « Rien ne va plus ! » titrait El Moudjahid et il n’avait pas tort. Le citoyen algérien ressentait de plus en plus les effets néfastes de la crise économique. Ça a commencé dans les gradins avec des slogans politiques de plus en plus hostiles envers les autorités et ça s’est terminé par les émeutes d’octobre 1988.

Tyson, un phénomène est né : Alors âgé de 21 seulement, Mike Tyson conserve déjà ton titre de champion du monde des poids lourds (titre unifié WBA, WBC et IBF) en foudroyant son compatriote Tony Tubbs au deuxième round d’un match prévu en 12 reprises.

7e festival de la poésie : Le 7e festival Mohamed Laïd Al Khalifa de la poésie a été ouvert à Biskra en présence du secrétaire général de l’Union des écrivains, journalistes et interprètes et de plusieurs personnalités du monde la culture. Avec la prolifération de tout type de moyens de communication, on ne sait pas quelle serait la place de ce genre de festivals de nos jours.

Le témoignage :

Fodil Megharia : « Cette CAN nous a permis de préparer la CAN-90 »

« Durant la CAN-88 nous avons été malchanceux, d’abord en tombant dans le groupe de la mort avec le Maroc, pays organisateur, la Côte d’Ivoire et le Zaïre renforcés par plusieurs joueurs professionnels. Ensuite, lors des demi-finales où nous avions largement les moyens de l’emporter avant d’arriver aux penalties. On était en supériorité numérique et en confiance après l’égalisation de Maâtar, mais une agression sur Maïche restée sans sanction nous a contraints de terminer le match à dix nous aussi. Ceci-dit, cette Coupe d’Afrique au Maroc nous a au moins permis de bien préparer la Coupe d’Afrique en 1990 organisée chez nous puisque plusieurs rescapés de 88 ont joué en 90 avec le résultat que tout le monde connaît. »

>>Revoir les autres épisodes :

CAN 1980 : Algérie-Maroc (1-0), 90+4 Belloumi crucifie le Maroc

CAN 1982 : Algérie–Ghana (2-3, après prolongations), la minute de trop

CAN 1984 : Algérie-Cameroun (0-0, T.A.B. 4 à 5), Zéro défaite, mais éliminés

CAN 1988 : Nigeria–Algérie (1-1, t.a.b. 9-8), au bout du suspense

CAN 1990 : Algérie–Nigeria (1-0), l’étoile est enfin là

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